Le procès en diffamation intenté par le ministre des finances contre le journal Le Reporter s’est ouvert ce jeudi 14 septembre 2023 au Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga II. Aussitôt ouverte, l’audience est renvoyée au 21 septembre 2023 à cause d’une pièce qui a un lien avec le présent dossier.

Le ministre de l’économie, des finances et de la prospective, Aboubakar Nacanabo, a esté en justice contre le bimensuel burkinabè d’enquêtes et de reportages, Le Reporter, pour « diffamation et complicité de diffamation » à travers un article paru dans son N°360 du 15 au 30 juin 2023 sous le titre : « Finances publiques : Le ministre des Finances, les DG et les milliards de FCFA d’Essakane ».

Il se trouve que les personnes citées par le journal d’investigation ont fait l’objet d’une enquête de l’Autorité supérieure de contrôle l’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et qu’un rapport a été produit. A la barre ce jeudi 14 septembre 2023, la défense a notifié que c’est nécessaire qu’avant que le tribunal ne puisse décider, de prendre connaissance des éléments contenus dans ce rapport. Cela va permettre de « confronter les écrits du journal », a indiqué Me Adama Kagoné.

Quelle partie au procès doit produire cette pièce ? C’est tout l’objet du débat de cette audience du jour.

La défense a indiqué avoir initié la démarche auprès du parquet TGI Ouaga I à travers un écrit.

Renvoi ou sursis…

Pour la partie civile, il y a eu une manipulation en cours pour éviter que le dossier ne soit jugé aujourd’hui. « Nous pensons qu’il y a une volonté de retarder le jugement », a estimé la partie civile.

Pour le parquet, c’est normal que la défense souhaite avoir le document, s’il y a un lien qui va aider à faire la lumière sur l’affaire. « Il s’agit de réunir tous les documents afin de statuer sereinement », a indiqué le procureur.

Me Adama Kagoné a tenu à faire des précisions. Le journal d’investigation a précisé dans ses écrits qu’il y a une enquête en cours et que les personnes citées ont été entendues.

La partie civile a repris la parole et exprimé son opposition par rapport à la position du parquet. Me Paulin Salambéré signe et persiste que le journal a cité dans son article leurs clients « sans avoir les tenants et aboutissants du dossier ». « Ils ont écrit des choses sur nos clients. Donc ça veut dire qu’ils ont des preuves. Tout renvoi n’apportera rien de nouveau », a déclaré Me Salambéré.

Selon l’avocat de la défense, Me Christophe Birba, l’une des sources de la vérité se trouve au niveau du TGI Ouaga I. Il serait mieux que les deux tribunaux communiquent. A défaut de renvoyer le dossier, le tribunal peut ordonner le sursis, a suggéré Me Birba.

Dans sa décision, le tribunal a renvoyé le dossier au jeudi 21 septembre 2023. Le président du tribunal a précisé qu’il s’agit d’un renvoi ferme. Autrement dit, le dossier sera jugé à cette date.

Il faut rappeler que ce dossier avait d’abord été appelé à l’audience le jeudi 10 août 2023 devant la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga II. Il a été renvoyé ce jeudi 14 septembre 2023 « pour une meilleure coordination de la défense ».

Cryspin Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net