Le Burkina Faso est entre « les griffes » du terrorisme depuis 7 ans maintenant. Dans ce contexte de dégradation accrue de la situation sécuritaire, la liberté d’expression doit-elle être respectée ou pas ?

Les Burkinabè sont connus pour leur lutte pour la liberté en général et celle d’expression en particulier. Cependant, le pays traverse une dure crise sécuritaire. Sur les réseaux sociaux et dans des espaces publics, on assiste à des propos de haine, à des injures et même à des menaces de mort à l’encontre de certaines personnes, pour leur prise de position face à certains sujets.

Sur cette question de liberté d’expression, les avis divergent. Pour le directeur de publication du journal L’Evénement, Serge Oulon, c’est une très bonne chose de donner son avis. Il pense que la liberté d’expression participe à la vitalité de la vie démocratique. Selon lui, dans ce contexte de crise, la liberté d’expression permet aux gens de se défouler. Mais il a rappelé que la liberté d’expression a aussi ses limites, parce qu’au nom de la liberté d’expression, une personne ne peut pas appeler à la violence. « Tout le monde est libre de dire tout ce qu’il veut, dans les limites de ce que la loi dit », a évoqué le journaliste.

Le directeur de publication pense que si la loi est appliquée, les gens vont « se tenir à carreau ». Il estime que c’est parce que la loi n’est pas appliquée que certaines personnes se permettent d’abuser de leur liberté d’expression. « Que chacun puisse jouir de sa liberté dans les limites de la loi », a conclu M. Oulon.

Lazare Bakouan, enseignant, reconnaît que la liberté d’expression est un principe constitutionnel et que tout citoyen a le droit de s’exprimer sur un sujet d’intérêt général. « Mais notre pays traverse l’un des pires moments de son histoire, notamment le conflit armé avec des conséquences aussi désastreuses. Il est vraiment malheureux de voir des individus, voire des médias, qui incitent souvent à la violence et au meurtre. Parfois, les populations elles-mêmes participent à faire l’apologie du terrorisme, par pure ignorance ou simplement par méchanceté ou haine envers les dirigeants. On ne peut pas permettre une totale liberté d’expression dans un pays qui se ruine dans une guerre idiote », martèle l’enseignant. Selon lui, le gouvernement doit instaurer des règles dans ce contexte d’insécurité pour limiter la liberté d’expression.

« Actuellement, le pays est dans une situation très critique. Je pense que les autorités doivent restreindre la liberté d’expression. Souvent, sur les réseaux sociaux, on a l’impression que des personnes communiquent pour les terroristes. Même sur les plateaux de télévision, les interventions de certaines personnes amènent à croire que ces personnes sont avec l’ennemi. Or, dans cette lutte, nous devons avoir des propos qui galvanisent nos soldats et non des propos qui les démoralisent », estime de son côté l’étudiant Moussa Kaboré.

Dans ce contexte difficile, le jeune homme invite les autorités à prendre leurs responsabilités pour éviter les « dérapages ». Il exhorte les Burkinabè à rester soudés et unis pour affronter l’ennemi.

Ramata Diallo

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