Il faut défendre des valeurs et non des individus. Ainsi peut-on résumer l’appel de l’ancien bâtonnier Me Antoinette Ouédraogo, un des avocats de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Bala Alassane Sakandé, dans le dossier de l’audit de l’institution. C’est du reste à l’occasion de la sortie relative à ce dossier, le jeudi 16 mars 2023, que l’avocate a lancé ces propos qui sonnent comme une interpellation générale à tout citoyen. Indépendamment du fond…, l’avocate a mis en exergue l’aspect pédagogue dans le cadre du dossier.

« Si les institutions qui ont été créées pour faire du travail sérieux se mettent à faire à la limite de la délation, c’est pitoyable. (…). Notre ressentiment doit être général quand quelque chose est mal fait dans notre pays, surtout par une institution », a décrié l’avocate, s’insurgeant avec ses confrères qu’une institution nationale, l’ASCE-LC (Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption), serve, selon eux, « à régler des comptes personnels ».

Elle relève que la démarche des conseils dans ce dossier d’audit de l’Assemblée nationale ne vise pas à démontrer à l’opinion que Bala Alassane Sakandé n’a pas dissipé quoi que ce soit, elle a valeur pédagogique. « Il faut défendre une position qui est juste. Personne ne sait qui deviendra quoi demain. Défendre une position qui est juste doit être la conduite quotidienne de tout avocat qui se respecte. (…). Qu’elle soit juste par rapport à votre ennemi ou juste par rapport à votre ami, défendez-là », prêche Antoinette Ouédraogo.

Au-delà du litige…, ce dossier d’audit et l’actualité qui l’entoure mettent bien en exergue le besoin, voire la nécessité, de travailler à préserver les institutions des désidératas de toute nature. Quelle que soit la situation en face.

La préoccupation sur la manipulation, supposée ou avérée, des institutions pour se régler des comptes personnels ne date pas d’aujourd’hui. Mais à l’observation, si manipulation il y a effectivement, elle ne serait pas seulement l’affaire de ceux qui s’estiment être les forts du moment ; elle peut aussi être du fait de la présumée victime, qui va tenter de faire croire à ce qui n’existe pas, quitte à emporter l’image des institutions.


Le débat public est pourri, les réseaux sociaux aidant, si fait que dans l’opinion, les arguments sont avancés en fonction de la tête du client. Dans ce pourrissement, certains hommes forts d’hier qui crient aujourd’hui haro y ont leur part, car ayant également abusé des institutions à un moment où ils étaient en bonne posture. Ceux qui dirigent aujourd’hui, quelle que soit leur portion du pouvoir, doivent avoir l’humilité de ne pas tomber dans les mirages du pouvoir par l’abus. D’où la pertinence des propos à titre pédagogique de l’ancien bâtonnier, Antoinette Ouédraogo.

Tout citoyen, à commencer par ceux-là qui sont garants à un moment donné de leur bon fonctionnement, doit se mettre à l’esprit que les institutions et la société sont les produits de ses actions. Alors, on gagnerait tous à défendre les valeurs, la vocation des institutions, c’est la seule façon d’être sûr de défendre les individus, notamment ceux que nous aimons et protégeons.

O.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net