La première journée de procès de l’affaire relative à l’appel à incendier le palais du Mogho Naaba, a duré, ce mercredi 21 juin 2023, de 9h à environ 17h 30, devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou. Cette journée a été consacrée au passage de Marcel Tankoano, de Désiré Guinko et des témoins.

Tous les neuf prévenus ont, chacun, rejeté les charges retenues contre eux. Seul Souleymane Belem, l’absent à l’audience avortée du 7 juin, a relativisé les charges retenues contre lui, en reconnaissant une partie (il est poursuivi pour avoir provoqué un attroupement non suivi d’effet et mis en danger la personne d’autrui).

Premier à être appelé à la barre, Marcel Tankoano a d’entrée dénoncé un complot ourdi contre eux et déroulé par Zakaria Tagnan. Ce dernier est d’ailleurs cité par le ministère public, avec d’autres personnes, à comparaître en qualité de témoins.

Tous les procès-verbaux d’audition et les récits des témoins confortent la thèse selon laquelle, Marcel Tankoano a commandité les deux audios : l’un pour appeler à aller incendier le palais du Mogho Naaba qui allait être attribué aux mouvements pro-russes et l’autre, pour appeler à la mobilisation pour défendre le palais (et sous la bannière du Front uni pour le Faso).

Une fois le premier élément envoyé sur les réseaux sociaux (le premier appel est programmé pour être diffusé autour de 19h 30 et le second autour de 21h), des activistes hors du pays comme Aminata Rachow, Alassane Conombo, Naïm Touré… et des médias internationaux devaient les relayer.

Il ressort également de témoignages que le but n’était pas effectivement d’incendier le palais, mais de créer la mobilisation qui allait ensuite demander le déguerpissements des pro-russes campés au rond-point des Nations-Unies (des citoyens postés au rond-point des Nations-Unies pour, disent-ils, veiller à ce que rien n’arrive au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré : ndlr).

Toujours selon des témoins, Marcel Tankoano a expliqué que si le plan avait réussi dans son déroulé, « il est fort probable que le réseau soit coupé ». Pour cela, il leur a indiqué un espace vers les cimetières de Dagnoën, où ils devaient se rendre, le cas échéant, avec un code et quelqu’un viendrait les chercher pour les conduire à un endroit, dont ils disent ignorer la situation.

Marcel Tankoano a également déclaré qu’il savait que le Front uni pour le Faso (association créée dans la période pour défendre les libertés démocratiques et dont Désiré Guinko est le porte-parole) était infiltré et qu’eux aussi ont infiltré l’ANR (Agence nationale de renseignement).

C’est sur ces entrefaites que Zakaria Tagnan dénonce l’affaire devant la police.

L’avocat de Marcel Tankoano, Paul Kéré, a, lui, dénoncé « l’authenticité » des audios. Il a affirmé que jusque-là, l’auteur ou les auteurs des audios incriminés ne sont pas identifiés.

Le procès se poursuit le jeudi, 22 juin 2023.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net