Six mois après le discours de politique générale, Le Premier ministre Apollinaire Joachimson Kyelèm de Tambèla est revenu devant la représentation nationale avec un discours sur la situation de la nation. Devant les députés de l’Assemblée législative de transition (ALT), il a passé en revue la situation du pays et les perspectives. La séance qui s’est tenue toute la journée de ce mardi 30 mai 2023 a été présidée par le président de l’ALT, Dr Ousmane Bougouma. Après ce discours, quelques députés se sont prêtés aux questions des journalistes. Et c’est un discours positivement apprécié. Un discours enduit de courage, d’espoir et de patriotisme.
En cinquante minutes, le Premier ministre Maître Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambéla a passé en revue la situation nationale. La lutte contre l’insécurité, la gestion de la crise humanitaire, la réconciliation et une refondation consensuelle de la société, la gouvernance économique, les autres secteurs de l’État ont été abordés par le chef du gouvernement burkinabè.
Après ce discours, les députés réunis au sein des groupes constitués « Les organisations de la société civile, les partis et formation politiques, les forces vives des régions, les forces de défense et de sécurité, les personnalités désignées par le chef de l’Etat » ont soulevé quelques préoccupations. Parmi lesquelles, on retient en autres la destruction des infrastructures de téléphonie mobile, le coût et la qualité de la communication, les lourdeurs administratives, le développement de l’agriculture qui souffre de l’insuffisance de l’allocation budgétaire, la construction d’infrastructures routières afin de désenclaver les zones de production agricole, les conditions de retour des PDI dans leurs localités d’origine, la réconciliation nationale et la cohésion sociale, la prise en charge des personnes handicapées, l’avenir du chemin de fer notamment Ouaga-Abidjan, la situation de l’aéroport de Donsin.
- Le député Souleymane Ouédraogo
On note aussi comme doléances des députés, la nécessité d’une politique inclusive, la réforme du système éducatif, la situation sécuritaire, les infrastructures sportives de qualité, la vie chère, le développement de l’élevage notamment un ministère entièrement chargé de ce domaine, le développement et l’équipement des infrastructures sanitaires, la situation des pertes à la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG) suite aux nombreux incendies, la tenue des élections, la situation des enfants PDI (traitement discriminatoire positif au profit de ces enfants), la prise en compte des familles d’accueil des PDI, la tenue des examens et concours dans des zones sous blocus sécuritaire, l’approvisionnement des zones à fort défi sécuritaire, la question de la décentralisation, la mendicité à Ouagadougou, le statut des coutumiers, la vulgarisation de l’agriculture avec la distribution à temps des intrants agricoles.
- Le député Moumouni Dialla
Il y a aussi la situation du déploiement des VDP, la prise en charge des déplacés externes (ayant trouvé refuge dans des pays voisins), le manque de médicaments dans les centres de santé, l’inaccessibilité de certains centres de santé, le chevauchement des années académiques, l’énergie, l’augmentation du loyer, le désenclavement du pays notamment des zones de grande production agricole et halieutique, etc.
Mais dans l’ensemble, les députés interrogés par les hommes de média ont positivement apprécié le discours sur la situation nationale du Premier ministre.
Souleymane Ouédraogo, député représentant les personnes vivant avec un handicap, affirme que l’abnégation et l’intégrité du capitaine Ibrahim Traoré et du Premier ministre fondent l’espoir que les promesses annoncées seront réalisées. Il espère que dans la mise en œuvre de sa politique, les préoccupations des personnes vivant avec un handicap seront prises en compte par le gouvernement.
- Le député Marc Gansonré
Tout en émettant quelques réserves, Moumouni Dialla, président de la composante « Organisations de la société civile », trouve le discours très ambitieux. Il appelle les autorités à prioriser les préoccupations de la jeunesse burkinabè. « Je retiens que c’est un discours hautement ambitieux, qui tient compte des grands chantiers que souhaitent les Burkinabè. On y trouve des éléments assez appréciables mais aussi des éléments qui restent à parfaire. De notre point de vue, en ce qui concerne l’éducation, la formation et l’emploi des jeunes, beaucoup de choses restent à faire. Quand vous prenez l’histoire du Burkina Faso, de 2014 à maintenant, nous avons subi une insurrection, au moins trois coups d’Etat. Et ce qui engendre ces évènements, c’est le fait qu’une frange de la population notamment sa frange jeune soit mise en marge dans la gouvernance globale de notre pays. J’aurai aimé qu’il y ait un chantier prioritaire pour l’éducation, la formation et l’emploi des jeunes afin de donner de l’espoir à la jeunesse », a-t-il indiqué.
- La députée Neimata Brigitte Zoungrana
De son côté, Marc Gansonré, satisfait du discours du Premier ministre, attend des efforts dans le domaine de l’agriculture. « On a des éléments de satisfaction comme la cohérence de cette déclaration avec celle qui nous a été présentée, il y a six mois. Le deuxième élément de satisfaction, en écoutant le Premier ministre, est la mise en œuvre de la politique générale qui nous donne satisfaction. Le troisième point de satisfaction, le Premier ministre a eu une conviction presque contagieuse parce qu’il nous a présenté la réalisation d’un programme avec beaucoup de détails qui nous a permis de comprendre qu’il y a quelque chose qui est en train d’être fait et particulièrement je suis satisfait. Mais sur la question humanitaire, il y a des questions qu’il faut se poser. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de la question humanitaire sans prendre en compte des éléments assez clairs sur la question de la sécurité alimentaire pour la population burkinabè. A ce sujet, nous ne pouvons pas comprendre que le budget qui a été alloué au secteur agricole ait eu une baisse de 5% par rapport à l’année passée… C’est vrai que nous sommes en état de guerre mais si la population a encore faim, ça va nous créer encore d’autres problèmes comme la non maîtrise de cette population, la perte de confiance de la population. Nous demandons donc que des choses soient faites sur ce sujet », souligne-t-il.
- La députée Pélagie Konseibo
La députée Neimata Brigitte Zoungrana attend encore plus d’efforts du gouvernement, notamment sur la question humanitaire. « Disons que le discours du Premier ministre est assez incomplet parce que y a pas mal de zones d’ombres qu’il a survolées. Nous ne pouvons que croire ce qu’il a dit. Nous estimons qu’il y a déjà pas mal de choses concrètes qui ont été faites. S’il parle de plus de 20 000 ménages étant retournés chez eux, c’est déjà bon mais ce n’est pas encore arrivé si on pense que deux millions de personnes sont déplacées internes au Burkina Faso », affirme-t-elle.
C’est avec beaucoup de satisfaction et d’espoir que Pélagie Konseibo du groupe constitué « Forces de défense et de sécurité » a suivi le discours du Premier ministre. « J’ai écouté avec beaucoup d’attention le discours du Premier ministre. Son discours est parfait parce qu’il est revenu sur sa déclaration de novembre 2022. Par rapport à ce qu’il a dit en novembre passé, il y a eu des efforts, du progrès un peu partout. Au niveau sécuritaire, social, humanitaire, on a senti qu’il y a eu des avancées. En six mois, ce n’est pas simple mais pour un pays en insécurité, c’est déjà encourageant. Chez nous au Burkina Faso, on dit que tout et prioritaire, si on a la nécessité d’améliorer partout, ça sera salutaire », confie-t-elle.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Photos : Bonaventure Paré
Source: LeFaso.net
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