L’organisation du Hadj 2023 n’a pas été à la hauteur des attentes du Syndicat national des gérants des agences de voyage et de tourisme. Et il l’a fait savoir ce jeudi 27 juillet 2023 au cours d’une conférence de presse organisée pour faire le bilan du déroulement du Hadj, édition 2023.
C’est un ensemble de manquements qui ont indigné le Syndicat national des gérants des agences de voyage et de tourisme dans le déroulement du Hadj 2023. À Mina et à la station de Arafat, le syndicat dit avoir noté divers problèmes. L’un de ces problèmes, c’est le logement. Il y avait selon le syndicat, un manque crucial de tentes, de matelas et, selon un sondage qu’auraient réalisé certains membres du syndicat sur place, plus de 20% des pèlerins étaient dehors, sans abris.
Cette situation, comme l’explique Ousmane Dianda, secrétaire général du syndicat, est due aux visas de tourisme avec lesquels certains pèlerins ont fait le voyage au lieu du visa Hadj comme exigé par les autorités saoudiennes. Ce visa de tourisme, selon ses explications, ne permet pas aux pèlerins d’effectuer tous les rites du Hadj. Il leur donne uniquement le droit de rester à la Mecque. Ainsi sur les 8 143 pèlerins, environ 700 étaient en situation irrégulière, puisque disposant du visa de tourisme et certains, du visa de courtoisie.
Comme le problème de logement, les autres problèmes vécus sur place découleraient de la présence de ces pèlerins en situation irrégulière.
Ainsi, le syndicat a relevé le problème de restauration. Sur ce point, le syndicat indique que ni la qualité ni la quantité n’étaient au rendez-vous des repas servis aux pèlerins. Et ce, parce que non seulement il y avait un surplus de pèlerins, mais en plus, sur les deux restaurateurs choisis, un seul a pu remplir convenablement sa part du contrat.
En ce qui concerne l’hygiène, le syndicat assure que les pèlerins ont vécu un véritable calvaire à Mina, parce que les toilettes étaient sales, inondées d’urine et d’excréments. Et sur ce point précis, le syndicat tient deux coupables : il s’agit du comité de suivi du Hadj et du secrétariat permanent du pèlerinage qui relève du ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité. Le syndicat a aussi noté le manque d’eau potable, mais également le problème du transport par le bus en terre sainte.
Pour ce qui est de la santé, le syndicat dénonce le manque et l’insuffisance des produits pharmaceutiques. Il souligne que certains médecins sont allés à la Mecque pour faire le Hadj et du tourisme et non s’occuper des pèlerins comme convenu.
À l’ensemble de ces manquements, le syndicat a identifié des coupables. « De tout ce qui précède, le syndicat condamne fermement ces agissements et fait endosser la responsabilité de ces manquements aux signataires des différentes conventions en Arabie Saoudite, le secrétariat permanent de suivi du pèlerinage religieux et toute l’équipe du comité national de suivi du pèlerinage à la Mecque. En résumé, ce fut un échec total et il va falloir situer les responsabilités de façon individuelle et prendre à l’avenir, des mesures correctives pour soulager la souffrance des pèlerins durant cette période », a laissé entendre M. Dianda
- Les responsables d’agences de voyage présentes à la conférence de presse
Une cinquantaine de pèlerins bloqués en Arabie Saoudite
Selon le syndicat, une cinquantaine de ces pèlerins ne disposant que du visa de tourisme sont bloqués en Arabie Saoudite. Leurs visas ont expiré et ils se retrouvent en situation irrégulière. Des démarches seraient entreprises par l’ambassade du Burkina Faso sur place pour leur retour.
Des recommandations
Au regard de tous les manquements relevés, le syndicat national des gérants des agences de voyage et de tourisme a formulé de nombreuses recommandations. Ainsi il suggère d’apporter des réformes profondes dans l’organisation du Hadj à travers la relecture des textes en vigueur. Il demande également la suppression du Secrétariat permanent du pèlerinage religieux de l’organisation du Hadj pour le compte du Burkina Faso, de renommer et redéfinir les attributions ou missions du Comité national de suivi du pèlerinage à la Mecque et de remettre de façon définitive, l’organisation pratique du Hadj à la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso (FAIB), car c’est une question islamique.
Le syndicat recommande également aux autorités burkinabè de prendre attache avec l’ambassade d’Arabie Saoudite pour clarifier l’octroi de visas de tourisme et de courtoisie et aussi de prévoir des cadres d’échanges ou des rencontres périodiques avec le ministère du Hadj en Arabie Saoudite. Il recommande aussi de sanctionner ou de suspendre les activités des agences de voyage et de tourisme fautives dans tout le processus du Hadj, etc.
Mais surtout, le syndicat estime qu’il faut « un audit de l’ASCE-LC ou du procureur du Faso sur la gestion de ce Hadj 2023 ». Et ce, en vue de situer les responsabilités et si possible, sanctionner les individus de mauvaise foi qui interviennent dans tout le processus.
Justine Bonkoungou
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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