Pays invité d’honneur de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), la République du Mali sera représentée par une belle brochette de cinéastes avec des films en compétition et hors compétition. Même si le pays de Modibo Keita n’a aucun film dans les starting-blocks pour l’Etalon d’or de Yennenga cette année, il n’entend pas faire dans la figuration.

Le Mali fait partie des trois pays, avec le Niger et le Togo, que le Burkina Faso a courtisé pour être à l’honneur à la 28e grand-messe du cinéma africain qui débute ce samedi 25 février 2023 à Ouagadougou. Selon le président comité national d’organisation du Fespaco, Fidèle Tamini, ce pays d’une immense richesse culturelle et cinématographique fut le premier pays à confirmer son intention d’être le pays invité d’honneur. Rien de plus étonnant, à en entendre le délégué général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo.

Deux géants du cinéma africains

« Le Burkina et le Mali font partie des rares pays à avoir remporté l’Etalon d’or de Yennenga deux fois. Lorsqu’on parle de la cartographie du cinéma africain, on a toujours cité le Mali et le Burkina. Ces deux pays ont tellement contribué au cinéma d’Afrique et du monde avec des personnalités comme Souleymane Cissé (deux fois Etalon d’or en 1979 et 1983), Cheick Oumar Sissoko, actuel directeur de la Fédération panafricaine des Cinéastes (Etalon d’or en 1995). Au niveau du Burkina, nous avons Idrissa Ouédraogo (Etalon d’or en 1991) Gaston Kaboré (Etalon d’or en 1997), et pour la nouvelle génération, Apolline Traoré et Michel Zongo », rappelle Alex Moussa Sawadogo, visiblement heureux de cette participation du Mali.

Une délégation du Comité national d’Organisation du Fespaco lors de son séjour chez le pays invité d’honneur

Faire revivre les classiques

Ouagadougou va dérouler le tapis rouge pour le Mali. Et les cinéphiles pourront re-découvrir, dès le dimanche 26 février au Ciné Burkina, à partir de 10h, le film « Finyè » qui a permis à Souleymane Cissé de soulever son deuxième Étalon d’or de Yennenga. Ce film fait partie de la section « Fespaco Classics », qui est selon le Fespaco, la section « où se lit l’histoire de la création cinématographique africaine ».

C’est donc une section rétrospective qui regroupe les films classiques restaurés numériquement comme « Yam Daabo » du maestro Idrissa Ouédraogo ou encore « Mandabi » du géant Sembène Ousmane.

Outre la projection de son film, Souleymane Cissé animera, aux côtés d’un autre monument du cinéma africain, Gaston Kaboré, une master class sur la fiction. Ce sera le 28 février, à la petite salle de la mairie de Ouagadougou.

Selon le Délégué général du Fespaco, Moussa Alex Sawadogo, le Mali et le Burkina sont de grandes nations du cinéma africain

Six films en compétition dans trois sections

Sur les 1 200 films visionnés par le comité de sélection des films au Fespaco, l’on dénombrait 50 films du Mali. Après visionnage, une dizaine de films dont six retenus pour la compétition officielle. Quels sont ces films ?

Tout d’abord, nous avons « Fanga » (Le pouvoir) de Fousseyni Maïga, en compétition dans la section « Séries ». Fousseyni Maiga est depuis mai 2022, le directeur général du Centre national de la cinématographie du Mali, la cheville ouvrière de la politique du cinéma malien. Jeune et talentueux cinéaste, il est le réalisateur de plusieurs autres films à succès dont « Le voile secret », la série télévisée « Bamako News », « Les roues du destin », « Djenné les soldats de la terre », pour ne citer que ceux-là.

Ensuite, dans la section court-métrage documentaire, le Mali est représenté par « Les Cavaliers de Tonka » réalisé par Mohamed Dayfour Diawara. Ce film parle de la célèbre course annuelle qui a lieu dans la commune de Tonka et qui réunit plusieurs cavaliers, malgré le contexte sécuritaire difficile. Mohamed Dayfour Diawara est également le réalisateur de « Les fourmis de Djenné » en 2019 et du court métrage « Le rêve d’Enzo », une fiction présentée au Fespaco 2015 dans la catégorie « Films des écoles de cinéma ».

Souleymane Cissé, double lauréat de l’Etalon d’or de Yennenga va coanimer une master class en Fiction avec Gaston Kaboré

Enfin, il y a la section « Film d’animation » qui compte le plus grand nombre de films maliens en compétition à ce 28e Fespaco. On y trouve « Fadi le village de transformer » de Cheick Ouattara, « L’affront » de Negueba Traoré, « On The Surface / En Surface » de Fan Sissoko et « Paya et Koulou » de Dramane Minta.

Panorama sur « Les Voix croisées »

Le film « Xaraasi Xanne / (Les Voix croisées) », est logé dans la section « Panorama », une section hors-compétition qui concerne les films retenus en sélection officielle pour leur qualité, mais qui ne répondent pas aux critères stricts du Fespaco. « Xaraasi Xanne / (Les Voix croisées) » est un documentaire réalisé par Bouba Touré, décédé en janvier 2022, et Raphaël Grisey. Il raconte à partir d’archives cinématographiques, photographiques et sonores, l’aventure de Somankidi Coura, une coopérative agricole fondée au Mali, en 1977, par des travailleurs immigrés vivant en France. Bouba Touré, membre fondateur de la Somankidi Coura, a été projectionniste de cinéma et photographe en France.

Fousseyni Maiga est l’un des réalisateurs les plus prolixes du Mali

Une dizaine de films non en compétition

A cette 28e édition du Fespaco, les cinéphiles pourront également découvrir, du 26 février au 2 mars, dans les salles de la mairie centrale de Ouagadougou, une dizaine de films maliens qui ne sont pas en compétition. Il s’agit de « Le train du retour » de Oumar N. Sinenta, « Yéféké », un film de Salif Traoré, « M’bow-le cancer du sein » de Soungalo Traoré, « Afro Stars 22 » de Boubacar Gakou Touré, « Balkissa » de Aïda Mady Diallo, « Tane » de Alioune Ifra N’diaye, « Hommage d’une fille à son père » de Fatou Cissé, « Policikè » de Toumani Keita, « 365 Jours au Mali » de Ladj Ly et Benkoro Sangaré, « Sira/Sur la route » de Fousseyni Maiga et « Zabou (Etoiles des sabres) », de Abdoulaye Ascofare.

Trois Maliens dans des jurys

Le Mali au Fespaco, ça ne se passe pas qu’à l’écran. Outre les films qui seront projetés, il faut noter que des fils de ce pays frère du Burkina seront sollicités dans différents jurys. En long métrage fiction, l’on retrouve l’artiste plasticien Abdoulaye Konaté. Ce jury, rappelons-le, est présidé par la Tunisienne Dora Bouchoucha Fourati, qui co-animera un master class en Production avec le Sud-africain Steven Markovitz.

« Les voix croisées » réalisé Raphael Grisey et Bouba Touré est dans la section hors compétition Panorama

Le réalisateur Toumani Sangaré, lui, fait partie des cinq membres du jury de la section “Séries TV et Animation”, présidé par l’Antillais d’origine ivoirienne Gnama Baddy Dega.

Quant au réalisateur Andrey Diarra, il fait partie du jury de la section “Films d’écoles”, présidé par le Cap-verdien Pedro Soulé.

La réalisatrice, l’aspirante et le producteur maliens

En parcourant la liste définitive des candidats et des projets retenus pour la première édition du marché de coproduction dénommé « Yennenga Coproduction 2023 », l’on retrouve deux Maliens. Il s’agit de Aïda M. Diallo et son film « Aminata », produit par Eric Stevance, et « La fresque des oubliées » du Gabonais N’Koulou Amédée Pacôme, produit par le Malien Andrey Diarra. Notons que « Yennenga Coproduction 2023 » est dédié aux projets de films de fiction longs métrages en recherche de producteurs et coproducteurs notamment des partenaires financiers.

Le réalisateur malien Boubacar Gakou Touré, avec son documentaire « Klema », fait partie des huit candidats dont les projets ont été retenus pour la deuxième édition des Ateliers Yennenga. Sa compatriote, Assetou Koné, fera partie des 22 jeunes aspirants aux métiers du cinéma, venant du continent africain de la diaspora, et qui prendront part à l’atelier Yennenga Academy.

Le réalisateur et producteur malien Andrey Diarra, membre du jury « Films d’écoles de cinéma » va produire « La fresque des oubliées » du Gabonais N’Koulou Amédée Pacôme

Avec le Mali, les cinéphiles ne vont pas se tourner les pouces à la 28e édition du Fespaco. Des courts-métrages, des longs métrages, des documentaires, des films d’animation, une master class… chacun trouvera son compte. Comme le disait le réalisateur, producteur et acteur, Clint Eastwood : « La beauté du cinéma, c’est de pouvoir tenter quelque chose de différent ».

Fredo Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net