À l’aube de la nouvelle année 2024, nous avons tendu notre micro a quelques citoyens pour leur demander de dresser le bilan de 2023. De la sécurité à la gouvernance, en passant par la liberté d’expression, nos interlocuteurs ont été sans langue de bois.
Résidente du quartier Patte-d’oie, à Ouagadougou, Faouziatou Kabré estime que l’année 2023 a été particulièrement difficile pour tous les Burkinabè. « Personnellement, je pense que cette année, rien n’a vraiment changé dans la lutte contre le terrorisme. On constate que les gens continuent de fuir les localités. Moi-même mon village a été déguerpi cette année. Donc je ne peux pas dire que ça avance sur le plan sécuritaire. Sur le plan de la gouvernance, je n’ai pas constaté de changement », a indiqué l’étudiante.
Concernant la liberté d’expression, la jeune dame croit que « le pays est tombé très bas ». « On chante le nom de Norbert Zongo et on est contre la liberté d’expression. On critique pour que les choses s’améliorent. Tant que les gens ne vont pas accepter les critiques, il sera difficile pour nous de nous en sortir », a martelé madame Kabré.
- Fozïa Ouattara
Contrairement à Faouziatou, Faiza Ouattara trouve qu’au niveau de la gouvernance, il y a une amélioration. « Je pense que ces derniers mois, comparativement à l’année dernière, beaucoup de choses ont changé. Aussi, nous aspirons à un Burkina libre. Si on se penche sur le plan de l’emploi, on remarque un grand changement : il y a des créations d’emplois pour les jeunes et si cela va continuer comme ça, je pense que le chômage finir. Sur la question sécuritaire, on remarque qu’il y a un travail qui se fait tous les jours et cela est à féliciter. Par rapport à l’année dernière, on remarque qu’il y a eu un changement. Nous sommes contents du travail de nos forces combattantes. J’ai vécu pendant trois ans dans une zone d’insécurité. Mais aujourd’hui je peux dire que ça va », a dit le jeune homme.
Le carreleur Saïdou Dino trouve que sur le plan sécuritaire, beaucoup reste à faire. « Je pense que sur le plan de la sécurité, ce n’est vraiment pas encore gagné. Notre travail nous amène dans des zones éloignées. Par exemple, si tu gagnes un chantier hors de la ville, c’est très difficile de se déplacer pour aller, alors que c’est dans cela que nous gagnons nos revenus pour nourrir nos familles. Depuis l’année dernière, c’est vraiment la misère. Côté gouvernance, je pense que le président fait de son mieux, mais ce n’est toujours pas arrivé. Nous prions Dieu pour qu’il puisse aider le gouvernement à lutter pour ramener la sécurité dans le pays. Sinon pour le moment, ce n’est pas du tout intéressant », a-t-il confié.
- Kevin Fousseni, marketeur de formation
Pour Fousseni Kévin, la situation sécuritaire a connu une amélioration. « Nous constatons tous les jours dans les médias que l’armée a pris le dessus sur les terroristes. Concernant la gouvernance, je peux dire que nous assistons à une bonne gouvernance, car ce n’est pas une gouvernance dirigée ou manipulée comme les gouvernances antérieures. Cette gouvernance est celle qui répond aux normes de la société. Ensuite, nous remarquons que cette gouvernance a développé le secteur industriel et celui de l’agriculture malgré le terrorisme », a indiqué l’étudiant.
- Luc Tiendrebeogo, étudiant en première année de droit
Et d’ajouter : « La liberté d’expression est une bonne chose mais pas une raison de dénigrer autrui. Nous prenons l’exemple des réseaux sociaux où des personnes se permettent de porter des paroles blessantes à l’égard des soldats ou de l’autorité. Je pense que c’est dû à cela que le président de la Transition a fait des réquisitions de certains individus pour qu’ils puissent comprendre les réalités que les soldats vivent au front. La liberté d’expression est bien mais on doit savoir se réserver. »
Étudiant en première année en droit à l’université Thomas-Sankara, Luc Tiendrébéogo pense que la situation sécuritaire n’a pas changé. Aussi, il dit constater « des violences fréquentes faites aux citoyens ». Pour lui, ces agissements peuvent fragiliser davantage la paix et la cohésion sociale.
Rama Diallo
Salimatou Tianabou (stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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