L’Assemblée nationale de transition (ALT) du Burkina Faso a adopté une révision constitutionnelle établissant l’anglais et le français comme langues de travail et attribuant un statut officiel aux langues nationales. Pour mieux comprendre l’importance de cette décision Lefaso.net est allé à la rencontre de quelques spécialistes dans le domaine des langues nationales ! Lisez plutôt !
Dr Gérard Kédrébéogo directeur de recherche en linguistique et ancien directeur de l’Institut des sciences et sociétés
« La décision du gouvernement d’officialiser les langues nationales est une très bonne décision. Je pense qu’avec les langues nationales, le Burkina pourra trouver sa propre voie vers le développement endogène. On dit que le développement endogène n’a pas d’alternative. Je crois qu’après cette décision, il appartient au gouvernement de mettre en place une équipe de techniciens, de chercheurs, de linguistes compétents. Maintenant que la décision est prise, les linguistes sont motivés pour que dans deux ou trois ans, on ait tout planifié pour avancer vers l’utilisation intensive des langues nationales à différents niveaux de notre système institutionnel ».
- Dr Gérard Kedrébéogo directeur de recherche en linguistique et ancien directeur de l’ INSS
Dr Edwige Traoré, cheffe de département de linguistique et langue nationale au sein de l’Institut des sciences et sociétés
« C’est une bonne chose que le gouvernement ait décidé d’officialiser les langues nationales, mais il faut que ce soit fait par étapes. Les langues nationales sont importantes et plus de la moitié des Burkinabè ne parle que dans leurs langues. Faire cohabiter les langues nationales avec la langue française comme langue de travail est une bonne chose. Il était temps d’officialiser ces langues pour permettre aux gens de se sentir bien. Pour une première expérience, nous ne pouvons pas prendre toutes les langues. On peut partir des langues à grandes audiences et, petit à petit, arriver jusqu’aux langues minoritaires ».
- Dr Edwige Traoré cheffe de département de linguistique et langue nationale au sein de l’institut des sciences et sociétés
Dr Guiré, Inoussa linguiste
« Nous sommes ravis et enfin soulagés que cette décision soit prise parce que tous nos travaux portent sur des langues. Nous connaissons la valeur des langues pour le développement d’un pays, mais il n’est pas donné à tout le monde de voir les langues dans ce sens. Nous attendions tous cette décision et nous avons été soulagés quand il y’a eu les votes de loi portant officialisation des langues. C’est une décision qui vient couronner nos attentes. C’est une étape d’abord. Que les politiques décident et ensuite les linguistes et l’ensemble des acteurs vont travailler à ce que ce soit une réalité. En Afrique, il y’a d’autres pays comme l’Algérie où actuellement le français n’est pas une langue officielle ».
- Dr Guiré Inoussa linguiste
Mamadou Lamine Sanogo, directeur de recherche à l’Institut des sciences et sociétés
« L’officialisation des langues nationales est à priori une bonne chose parce que c’est un combat que nous avons mené de longue date. L’objectif pour nous était de faire en sorte que les langues nationales puissent participer au développement réel du Burkina Faso. Si l’officialisation a été prise dans ce sens, nous ne pouvons que nous féliciter. Mais si on a officialisé juste parce qu’on a un combat à mener contre quelqu’un, je pense que cela n’est pas notre objectif mais toujours est-il que nous ne pouvons que vraiment apprécier cette mesure de promotion des langues nationales ».
- Mamadou Lamine Sanogo directeur de recherche à l’institut des sciences et sociétés
Propos recueillis par Carine Daramkoum
Crédit photo : Bonaventure Paré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents