Dans un contexte d’insécurité et où la communication est un élément majeur de la lutte contre le terrorisme, le Conseil supérieur de la communication, de concert avec l’Observatoire burkinabè des médias (OBM) et la faîtière des radios, l’Union nationale de l’audiovisuel libre du Faso (UNALFA), a élaboré la recommandation n°2023-001/CSC portant sur la conduite des émissions d’expression directe. Elle permettra de réguler les interventions sur les médias pour qu’ils ne constituent pas des éléments de menace pour la paix et la cohésion sociale qui sont d’ores et déjà fragilisés.
Quelle formule pour que les médias ne constituent pas le nid où prend forme le terrorisme ? Voilà la question qui taraude le CSC en ces temps où le Burkina Faso est en proie à l’hydre terroriste. Selon son président Abdoulazize Bamogo, le CSC a toujours, conformément à ses attributions, veillé à réduire à la portion congrue les dérapages. Cependant, l’appel de membres de groupes armés au cours d’une émission directe pour promouvoir leur mouvement et détourner les populations de leur engagement dans la lutte contre le terrorisme, a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « C’est un manquement grave qui nous a tous indigné. Le collège des conseillers du CSC s’est saisi de la question. Le manquement a effectivement fait l’objet d’un traitement et le média a écopé d’une mise en demeure conformément aux textes » a-t-il souligné.
- Une vue des journalistes présents à cette conférence de presse
Suite à cet épisode, des concertations ont été menées avec les responsables des médias audiovisuels et les animateurs des émissions d’expression directe, pour prendre les mesures idoines afin que « les médias du Faso ne puissent plus désormais être utilisés contre le Faso ». Ces échanges se sont soldées par la formulation de la recommandation n°2023-001/CSC portant sur la conduite des émissions d’expression directe. « Cette recommandation vient renforcer la décision n°2019-018/CSC portant règlementation des émissions d’expression directe et permet d’avoir un meilleur encadrement des émissions d’expression directe dans ce contexte de défi sécuritaire et de tensions sociales » a relevé Abdoulazize Bamogo.
La recommandation s’adresse aux promoteurs des médias audiovisuels et aux animateurs et journalistes. Aux premiers, il leur est entre autre recommandé « d’appliquer scrupuleusement la décision n°2019-018/CSC portant règlementation des émissions d’expression directe sur les antennes des médias audiovisuels du Burkina Faso ; de choisir les animateurs sur les plateaux en fonction des thèmes abordés ; de prévoir une durée maximale de l’émission à 56 minutes et de déterminer le temps d’intervention maximale de chaque auditeur ; de mettre en place le dispositif de retardement de la voix afin d’éviter la commission des manquements en direct » conformément à la décision citée ci-dessus, etc.
- « En cas de manquement à ces dispositions, le média concerné sera auditionné et les sanctions suivront conformément aux textes déjà en vigueur » Abdoulazize Bamogo
Aux seconds, il leur est recommandé « de trouver des thèmes précis pour chaque émission d’expression directe ; de privilégier notamment les thèmes contribuant à la recherche de la paix et des solutions à la crise sécuritaire, à l’engagement citoyen, au civisme et aux valeurs démocratiques et républicaines ; d’opérer des choix adaptés et pertinents des invités sur les plateaux de débats ; d’interrompre immédiatement à l’antenne les interventions indélicates notamment ceux dont les propos portent atteintes à la cohésion sociale et à la paix ».
Tout en tirant son chapeau aux médias qui font des efforts titanesques pour que l’information traitée soit la vraie, prenant en compte les conjonctures et circonstances qui sont loin d’être des plus reluisantes, Abdoulazize Bamogo a souhaité que soient mis les bouchées doubles pour que les termes de cette règlementation soient appliqués.
« Aujourd’hui le défi sécuritaire nous impose à nous tous d’envisager nos actions sous le prisme de la contribution à la sauvegarde de la patrie, au renforcement de la cohésion sociale et à la consolidation de la paix. Cette conférence de presse m’offre l’opportunité d’exhorter une fois de plus les acteurs de l’audiovisuel national à assumer leurs responsabilités sociales dans ce contexte de crise sécuritaire et de tensions sociales, en mettant au cœur de leurs pratiques quotidiennes le souci de ne pas accentuer la fragilité du pays », dira-t-il pour conclure.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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