A la faveur de la conférence de presse animée le lundi 11 septembre 2023 à Ouagadougou, Me Prosper Farama, avocat de la famille de Norbert Zongo, a invité les autorités à ne pas négliger le dossier concernant l’extradition de François Compaoré, car un péril va suivre. Répondant à une question, il s’est également prononcé sur la question des réquisitions dans le cadre de la mobilisation générale pour la lutte contre le terrorisme.
Selon l’avocat, la réquisition en elle-même ne pose pas de problème. Comme preuve, il a présenté une situation où quelqu’un lui a dit qu’on va l’emmener au front. « Mais, on est déjà au front ! » a répondu Me Prosper Farama. Et d’ajouter : « Le calvaire que vivent les militaires au front nous le vivons, d’une façon ou d’une autre ».
Pour Me Farama, ce ne sont pas les aspects légaux et illégaux de la réquisition qui lui posent un problème. « C’est l’entendement qu’il y a derrière parce que j’ai beaucoup eu de peine à un moment donné sous ce régime quand on a considéré que si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes des apatrides ; si vous ne pensez pas comme nous, vous êtes un terroriste ».
L’homme de droit a déploré le fait qu’une partie de l’opinion cherche à dissocier les Burkinabè qui sont au front de ceux qui ne le sont pas. « Je vous dis. J’ai un frère militaire. Donc vous pensez que je dors tranquille quand mon frère est quelque part au front ? Vous pensez que je rêve que mon frère soit tué ? (…) Je connais des amis qui ont des frères, des pères au front », a-t-il confié.
A en croire Me Prosper Farama, tous les Burkinabè sont dans une même dynamique sauf qu’ils n’ont pas la même vision. Il a pris les cas des prophètes Jésus et Mohamed qui sont venus sur la terre mais des gens n’ont pas leur point de vue.
En tant que défenseur des droits de l’homme, l’avocat a souhaité qu’il y ait une certaine liberté afin que la contradiction aide le Burkina Faso à aller de l’avant. « J’aimerais bien que ceux qui sont au pouvoir s’en souviennent. Toute action qu’on pose ne doit être mue que par l’intérêt général et non par les émotions, non par les rancœurs, non par des appréhensions d’ordre personnel et subjectif », a-t-il affirmé.
Les contre-pouvoirs…
Il a milité pour la liberté d’opinion de tous. « Battons-nous ensemble pour que l’opinion de tout un chacun puisse s’exprimer dans la liberté et dans le respect », a-t-il plaidé. Et de soutenir la presse, qui est le principal contre-pouvoir au Burkina Faso.
« Il paraît qu’après l’exécutif, c’est le législatif qui est le premier contre-pouvoir. Au Burkina, excusez-moi, avec tout le respect que je dois aux législateurs, ils ne sont pas un contre-pouvoir. Prenez tous les régimes qui se sont succédé. L’Assemblée, ce sont des caisses de résonnance, sans vouloir manquer de respect aux députés. Jusqu’aujourd’hui, quand on construit les Assemblées, regardez comment on les construit. Celui qui arrive au pouvoir fait en sorte que ce soit ses partisans qui soient dans l’assemblée. Disons-nous objectivement la vérité est-ce qu’on peut appeler ça contre-pouvoir ? Mais soyons honnête intellectuellement et moralement. Non, ce ne sont pas des contre-pouvoirs », a-t-il expliqué.
Quant à la justice, qui est le troisième pouvoir, l’avocat l’a comparé à celui de la presse. « Pourquoi c’est la presse qu’on opprime ? Mais justement c’est par ce qu’on estime que la presse est un contre-pouvoir puissant », a-t-il déduit.
Tirer de l’histoire pour construire un présent confortable
Comme conseil, Me Prosper Farama a souhaité que le pouvoir veille au contraire à avoir des contre-pouvoirs. « Ça vous aide à avancer. Si Blaise Compaoré avait écouté ce que la presse disait à l’époque, j’aime taquiner certains en disant que je pense qu’aujourd’hui, il serait revenu au pouvoir par les voies des élections parce que les gens auraient clamé haut et fort que c’est lui qu’il nous faut (…) Il a considéré que tous ceux qui le critiquaient étaient des ennemis et à la fin on a vu ce que ça a donné. Roch Kaboré avait considéré que tous ceux qui le critiquaient étaient des ennemis. A la fin, on a vu ce que ça a donné. Damiba a considéré que tous ceux qui le critiquaient étaient des ennemis, on connaît la suite », a-t-il rappelé.
Au regard des différents événements qu’a connu le Burkina Faso, Me Prosper Farama croit que « chacun devrait tirer leçon de son histoire, de l’histoire, pour construire un présent qui est confortable pour nous tous pour que nous rêvons tous à un avenir, à un lendemain meilleur ».
Propos recueillis par Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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