Plusieurs élèves, principalement des filles, ont été jugés pour leurs actes. Pour avoir détenu et jeté des grenades lacrymogènes dans des salles de classes d’établissements scolaires à Ouagadougou, six élèves provenant de diverses écoles ont comparu ce samedi 27 janvier 2024, devant le Tribunal de grande instance de Ouaga I.

Ces prévenus poursuivis pour mise en danger de la vie d’autrui, sont tous des adolescents dont le plus âgé a 19 ans. Après le mea-culpa de l’ensemble des élèves, dans une atmosphère chargée d’émotions, le tribunal a déclaré les fautifs coupables des faits qui leur sont reprochés.

Tous, en effet, ont reconnu leurs faits à la barre. Les larmes aux yeux et la voix apparemment empreinte de sincérité, ils ont imploré la clémence du juge. « Nous regrettons nos actes et nous n’allons plus jamais les reproduire ». Voilà la substance de leurs derniers mots devant la Cour, pour leur défense.

Les victimes et leurs parents invités à réclamer des dommages et intérêts, s’ils le souhaitaient, ont tous été miséricordieux.

À la clôture des débats, le conseil des prévenus a mentionné : « Comme le dit un adage, les conseils ne conseillent pas. Mais ce sont plutôt les conséquences qui conseillent. Et pour vous, ce sont les conséquences qui vous conseillent aujourd’hui. ».

L’un des prévenus a été condamné à six mois d’emprisonnement et à une amende de 500 000 francs CFA, le tout assorti de sursis ; et les autres ont écopé de trois mois d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 francs CFA, le tout également assorti de sursis.

« En tant que civil, vous n’avez pas le droit de détenir des grenades lacrymogènes, encore moins de les jeter », Pascal Ouédraogo, avocat à la Cour, conseil des prévenus.

Pour Pascal Ouédraogo, avocat à la Cour, le verdict est tout à fait conforme et clément. « Le tribunal ne pouvait que condamner ces actes. Parce que les faits ne sont pas contestés. Donc, pour nous, l’intérêt de ce procès était surtout de conscientiser les enfants, constituant en la matière une pédagogie. Et personnellement, l’objectif pour moi était d’obtenir le sursis à leur profit. Ce qui a été atteint », a-t-il indiqué.

Joachim Bonkoungou, père d’une des victimes, a affirmé lors du procès : « Nous voulons certes pardonner, mais nous souhaitons que ce genre de pratique cesse dans les écoles. » Monsieur Bonkoungou a réclamé que lui soit remboursés les frais d’ordonnances dont il avait pris la charge.

« Nous demandons aux autorités de s’investir davantage pour taire les sources d’approvisionnement de ces grenades lacrymogènes », Joachim Bonkoungou, père d’une des victimes.

Le juge, tout comme le procureur, ont invité les parents d’élèves présents à l’audience à davantage s’engager dans le suivi de leurs enfants en vue de leur offrir une meilleure éducation et éviter que telle situation ne se reproduise. « Vous voyez que vous étiez vous-mêmes en danger par la détention de ces grenades par vos enfants dans vos maisons. Ne vous lassez donc pas de fouiller dans leurs sacs pour vous assurer qu’ils ne possèdent pas d’objets dangereux et surtout défendus », ont-ils exhorté.

Le tribunal a souligné que la défense a quinze jours pour faire appel. Aux élèves, leur message a été clair : s’ils récidivent, aucune pitié ne leur sera accordée.

Ce procès soulève par ailleurs des questions plus larges sur la gestion des écoles et la prévention des actes répréhensibles. Les autorités éducatives, les parents et les responsables politiques sont appelés à réfléchir à des mesures visant à prévenir de tels incidents à l’avenir, et à promouvoir un environnement éducatif sûr.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

Source: LeFaso.net