Le 9 août 2023, le conseil des ministres décidait de la résiliation du contrat de concession de l’aéroport Ouagadougou-Donsin, contrat qui avait été signé avec le groupe français Meridian AMP. Une décision accueillie avec joie par le collectif des syndicats de l’aéronautique, qui l’a fait savoir à travers une conférence de presse organisée ce 17 août 2023 à Ouagadougou. Le collectif invite également les autorités, à situer les responsabilités de ce qu’il qualifie « d’arnaque de l’histoire qui était en gestation ».
Après avoir longtemps appelé de tous ses vœux la révocation du contrat liant l’Etat burkinabè et le groupe Meridian AMP, le collectif des syndicats de l’aéronautique civile est aujourd’hui comblé par la décision du gouvernement de la transition. C’est donc dans le but de traduire sa reconnaissance aux différentes entités qui ont soutenu la lutte, mais surtout au gouvernement pour cet « acte courageux », que cette rencontre avec les hommes de médias a eu lieu.
Le collectif des syndicats de l’aéronautique n’approuvait pas la concession signée avec le groupe Meridian, qu’il considérait comme un acte de bradage du patrimoine burkinabè, et ce pour plusieurs raisons. Il y a d’abord la durée de la concession qui était de 30 ans, alors que la loi N 10/2000 du 26 avril 2000 sur la privatisation des aéroports de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, précise que la durée de la concession est de 20 ans. A cela s’ajoute le modèle financier, considéré par le collectif comme une arnaque.
- Ahmed Lamizana, porte-parole du collectif des syndicats de l’aéronautique civile
En effet, explique le porte-parole Ahmed Lamizana, pour un apport d’investissement de 145 milliards de FCFA sur un total de 500 milliards, le concessionnaire devait percevoir environ 470 milliards en 30 ans, au seul titre de la redevance de développement des infrastructures des aéroports, qui normalement devrait revenir à l’Etat. En plus de cette redevance, le concessionnaire devrait également récolter près de 1500 milliards de FCFA sur 30 ans, soit 50 milliards par an.
Ahmed Lamizana précise que sur l’ensemble du projet de construction de l’aéroport, c’est pour l’aérogare que le concessionnaire devait apporter sa contribution. Pourtant jusqu’à ce que le contrat soit résilié, « il n’a amené aucune brique ». Ahmed Lamizana ajoute également que le contrat signé avec Meridian Group était d’ailleurs caduc, puisque dans un délai de 30 jours après sa signature, un décret d’application devait être pris. Ce qui n’a pas été fait jusqu’à ce jour.
Le collectif invite donc le gouvernement, à faire des audits et des enquêtes afin que les responsabilités des personnes impliquées dans l’affaire de la concession soient situées. Les ministres des transports (Vincent Dabilgou) et des finances (Lassané Sawadogo) d’alors, qui sont les deux principaux signataires, ainsi que ceux qui ont participé aux négociations, doivent donc être entendus selon lui. « Pour nous le collectif, il faut vite faire des enquêtes ou des audits, pour situer les responsabilités dans cette affaire. Et si effectivement des personnes se sont distinguées négativement et que la justice a des éléments de preuves, permettant de poursuivre ces personnes, il y a lieu de le faire », a laissé entendre Ahmed Lamizana. Pour lui, cela pourrait servir de jurisprudence afin qu’à l’avenir d’autres ne soient tentés de se rendre complices de ce genre d’acte.
Le collectif des syndicats de l’aéronautique se dit prêt à accompagner le gouvernement avec des solutions alternatives, pour l’aboutissement heureux de la réalisation de l’aéroport Ouagadougou-Donsin. Il propose soit le recours à des partenaires nationaux, internationaux, ou d’autres Etats, soit de parceller l’actuel aéroport et, avec le prix de vente des parcelles estimé à environ 1000 milliards de FCFA, boucler le projet de construction de l’aéroport, Ouagadougou-Donsin où les premiers vols doivent débuter en 2025.
Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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