Salif Traoré, alias Iplo, est de la première promotion de Planet Champion International avec les Ousséni Zongo, Aziz Nikièma, Wilfried Sanou et autres. A 15 ans, il est sélectionné en équipe nationale cadette et participe aux éliminatoires de deux CAN cadettes. Pour des raisons inconnues, il n’est pas retenu pour la compétition finale en Guinée en 1999. Après cette mésaventure, il joue pour le CFO, le RCK et l’USY avant d’arrêter sa carrière en 2015. Malgré son talent inné, le destin lui a réservé une autre trajectoire. Depuis lors, il est assureur et directeur sportif de l’Académie football Panandé (AFP) de l’ex international Saïdou Mady Panandetiguiri. Portrait !

Il était parmi ces gamins qui jonglaient le ballon à l’ouverture de la CAN 1998, au stade du 4-Août de Ouagadougou, avec le maillot du Mozambique. Entre Salif Traoré et le football, c’est une histoire d’amour qui date de sa tendre enfance. Papa, oncles, grands frères, cousins, tous ont tapé dans le ballon et de la plus belle des manières. Salif Traoré est de la première promotion du centre de formation de football Planet Champion International, troisième sur les 25 recrues.

Il joue des deux pieds si bien qu’il est souvent utilisé à Planet Champion, par Pihouri Wébonga et Jacques Yaméogo, comme milieu droit, milieu gauche ou comme un 10, en appui de l’attaquant. Il détient jusqu’à présent le record de jonglerie du pied droit au Burkina Faso pour avoir jonglé le ballon 10 716 fois en 2h16mn. Il a même frôlé des pépins musculaires suite à cela. Mais avant d’y être sélectionné, il raconte : « Je suis allé à l’école très jeune à cinq ans. Déjà au CE1, je participais à l’Organisation du sport à l’école primaire (OSEP) avec les aînés, mon maillot telle une robe. J’étais chouchouté, intouchable », raconte-il.

Les jongleurs en lever de rideau de la CAN 1998 (Salif Traoré, 2e à partir de la gauche)

Salif Traoré, alias Iplo, est née un certain 2 avril 1980 à Ouahigouya, la cité de Naba Kango, au nord du Burkina. Issu d’une famille polygame, El Hadj Salif Traoré (ndlr, il a fait le pèlerinage à la Mecque en 2012) est septième fils de son père et quatrième de sa maman. Au Lycée Yamwaya où il fait ses pas de collégien, il fait la rencontre de Séraphin Dargani. Un monsieur bien connu dans le milieu du football burkinabè. Ensuite David Yaméogo, au Lycée Yadéga de Ouahigouya. Son passage dans les deux plus grands lycées de Ouahigouya restera dans les mémoires de ses contemporains sur le plan footballistique. Il est le principal artisan qui a conduit son lycée en demie finale de l’Union des sports scolaires et universitaires du Burkina Faso (USSU-BF) à Koudougou en 1995. David Yaméogo est séduit et favorise sa sélection à l’équipe nationale cadette, à 15 ans. Son plus grand rêve vient de se réaliser.

Etalons cadet, de beaux moments !

« A l’équipe nationale, j’ai la chance de côtoyer des joueurs comme Omar Barro, Mamadou Zongo dit Bébéto, Tidiane Tall, Issa Balboné, Patrick Zoundi, Narcisse Yaméogo, Boureima Maïga, etc. Le coach à l’époque était feu Emmanuel Koala. Nous avons participé au tournoi de la Radio France internationale où le Burkina Faso est sorti victorieux en Afrique de l’Ouest. Cela nous a conduits en France où on a croisé les crampons avec les cadets du Paris Saint Germain (PSG) au Camp des Loges. Georges Weah (Ndlr : seul ballon d’or africain, actuel président du Libéria), Pascal Nouma, Bernard Lama étaient toujours au club. Que de bons moments », se rappelle-t-il.

L’équipe de Planet Champion au tournoi Coope coupe

L’aventure continue pour Salif Traoré. La même année, il participe aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations, catégorie cadette prévue pour se jouer au Botswana. L’équipe fait une bonne prestation. Elle sort l’Algérie au premier tour avant d’être stoppée au second tour par les « Blacks stars » du Ghana. Titulaire indiscutable du fait de sa polyvalence, il enchaîne les bonnes prestations avec les Etalons cadets. Il est rappelé dans le groupe pour participer aux éliminatoires de la CAN cadette en Guinée en 1999. L’équipe s’est qualifiée en battant l’Algérie (0-4), à Alger, à l’aller et (2-0), à Ouagadougou, au retour. Contre les « Pharaons » d’Égypte, Iplo et ses coéquipiers font 0-0. « J’ai été écarté pour les phases finales par un gros tissu de mensonges juste pour donner ma place à quelqu’un d’autre. Depuis lors, je hais l’injustice, même exercée sur un inconnu », fulmine-t-il.

De footballeur à assureur

Avec Planet champion, il joue et remporte la « Coope coup » face aux éperviers du Togo, conduits par Adébayor. Une compétition organisée par la Coopération française en Afrique et aux Caraïbes à l’époque. « Ce titre nous a permis d’aller terminer le tournoi en France et de vivre la Coupe du monde en live. J’ai toujours en mémoire les matchs Nigeria vs Espagne, au Parc des Princes ; Cameroun vs Chili, à Nantes ; Tunisie vs Roumanie, à Lens ; USA vs Yougoslavie, à Metz et les quarts de finals France vs Paraguay, au stade de France. Nous avons également participé à un tournoi à Romans (France). Des équipes comme l’Ajax d’Amsterdam, Nantes, AJ Auxerre, Renne, etc. les meilleurs centres de formation en Europe, y ont pris part. On est arrivé jusqu’en finale et perdu contre Ajax aux tirs aux buts, 3-4 », a-t-il conté.

Salif Traoré se rappelle encore de son but marqué sur une reprise de volée des 30 mètres contre l’Algérie à l’issue d’un corner au Stade Issoufou Conombo de Ouagadougou. C’est d’ailleurs un de ses plus beaux souvenirs. Il a aussi dans un coin de la tête, sa rencontre avec feu Salif Keita Domingo, sa première fois de fouler les « Parcs des Princes », etc. Par contre, sa non sélection pour la CAN en Guinée reste au travers de la gorge de l’ex pensionnaire de Planet Champion parce qu’il a joué les premiers rôles pour la qualification de l’équipe. Il n’oublie pas aussi ses tests avortés à Feyenoord Rotterdam, puis à Metz et ensuite à Venise.

Salif Traoré dans son bureau d’assurance

Cette étape douloureuse passée, Iplo a évolué dans le championnat national, notamment au CFO, au Rail club de Kadiogo (RCK) et à l’Union sportive du Yatenga (USY). « J’ai arrêté en 2015 après la descente de l’USY. Le football m’a permis de voyager sur les cinq continents, de tisser des relations. J’ai des facilités partout où je vais à cause du football. Beaucoup de portes s’ouvrent pour moi », a-t-il reconnu.

El Hadj Salif Traoré s’est reconverti dans l’assurance. Il est le représentant d’une société assurance de la place dans la région du Nord. Parallèlement, il est le directeur sportif de l’Académie football Panandé de l’ex international Saïdou Mady Panandetiguiri. Il compte s’investir pour aider l’Académie de son frère à grandir pour que les gamins de la région et du Burkina Faso puissent réaliser leurs rêves : celui d’intégrer le monde professionnel en Europe et partout dans le monde.

Obissa Juste Mien

Lefaso.net

Source: LeFaso.net