Plus de 21 tonnes, c’est la quantité de produits prohibés saisie et incinérée, ce lundi 10 juillet 2023 à Bobo-Dioulasso, par la direction régionale de la police nationale des Hauts-Bassins. La valeur du butin saisi est estimée à 1 897 920 000, soit près de deux milliards de francs CFA. 22 carcasses de bœuf impropres à la consommation saisies aussi, ont été également incinérées.

Il y a environ une année de cela que la Police nationale de la région des Hauts-Bassins procédait à une opération de grande envergure au sein du marché central de Bobo-Dioulasso. Cette opération qui a eu lieu grâce au Service régional de la police judiciaire (SRPJ) des Hauts-Bassins avait permis la saisie de plus de 21 tonnes de produits prohibés d’une valeur estimée à près de deux milliards de FCFA.

Une vue des produits prohibés saisis par la police nationale des Hauts-Bassins

Plus d’un an après, les enquêtes terminées et les trafiquants traduits devant les juridictions, la direction de la Police nationale des Hauts-Bassins a procédé à l’incinération desdits produits. Lesquels produits sont essentiellement constitués de produits pharmaceutiques (Analgin, paracétamol, vitamines, anti-inflammatoires, seringues, etc.), de produits vétérinaires, de pesticides et de drogues diverses (tramadol, tramaKing, etc.). Selon le commissaire principal de police de la direction régionale de la police des Hauts-Bassins, Mahama Kaboré, cette opération a eu lieu en septembre 2022. Elle a d’abord consisté à identifier un certain nombre de magasins au sein du grand marché de Bobo-Dioulasso qui contenaient ces produits prohibés.

« Nous avons mené l’opération avec beaucoup de patience parce que c’est un phénomène qui bénéficie de beaucoup de complicités si bien qu’il a fallu du temps pour boucler l’affaire. Elle a mobilisé la police et le parquet qui a encadré l’équipe de la police et beaucoup d’autres acteurs dont la commune de Bobo-Dioulasso. C’est ce qui a permis d’aboutir à ce résultat. Elle n’a pas été sans difficultés. Sur pratiquement 150 boutiques identifiées au grand marché, au total nous n’avons pu opérer que dans 49 boutiques », a-t-il expliqué.

Le commissaire principal de police de la direction régionale de la police des Hauts-Bassins, Mahama Kaboré, expliquant le processus de l’enquête

En effet, c’est fort du recoupement des informations faisant état de ce que le grand marché de Bobo-Dioulasso constituait la plaque tournante de trafic des médicaments prohibés alimentant la sous-région qu’une équipe d’enquêteurs du service régional de la Police nationale a travaillé sur une période de plusieurs mois pour aboutir à une opération ponctuelle et précise le dimanche 4 septembre 2022. Elle a consisté en un bouclage de la zone du grand marché considéré jusque-là comme une zone de non-droit donc inaccessible aux services d’enquête pour y opérer des saisies dans toutes les boutiques identifiées au préalable. Estimées à plus d’une centaine, ces boutiques sont ravitaillées par des grossistes qui bénéficient de grandes complicités au sein du marché et tout le long de la chaîne de transport.

L’enquête a également permis d’interpeller quatre personnes, d’identifier les cerveaux du trafic et de geler du patrimoine d’une valeur de 109 441 113 FCFA de plusieurs autres acteurs toujours en cabale. Les personnes déjà interpellées et présentées au procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso sont poursuivies pour trafic illicite de médicaments prohibés, d’exercice illégal de la profession de pharmacien et de blanchissement de capitaux. Aussi une enquête est déjà ouverte pour bris de scellés de justice contre un certain nombre de personnes qui ont vandalisé les scellés le lendemain de l’opération et au profit des propriétaires de ces boutiques.

Une vue des produits prohibés et les 22 carcasses de bœuf impropres à la consommation saisis

Face à la situation, le commissaire Kaboré invite les populations à se départir de la consommation de ces produits prohibés qui, dit-il, nuisent à leur santé. A l’endroit des commerçants, il les invite aussi à se départir de « ce commerce qui est nocif et dangereux » pour la population. « Ces produits sont responsables de beaucoup de maladies pour la population notamment la jeunesse. Et toutes les fois que les FDS ont pu démanteler une base terroriste, il y avait à chaque fois un dépôt de médicaments qui servait certainement aux ennemis pour se doper », a-t-il souligné. Il a saisi cette occasion pour saluer la collaboration des populations qui a permis d’atteindre ce résultat.

Cyrille Ouédraogo, pharmacien au niveau de la direction régionale de la santé et de l’hygiène publique des Hauts-Bassins invite les populations à proscrire l’usage des médicaments prohibés et à dénoncer toutes ces personnes qui attentent à la santé des citoyens

Cyrille Ouédraogo, pharmacien au niveau de la direction régionale de la santé et de l’hygiène publique des Hauts-Bassins, embouchant la même trompette, invite les populations à proscrire l’usage des médicaments prohibés et à dénoncer toutes ces personnes qui attentent à la santé des citoyens. « Tous ces produits sont dangereux pour la santé des citoyens parce qu’on ne sait pas d’où ils proviennent et souvent les trafiquants ne suivent pas le processus normal pour que ces produits puissent être utilisés. Ces produits sont malheureusement causes de plusieurs maladies dont l’insuffisance rénale, les problèmes de cœur, etc. », a rappelé Cyrille Ouédraogo.

Le substitut du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso, Zakaria Bandaogo, a expliqué que ces types d’infractions sont réprimés par les dispositions de l’article 358-18 du code pénal

Cette opération d’incinération a connu la présence des autorités communales dont le président de la délégation spéciale de Bobo-Dioulasso, Adama Bidiga. En plus des produits prohibés, l’incinération a concerné également environ 22 carcasses de bœuf impropres à la consommation qui ont été saisies à la veille de la fête de la Tabaski. « A l’approche de la fête de la Tabaski, il a été également saisies des carcasses de bœuf, de la viande impropre à la consommation. Au total 22 carcasses ont été saisies. Tout cela fait l’objet d’incinération aujourd’hui. Tous ces produits constituent un danger pour la population », a reconnu Narcisse Wibgha, secrétaire général de la mairie de la commune de Bobo-Dioulasso. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Romuald Dofini

Lefaso.net

Source: LeFaso.net