Lors de son séjour (courant juin 2023) au Burkina dans le cadre d’une formation sur les stratégies de gestion des déchets solides, nous l’avons rencontré et il a abordé avec nous plusieurs questions en matière de gestion des déchets solides et fait quelques propositions de solutions.
Lefaso.net : Vous séjournez à Ouagadougou dans le cadre d’une formation sur les stratégies de gestion des déchets solides. De quoi a-t-il été question ?
Dr Martin Yelkouni (MY) : Je vous remercie pour l’intérêt porté à notre formation qui est organisée par l’Institut d’appui au développement (IAD) à Lyon, la Kosyam Jesuit University of Science (KoJUS) et le CESAG, dans le cadre des activités de la Chaire « Environnement, énergie et développement durable » du CESAG. Il s’agissait alors de réfléchir ensemble sur les stratégies en matière de gestion des déchets solides et quelles stratégies doit-on privilégier, notamment sur le tri, le traitement ou la valorisation. Nous avons aussi abordé les éléments fondamentaux de la gestion des déchets solides que nous pouvons avoir à la fois sur un territoire ou dans un établissement quelconque (université, hôpital, entreprise, etc.).
Ces éléments ont permis de finaliser notre formation avec des cas concrets qui ont porté sur les études faites sur la gestion des déchets d’une collectivité territoriale, d’une cantine scolaire et d’un hôpital. Avec l’expérience des participants, nous avons construit des solutions provisoires qui vont leur permettre d’implémenter une stratégie se traduisant par la mise en œuvre d’un plan d’action pour la gestion des déchets dans leurs milieux de travail.
Avant de poursuivre sur d’autres questions, pouvez-vous déjà nous clarifier qu’est-ce que c’est qu’un déchet solide ?
En règle générale, ce sont tous les déchets non liquides, par exemple un bidon, un carton, les déchets issus de l’alimentation, mais aussi le sable et la terre lors du balayage des cours. Une caractérisation permet de mettre en relief les différents types de déchets produits dans un ménage ou dans une entreprise. Un autre exemple qui est un fléau mondial, ce sont les déchets plastiques qui polluent notre environnement.
Lors de la formation, vous avez fait cas de la valorisation et du recyclage. Quelle différence y-a-t-il entre les deux termes ?
Le recyclage est un processus de transformation des déchets en de nouveaux produits comme par exemple le verre ou le métal. Le recyclage permet d’éviter le gaspillage de ressources naturelles ou de diminuer ses impacts environnementaux.
La notion de valorisation est plus englobante, elle consiste dans « le réemploi, le recyclage ou toute autre action visant à obtenir, à partir des déchets, des produits réutilisables ou de l’énergie ». Par exemple, quand on prend les déchets alimentaires, on peut les transformer en compost. Donc valoriser, c’est donner de la valeur à quelque chose qui, à priori, n’en n’aurait pas.
On sait que vous avez beaucoup travaillé sur ces questions de gestion de déchets solides au niveau de Ouagadougou. De façon générale, quel commentaire pouvez-vous faire quand vous regardez comment se fait la gestion de ces déchets solides dans la ville ?
C’est vrai que j’ai un peu travaillé sur notre ville depuis un certain temps. Ouagadougou était une des villes les plus propres de l’Afrique de l’Ouest avec une stratégie qui avait été mise en place. Mais malheureusement, ces derniers temps, on remarque un certain recul par rapport à ces aspects de gestion des déchets solides. Plusieurs raisons peuvent justifier une telle situation : l’étalement de la ville ou le faible niveau des ressources financières pour ce service. Une ville propre suppose que les citoyens contribuent à sa propreté. Il me semble qu’il y a lieu de voir ou revoir les modes de financement de la gestion de nos déchets dans un contexte particulier.
Un autre aspect important, ce sont nos comportements, par exemple ne pas jeter nos déchets dans la rue. Nous devons nous pencher sérieusement sur une fiscalité propre à la gestion des déchets pour mieux gérer les questions de la collecte, du transport, du traitement et de l’enfouissement. Il y a toute une réflexion à avoir, étant donné que la ville est de plus en plus grande avec une augmentation de la production des déchets. C’est donc collectivement, et non pas seulement du ressort de la ville de Ouagadougou, que nous devons construire des solutions pour y vivre sainement.
Transition toute trouvée pour évoquer la question de la gestion des caniveaux dans la ville de Ouagadougou qui sont pleins et bouchés de ces mêmes déchets. Selon-vous, qu’est-ce qui peut être proposé comme solution ?
Les solutions vont dépendre de plusieurs paramètres. Mais de manière générale, vous voyez bien qu’il y a un lien entre la gestion des déchets et le remplissage des caniveaux, puisque les déchets non collectés vont directement dans les caniveaux. Je reviens aux citoyens qui doivent avoir un comportement vertueux.
Mais on remarque que chaque année, on fait le curage de ces caniveaux, mais il faudrait immédiatement tout ramasser pour éviter qu’ils soient remplis à cause d’une pluie. Il y a certes la question du curage, mais si chaque citoyen fait de la propreté une préoccupation, on éviterait de toujours remplir nos caniveaux de déchets.
D’une manière générale, il faudrait penser à la manière dont on doit infiltrer l’eau pluviale dans la ville de Ouagadougou pour éviter les inondations. Probablement les ouvrages actuels ne répondent plus aux besoins initiaux, en raison de l’extension de la ville, ou en raison de caniveaux bouchés. Il y a une réflexion à mener en termes de gestion des eaux de pluie dans la ville de Ouagadougou.
Votre mot de fin ?
Pour terminer, je dirai tout simplement que chaque citoyen est concerné par la gestion des déchets en général et des déchets solides en particulier. Les responsabilités sont partagées et il n’y a pas à stigmatiser telle ou telle entité. Les efforts sont à faire par tous pour une ville propre et attrayante. Chaque pas que nous pouvons ou devons faire doit compter. La question du développement durable est un processus de tous les jours, surtout par des actions simples que nous pouvons mener ici et là.
Interview réalisée par Yvette Zongo
Photos et vidéo réalisées par Auguste L. Paré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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