Sacré champion du monde le 21 août 2023 à Budapest, en Hongrie, le triple sauteur burkinabè Hugues Fabrice Zango est rentré au pays dans l’après-midi du samedi 23 septembre 2023. Il a été accueilli à l’aéroport international de Ouagadougou par les autorités en charge du sport et un public sportif sorti pour rendre hommage au médaillé d’or en triple saut lors des derniers Championnats du monde d’athlétisme. Plus tard dans la soirée de ce même jour, il a convoqué la presse pour parler de sa carrière, notamment des Jeux olympiques de Paris 2024.
Accueilli en triomphe à son arrivée par une délégation du ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, et une foule de supporteurs, Hugues Fabrice Zango a eu droit à une parade, de l’aéroport jusqu’à son hôtel, en passant par la Place de la nation. C’est sous une forte escorte policière et dans une ambiance de klaxons et de sifflets du public que le champion du monde de triple saut et premier médaillé olympique du Burkina Faso a été célébré.
Le secrétaire général du ministère des Sports, Loé Adama Traoré, a, au nom des plus hautes autorités du pays, souhaité la bienvenue à Hugues Fabrice Zango. « Nous sommes là pour accueillir notre fierté nationale, notre champion du monde Hugues Fabrice Zango. Je suis là au nom du ministre des Sports et avec une forte délégation composée des membres du ministère des Sports, des leaders du monde sportif, pour accueillir solennellement notre champion du monde. Au nom des plus hautes autorités du pays, nous lui disons merci parce qu’il a posé un acte historique ; il a engrangé des résultats historiques pour notre pays avec ce titre de champion du monde en triple saut », a-t-il lancé.
- Hugues Fabrice Zango lors de la parade dans la ville.
De son côté, le colonel-major à la retraie Komyaba Pascal Sawadogo, ancien athlète et ancien président de la Fédération burkinabè d’athlétisme, a d’abord rendu hommage à Frédéric Sidibé, président de la Fédération burkinabè d’athlétisme décédé il y a quelques semaines, avant de féliciter Hugues Fabrice Zango pour ce sacre. « Nous avons connu Hugues Fabrice Zango à ses débuts au stade, et il a eu beaucoup de soutiens d’abord au niveau de ses parents que je voyais souvent au stade. Ça compte beaucoup et c’est le premier soutien de toute personne, parce que, comme on le dit souvent, quand tu as la bénédiction de tes parents, tu réussis toujours. C’est le cas de Hugues Fabrice Zango », a-t-il déclaré.
Le colonel-major Sawadogo a terminé en invitant la jeunesse à suivre l’exemple de Hugues Fabrice Zango car, dit-il, « c’est une voie pour la santé et le succès dans la vie ».
Le champion du monde, à son tour, a salué l’État burkinabè pour son investissement constant qui lui a permis d’atteindre ce niveau de performance. Il a aussi salué la mobilisation des supporters burkinabè, sans oublier le ministère des Sports pour son accompagnement depuis 2019. Il n’a pas oublié de rendre hommage aux Forces de défense et de sécurité, aux Volontaires pour la défense de la patrie et au défunt président de la Fédération burkinabè d’athlétisme.
- Le présidium lors de la conférence de presse.
« Mes premiers mots, ce sont des mots de joie mais je suis un peu triste avec la disparition du président de la fédération. Les résultats que nous avons engrangés sont en quelque sorte un héritage de tout son travail. Donc je pense que nous devons nous réjouir sans modération parce que nous avons pu réaliser un de ses rêves les plus fous, c’est-à-dire remporter un titre mondial. C’est vrai qu’il n’est plus là, mais nous devons nous réjouir de ce succès. Je suis très content et fier d’avoir réalisé une performance qui m’a valu une médaille d’or aux championnats du monde. Vous savez, on peut être performant et ne jamais gagner ; il y a énormément de personnes qui ratent un championnat du monde pour un rien. Gagner un championnat du monde, il faut cocher beaucoup de cages ; il faut être en bonne santé, bien mentalement. J’ai pu profiter de cela grâce au soutien de l’Etat burkinabè depuis 2019, de la fédération qui m’engage dans tous les meetings, du peuple burkinabè, de mes sponsors », a confié Hugues Fabrice Zango.
« Je suis content de finalement vous montrer que le projet ou le rêve que j’ambitionnais depuis 2019 est devenu une réalité. On est passé par plusieurs chemins, on n’a pas pris de raccourcis. J’ai commencé par un rien, ensuite le bronze, l’argent et maintenant l’or. Cela montre qu’il y a une progression dans la couleur des médailles et la régularité de la performance au très haut niveau. On doit donc se réjouir d’être compétitif depuis 4, 5 ans sur la scène internationale. C’est aussi une invite à la jeunesse qui se bat en ce moment contre les difficultés inimaginables que c’est possible de rêver grand. Quel que soit d’où l’on vient, on peut rêver et atteindre le haut niveau. Je suis extrêmement content quand je vois des soldats qui m’expriment leur joie, qui sont plus motivés à défendre la patrie quand je remporte des médailles », a poursuivi le champion.
- Hugues Fabrice Zango présentant sa médaille d’or mondiale aux journalistes.
49 millions de F CFA pour la préparation
Après le bain de foule, le champion du monde a rencontré la presse pour présenter sa médaille et parler de ses projets. Prenant d’abord la parole lors, le directeur technique national, Missiri Sawadogo, a assuré que malgré les moyens modestes mobilisés pour sa préparation, Hugues Fabrice Zango a réussi cette prouesse. Au total, 49 millions de F CFA ont été mobilisés pour la préparation de l’athlète, avec à la clé cette médaille d’or mondiale, contrairement à certains pays comme la France, le Nigeria ou la Côte d’Ivoire qui ont mobilisé des centaines de millions pour très de peu médailles ou rien du tout. Une médaille d’or vaut 70 000 dollars, soit environ 43 millions de F CFA.
« Je suis désormais champion du monde à vie »
« Je suis champion du monde et je le suis à vie désormais », a introduit Hugues Fabrice Zango face à la presse. Comme perspective immédiate, le champion vise l’or aux Jeux olympiques de Paris 2024. Il dit se préparer sereinement pour ce rendez-vous qui, selon lui, sera ses derniers Jeux olympiques. « Ce qui fera la différence, c’est la forme et nous nous préparons pour ça. Je sais étudier et savoir quelle stratégie utiliser face à un tel adversaire », précise-t-il.
- A gauche, Missiri Sawadogo, directeur technique national de la Fédération burkinabè d’athlétisme.
Hugues Fabrice Zango s’est attardé aussi sur la crise diplomatique entre la France et le Burkina, et sur un éventuel problème de visa pour les athlètes burkinabè en perspective des Jeux olympiques de Paris 2024. « Les relations diplomatiques ne touchent pas les relations personnelles et interpersonnelles. Je n’ai pas de problème malgré cette crise diplomatique entre le Burkina Faso et la France. Peut-être pour les supporters et les journalistes, sinon il n’y aura pas de problème pour les athlètes », rassure-t-il.
Pour lui, ce qui peut le toucher et impacter sa performance, ce sont les problèmes familiaux ou ceux du pays. « Les relations familiales sont très importantes dans la préparation. Les messages de la famille m’apaisent », indique-t-il.
Sur les problèmes d’infrastructures, Hugues Fabrice Zango trouve déconcertant et très triste de ne pas avoir un stade au pays pour s’entraîner. Et selon lui, cela pourrait casser l’élan et la motivation suscités auprès des jeunes par ses différents résultats.
En perspectives des Jeux olympiques, Hugues Fabrice Zango veut mettre en place un projet pour accompagner les jeunes.
- La foule a accompagné l’athlète jusqu’à son hôtel.
Il s’agit d’une initiative dénommée « Caravane des Jeux olympiques » qui devrait se dérouler entre janvier et juin 2024 à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou. Les cibles sont les écoles, les collèges, les lycées et les universités. Des maillots avec des messages de sensibilisation seront mis en vente, et les recettes serviront à financer la relève sportive, selon Hugues Fabrice Zango.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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