Les avocats de la défense n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour ‘’démonter » les plaidoiries et autres interventions du Parquet. Aussi dénoncent-ils le manque de base légale de certaines peines complémentaires requises par le procureur, dont « la condamnation à la déchéance des droits d’association ».

Les avocats sont également revenus sur le caractère privé des conversations entre les prévenus, et entre ces derniers et des activistes. « Ce n’est pas interdit de penser mal de quelqu’un et de l’expliquer. Les messages sont privés, conformes donc à la morale et à la sécurité collective que de ne pas insulter un capitaine publiquement et de ne pas appeler publiquement qu’un pouvoir tombe. Dieu seul sait ce qu’on se dit dans les messages WhatsApp, mais ça reste privé. S’ils avaient organisé une conférence de presse pour appeler à l’arrêt du pouvoir, il aurait eu infraction », étaie la défense, renvoyant le tribunal à des arrêts et à des dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Des avocats disent noter aussi que l’élément vocal (relatif à l’incendie du palais du Mogho Naaba) a été finalement ‘’ignoré », « alors que Désiré Guinko (prévenu) a été le premier à le recevoir par WhatsApp du patron du renseignement burkinabè, le capitaine Oumarou Yabré ». « Si lui-même est au courant, auprès de qui, mieux que lui, on peut encore dénoncer ? », appuie un des avocats, battant en brèches donc la charge de « non dénonciation … » qui pèse sur des prévenus.

« Je n’ai jamais été aussi déçu des réquisitions d’un procureur comme ce soir, franchement ! », enfonce l’avocat. Il s’étonne d’ailleurs que dans le contexte actuel du Burkina, où un pouvoir légal a été interrompu le 24 janvier 2022, suivi huit mois après d’un autre coup d’Etat, on puisse coller des infractions de déstabilisation à des gens. « On a chassé Roch Kaboré, aucune autorité n’a daigné parler. L’énergie que le procureur a dégagée ce soir-là, cette énergie était où, quand on déstabilisait le pouvoir (légal) de Roch Kaboré ? Et puis, l’infraction d’attroupement qu’on reproche à certains de provoquer, c’est le même attroupement qu’on constate à la place de la nation… », brandit l’avocat.

Dans leurs plaidoiries, des avocats de la défense ont, en outre, évoqué un « faux témoignage » du principal témoin, Zakaria Tagnan, qu’ils n’excluent pas de poursuivre devant le tribunal. « A la première audition, quand on lui a demandé s’il connaît d’autres leaders de la société civile en plus de Marcel Tankoano…, il a dit non. 48 heures après, on le rappelle pour une autre audition, il cite Pascal Zaïda, Boukary Conombo, Désiré Guinko, …. tous ceux qu’il n’aime pas dans la république. C’est quelqu’un qui lui a dit de les citer, qu’il a besoin de ça. Nous n’avons pas peur de le dire », scrute l’avocat, égrenant en sus, des éléments de contradictions du témoin à la barre.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net