Les députés de l’Assemblée législative de transition (ALT) se sont réunis en séance plénière ce vendredi 15 septembre 2023 pour examiner trois questions orales avec débat. L’une de ces questions a été posée par le député Salif Yada et adressée au ministre du développement industriel, du commerce de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises, Serge Poda. Il s’agit de la consommation abusive de stupéfiants et de boissons frelatées alcoolisées par les jeunes ainsi que la nécessité d’actualiser la règlementation de l’importation et de la commercialisation de ces produits.

La séance de ce vendredi 15 septembre 2023 a été présidée par le président de l’ALT, Dr Ousmane Bougouma. Trois questions orales avec débat étaient à l’ordre du jour de cette plénière. Il s’agit premièrement de la question relative au dispositif envisagé pour renforcer le système de sécurité incendie dans l’administration publique et les mesures urgentes à mettre en œuvre en cette période de saison des pluies pour contrer les effets des éventuelles inondations.

Les membres du gouvernement convoqués pour la séance plénière du jour

La deuxième question est relative à l’état du processus d’élaboration de l’étude nationale prospective de long terme Burkina 2050 et sa mise en œuvre par les gouvernements antérieurs et actuels. La troisième et dernière question du jour concerne la consommation abusive de stupéfiants et de boissons frelatées alcoolisées par les jeunes ainsi que la nécessité d’actualiser la règlementation de l’importation et de la commercialisation de ces produits.

La première question était adressée au ministres de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Emile Zerbo. La deuxième question était adressée au ministre de l’économie, des finances et de la prospective, représenté par la ministre déléguée chargée du budget, Fatoumata Bako/Traoré.

Dans ses réponses sur la question relative à la consommation abusive de stupéfiants et de boissons frelatées alcoolisées par les jeunes ainsi que la nécessité d’actualiser la règlementation de l’importation et de la commercialisation de ces produits, le ministre Serge Poda a rappelé les mesures déjà prises par le gouvernement pour lutter contre la prolifération de ces types de boissons. Il s’est aussi attardé sur les perspectives pour une règlementation complète du secteur.

Parmi ces mesures, on note des arrêtés pris en 2019 et 2021 pour règlementer la production, l’importation, la commercialisation de ces boissons dont « la consommation abusive est préjudiciable à la santé du consommateur surtout sa franche jeune ». « Dans le cadre de la lutte contre la prolifération de certains types de boissons dites ‘’frelatées » énergisantes à fort taux d’alcool, très souvent de mauvaise qualité, le gouvernement depuis 2019 et sous l’impulsion de mon département et en collaboration avec les autres départements ministériels concernés en l’occurrence celui en charge de la sécurité, de la santé et de l’économie, a procédé à l’élaboration de textes règlementaires dans le but de faire face à ce phénomène », a déclaré Serge Poda.

Serge Poda a rassuré que malgré les pressions d’ordre politique et économique, le prochain texte sera très clair, très simple et efficace

Comme arrêté, il y a eu l’arrêté interministériel n°2019-0345/MCIA/MS/MATDS du 19 septembre 2019 portant interdiction de production, d’importation, de commercialisation, de détention et d’offre à titre gratuit de liqueurs et autres boissons spiritueuses. Il s’agit notamment des boissons frelatées couramment appelées « Koutoukou, Quimapousse ».

La prise de cet arrêté a permis aux services de contrôle d’avoir une base légale pour lutter contre le phénomène, selon les explications de Serge Poda. Selon le ministre en charge du commerce, de 2019 à 2023, 2 250 importateurs, grossistes et détaillants ont été contrôlés. Ces contrôles ont permis de saisir 301 423 litres de liqueurs et boissons frelatées sur le territoire national, soit une valeur estimative de 265 084 450 FCFA.

Il y a aussi l’arrêté interministériel n°2021-00381/MICA/MS/MEEVCC/MATD du 12 juillet 2021 portant règlementation de la production industrielle, de l’importation et de la commercialisation de boissons alcoolisées au Burkina Faso.

Pour maintenir la veille et renforcer la lutte contre ces boissons frelatées, le ministère du Développement industriel a entrepris plusieurs actions comme le renforcement des opérations de contrôle des boissons alcoolisées sur le territoire national qui sont menées durant tout le long de l’année 2023, l’interpellation des départements ministériels ayant des services déconcentrés aux frontières pour rappeler les conditions d’importation des boissons alcoolisées au Burkina Faso, la publication de communiqués pour rappeler les conditions d’importation, de production et de commercialisation de boissons alcoolisées.

Les députés présents à la séance plénière du jour

Si ces arrêtés et actions ont permis de lutter contre la prolifération des boissons frelatées, force est de constater l’avènement des boissons énergisantes dont la consommation abusive constitue un problème de santé publique.

Pour consolider donc ces acquis et assainir ce secteur, un arrêté interministériel portant règlementations de la production, de l’importation et de la commercialisation des boissons sans alcool (eaux minérales ou gazeuses, les jus de fruits ou de légumes fermentés ou ne comprenant pas à la suite d’un début de fermentation des traces d’alcool supérieure à 2°, les limonades, le sirops, les infusions, le lait, le café, le thé, le chocolat) et des boissons énergisantes au Burkina Faso est en cours d’élaboration.

Pour la finalisation de ce projet d’arrêté, des prélèvements d’échantillons de plus d’une cinquantaine de marques différentes de boissons énergisantes et sans alcool ont été effectués sur toute l’étendue du territoire national à des fins d’analyse par l’agence nationale pour la sécurité sanitaire, de l’environnement, de l’alimentation, du travail et des produits de santé (ANSSEAT).

Dr Ousmane Bougouma, président de l’ALT

Selon le ministre du commerce Serge Poda, les résultats de ces analyses sont disponibles depuis une semaine et les décisions seront prises dans les jours à venir pour interdire leur importation. L’adoption de ces textes permettra aux services techniques du ministère en charge du commerce d’avoir les instruments juridiques nécessaires pour agir.

Au cours du débat général, les députés ont encouragé le département en charge du commerce à continuer les efforts dans la lutte contre ce phénomène. Ils ont notamment insisté sur une application véritable des textes et la prise de sanctions à l’encontre des différents contrevenants. Les députés ont aussi invité l’exécutif à se pencher sur la sensibilisation des parents, des jeunes consommateurs et des personnes âgées qui consomment ces boissons frelatées.

Salif Yada, le député auteur de la question relative à la consommation abusive de stupéfiants et de boissons frelatées alcoolisées par les jeunes

Tout en insistant sur le renforcement de la sensibilisation et de l’éducation des jeunes et des enfants pour lutter efficacement contre ce fléau, le ministre Serge Poda rassure que malgré les pressions d’ordre politique et économique, le prochain texte sera très clair, très simple et efficace.

Mamadou ZONGO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net