La cérémonie d’ouverture de la rencontre du patronat africain au Burkina s’est tenue ce jeudi 13 juillet 2023, à Ouagadougou. Cette année, l’événement qui est à sa deuxième édition a connu la présence du Premier ministre Apollinaire Kyélèm et a été parrainé par Lassiné Diawara. Durant ces deux jours d’activités, les participants se pencheront sur la question de la technologie, spécialement celle de l’Intelligence artificielle (IA). Et le thème retenu à cet effet est : « Intelligence artificielle : enjeux, défis et opportunités pour les économies des pays africains ».

La monde évolue et la science avec. Et pour mieux s’adapter aux différents défis du moment, l’urgence commande que les pays fassent de la technologie leur ami, pour un développement beaucoup plus serein. « L’Afrique est le continent qui connaît le taux d’urbanisation le plus rapide avec un taux de 4,5% par an. On ne résoudra pas les problèmes de croissance rapide de la population, de la sécurité alimentaire et de l’urbanisation sans les technologies liées à l’intelligence artificielle. L’intelligence artificielle est un sujet d’actualité et l’Afrique ne peut prendre le risque de ne pas s’y intéresser », a laissé entendre Apollinaire Compaoré, président du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), par la voix de son vice-président, Seydou Diakité.

« Aujourd’hui, l’enjeu pour l’Afrique est de s’approprier cette technologie et d’en faire un puissant levier de développement », Apollinaire Compaoré par la voix de Seydou Diakité

Toutefois, cet outil technologique, comme tous les autres, s’illustre aussi comme un couteau à double tranchant car utilisé à mauvais escient, son impact peut être ravageur. « Le développement de l’IA soulève des questions d’éthique notamment en ce qui concerne la protection des données et la prise des décisions sans intervention humaine. Certes, elle offre des opportunités significatives pour les économies des pays africains, mais il est nécessaire de régler les défis écologiques, d’anticiper sur l’emploi et les garanties de l’utilisation de cet outil technologique », a préconisé le parrain de la cérémonie, Lassiné Diawara.

« En travaillant ensemble, nous pouvons transformer l’avenir de l’IA dans nos pays et créer un avenir prospère pour notre pays et nos peuples », Lassiné Diawara

Qu’à cela ne tienne, l’impact qu’aura l’IA sur le développement de l’Afrique dépend de ceux par qui elle pourrait être mise au point, c’est à dire le patronat. C’est du moins l’avis du premier Apollinaire Kyélèm de Tambèla. Pour lui, c’est là que doivent intervenir les patrons. Après avoir rappelé l’histoire de Moïse (prophète connu de la Bible et du Coran qui a sorti le peuple d’Israël de l’emprise du pharaon d’Égypte, à l’époque Ramsès Il) et d’Arminius (qui a mené la résistance contre la conquête de la Germanie), il a émis le souhait que les hommes d’affaires soient des modèles pour leurs peuples à l’image de ces illustres qui ont marqué l’histoire. « Vous devez être des Moïses et des Arminius au profit de votre pays et de l’Afrique, au moyen de l’intelligence artificielle. On peut, sans risque de se tromper, dire que l’Afrique n’est pas à l’origine de l’IA, mais il vous revient de vous en rendre maîtres et de vous en servir pour libérer nos peuples de la sous production, de la maladie, de la pauvreté ; pour restaurer la dignité de nos peuples. Et cela peut se faire en investissant dans la formation, en encourageant la recherche et les chercheurs », a-t-il martelé.

Une vue des participants à cette deuxième édition de la REPAB

« Vous avez assez fait, mais vous n’avez pas encore suffisamment fait car le Burkina Faso reste un pays sous développé avec beaucoup de défis à relever. Être grand dans un pays pauvre n’est pas très valorisant…Dans un pays comme la France, de grands patrons ont contribué à construire le pays. Ce sont entre autres Arnold Peugeot, Marcel Dassault. En Allemagne, il suffit de citer Mercedes et Benz. Si nous allons en Russie, nous trouvons Kalachnikov (applaudissements et rires) dont l’invention nous permet de lutter contre l’insécurité. Vous êtes des moteurs de développement. Je vous invite donc, à chercher coûte que coûte à laisser votre nom dans l’histoire, par votre engagement à inventer un autre avenir pour le Burkina et l’Afrique », a-t-il insisté sous les applaudissements.

« Ce n’est pas parce qu’on est riche qu’on est patron. On est patron parce qu’on a créé, innové ou parce qu’on a la maîtrise d’un système de création, de production ou de distribution », Apollinaire Kyélèm de Tambèla

Pour finir, le Premier ministre a lancé une invite au patronat, celle de jeter un regard sur certains secteurs qui, jusque-là, sont à la traîne. Il citera par exemple ceux de l’agriculture et de l’élevage, des infrastructures routières et ferroviaires qui sont à plaindre, car souffrant du manque d’intérêt des hommes d’affaires. A ce propos, il persiste et signe que c’est aux Africains de construire l’Afrique et non d’être des hommes à la solde des occidentaux. « Votre objectif ne doit pas être d’aider les pays développés à écouler leurs produits et services chez nous, en leur servant de simples relais. Mais votre objectif doit être de penser à inverser la tendance. Vous devez contribuer à conquérir des marchés pour nos produits. A tout le monde, vous devez faire en sorte que ce qui est produit chez nous soit contrôlé par nos peuples », a-t-il clamé.

« L’IA peut remplacer l’homme dans les activités de tous les jours mais ce n’est pas pour maintenant », Lassina Zerbo

La cérémonie s’est close par une conférence sur le thème retenu pour cette deuxième édition et c’est Lassina Zerbo qui l’a décortiqué. A la suite de Apollinaire Kyélèm de Tambèla qui a souhaité que les patrons investissent dans la recherche, l’ex Premier ministre du Burkina a appelé de ses vœux la création d’une agence burkinabè de l’intelligence artificielle, pour soutenir ceux qui s’y intéressent et poser les jalons pour le développement d’un Burkina aux horizons meilleurs.

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net