« Affairage » est une émission interactive diffusée du lundi au vendredi sur les antennes de la radio Ouaga FM. L’émission est entièrement consacrée aux auditeurs qui y portent des préoccupations importantes et dignes d’intérêt pour permettre des changements positifs. Lefaso.net s’est invité dans les coulisses de cette émission populaire. Lisez plutôt !

Mise en onde en 2007, l’émission interactive de Ouaga FM, “Affairage” est entièrement consacrée aux auditeurs. Comme son nom l’indique, c’est une émission qui s’affaire sur le quotidien des citoyens, sur le bon ou le mauvais fonctionnement de l’administration publique et bien d’autres sujets de société. Depuis sa création, elle a connu bon nombre d’animateurs. Salif Kaboré, directeur des rédactions de Ouaga FM en est l’actuel animateur. Cet averti de la radio anime l’émission depuis un peu plus de trois ans. C’est dans les locaux de la « Radio de toutes les générations » qu’il nous a accueilli pour nous parler de son émission.

Dans son récit de la genèse de l’émission « Affairage », il nous explique que le promoteur de la radio avait envie d’innover à travers ses programmes. « A cette époque, il n’existait pas beaucoup de canaux de ce genre pour porter haut les préoccupations des gens. Il y avait pourtant des besoins au niveau des populations avec des gaps et des frustrations. Beaucoup de personnes vivaient une injustice mais n’avaient pas de canaux pour exprimer leurs besoins », raconte-t-il. Alors en 2007, les responsables de la radio prennent le temps d’avertir les autorités du projet avant de se lancer. Ils écrivent une lettre d’explication du contenu de l’émission au Premier ministre de l’époque Tertius Zongo. Ce dernier répond favorablement en les invitant à prendre des dispositions pour éviter les dérapages dans le déroulement de l’émission. C’est ainsi que commence l’aventure « Affairage » sur Ouaga FM.

Salif Kaboré, directeur des rédactions de Ouaga FM et animateur de l’émission Affairage

Une émission rigoureuse sur le fond et la forme

Afin de faire un suivi, tous les appels sont répertoriés dans un cahier tous les matins pendant l’émission. Les numéros sont systématiquement relevés avant de porter les appels sur l’antenne. « C’est une fois le numéro relevé que nous passons l’auditeur à l’antenne », explique l’animateur. Ce processus, permet de contacter l’auditeur en cas de besoin. « Si par exemple la police ou la gendarmerie sont interpellées, elles auront besoin de plus d’informations pour agir sur le terrain. Et là, en accord avec l’appelant, nous pouvons transmettre le contact qui a été noté dans le registre », souligne-t-il.

Pour cette émission qui dure 30 minutes, une quinzaine d’appels est reçue en moyenne. Le temps étant assez court, l’animateur travaille à ce que les auditeurs synthétisent leurs préoccupations. « Il y a beaucoup de plaintes chez les populations et les gens demandent que l’on puisse augmenter le temps de l’émission », révèle Salif Kaboré.


Des auditeurs fidèles et réguliers

Ce qu’il faut relever sur le profil des appelants de « Affairage », c’est qu’ils sont fidèles et réguliers à l’émission. Ceux que nous avons pu joindre par téléphone nous affirment qu’ils écoutent cette émission depuis belle lurette. C’est le cas de Daouda Savadogo, particulier dans le secteur du BTP qui suit cette émission depuis la création de la radio. « J’ai toujours été quelqu’un qui intervient dans les radios internationales avant même que les émissions interactives ne naissent au Burkina. Ce qui me motive à intervenir, c’est le fait que les animateurs soient très sérieux. Ce sont presque des éducateurs parce que souvent, nous dérapons mais ils nous recadrent. En plus, c’est une forme de baromètre social », explique l’auditeur.

Pour lui qui a maintes fois appelé, il trouve que c’est le meilleur moyen de toucher les personnes habilitées à résoudre des situations. Il fait ressortir une pile de problèmes qu’il a exposés et dont il se sent fier d’avoir participé à les résoudre par le biais de l’émission. « J’ai vu beaucoup de changements suite à mes interpellations. Par exemple, au niveau de la prison civile de Ouagadougou, quand on partait voir un proche, nous étions obligés d’être debouts, sans hangar ni chaises. Lorsque j’ai appelé, le surlendemain, ils ont mis un hangar et des chaises. Il y a pas mal de problèmes que j’ai dénoncés qui ont été réglés. L’ONEA m’a transféré un numéro spécial grâce à Ouaga FM pour être un relais en cas de besoin. »

Daouda Savadogo, fidèle auditeur de l’émission depuis 2007

Dame Judith Ouédraogo/Bambara, elle aussi fidèle à l’émission depuis ses débuts, trouve que c’est un canal pratique pour se faire entendre. Elle indique qu’au début, elle préférait plutôt envoyer des mails pour exprimer ses préoccupations. C’est avec le temps qu’elle a opté pour le téléphone. « Quand on observe la société, il y a beaucoup à faire mais l’autorité ne peut pas nous accompagner si elle n’est pas au parfum de nos difficultés » a-t-elle dit. Lire la suite

Source: LeFaso.net