Invité à participer au Café littéraire du Faso (CALIFA) le mardi 21 novembre 2023, l’ancien ministre en charge de la culture, Abdoul Karim Sango, auteur du livre « Pour la culture, je plaide », a partagé son expérience sur la dépolitisation de l’administration au cours des échanges avec son auditoire.
Il a été le ministre de la culture, des arts et du tourisme sous le président Roch Kaboré de janvier 2018 à janvier 2021. Connu pour son franc-parler, il a été un véritable critique du pouvoir de Blaise Compaoré. Une fois ministre, il a exercé par l’exemplarité, a-t-il fait savoir.
En tant que le président du PAREN (Parti pour la renaissance nationale), Abdoul Karim Sango est revenu sur son passage à la tête du ministère de la Culture, des arts et du tourisme. « J’ai été nommé ministre par un parti politique mais je n’ai changé aucun collaborateur. Je n’ai placé aucun membre de mon parti à un poste de responsabilité », a-t-il témoigné.
Pour lui, il s’agit de la dépolitisation de l’administration. S’il nomme ses partisans à des postes de responsabilité durant sa gestion, quand il ne sera plus ministre, son successeur va composer une autre équipe donc ce sera un éternel recommencement, a-t-il expliqué. Abdoul Karim Sango est convaincu qu’il faut miser sur la compétence, peu importe le bord politique, car c’est le pays qui en sortira gagnant.
De la diversité des opinions…
A titre illustratif, il a pris un exemple le concernant avec Apollinaire Soungalo Ouattara, co-animateur de ce Café littéraire du Faso. « Soungalo et moi, nous étions liés et les gens ne savent pas pourquoi. J’ai beaucoup de respect, beaucoup d’admiration pour lui. J’étais enseignant à l’ENAM et j’avais un problème de carrière. Je faisais partie de ceux qui critiquaient le pouvoir du président Blaise Compaoré. Un jour, il m’a appelé dans son bureau et il me dit qu’il a appris que j’ai des problèmes à l’ENAM. Ce n’est pas normal », a-t-il présenté.
A cette rencontre, Apollinaire Soungalo Ouattara, qui était le président de l’Assemblée nationale sous la bannière du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, parti au pouvoir), lui a fait une confidence. « Je sais que tu n’es pas d’accord avec nous mais tu es un jeune ; on doit t’aider », a-t-il confié.
« On ne se connaissait presque pas. C’est ça en fait la politique avec l’intelligence. Il m’a dit : Sango, je vais résoudre ton problème. C’est ça la diversité des opinions, c’est ça qui fait la beauté d’une société. Quand une société est intelligente, ce n’est pas là où tout le monde pense de la même façon. Si vous avez une seule façon de penser, vous allez obliger les gens à dire exactement ce que vous pensez », a-t-il développé.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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