« À l’heure où plus de 85 % de la population mondiale est sur le point de vivre sous le poids de mesures d’austérité en 2023, le bilan actuel déjà catastrophique va s’aggraver, d’autant plus que les gouvernements ont manifestement bien d’autres priorités », alerte l’organisation humanitaire Oxfam dans son dernier rapport intitulé « l’austérité : aussi une question de genre ».

« L’austérité n’est pas seulement une politique genrée ; c’est aussi un processus genré dans sa quotidienneté, la façon dont elle imprègne la vie quotidienne des femmes en particulier : dans leurs revenus, leurs responsabilités en matière de soins, leur capacité à accéder à des services aussi essentiels que la santé, l’eau et le transport, ainsi que dans leur sécurité générale et l’absence de violences physiques à leur encontre à la maison, au travail et dans la rue », a signifié Amina Hersi.

En effet, selon le rapport publié par Oxfam, les femmes sont doublement touchées par les coupes dans les services, la protection sociale et les infrastructures. D’abord directement, à cause de l’inflation et des pertes d’emploi, puis indirectement, car elles sont amenées à jouer le rôle d’« amortisseurs » de la société. « On attend d’elles qu’elles survivent et prennent soin de tout le monde lorsque l’État se retire », peut-on lire dans le rapport.

Dans un contexte où plus de 60 % des personnes qui souffrent de la faim au niveau mondial sont des femmes, le Fonds monétaire international (FMI) a exigé de neuf pays (dont le Cameroun, le Sénégal et le Suriname), qu’ils introduisent ou augmentent la taxe sur la valeur ajoutée, qui s’applique souvent à des produits courants comme les denrées alimentaires. Oxfam, pour sa part, recommande un impôt progressif sur la fortune des riches. Selon les estimations de l’organisation, cela permettrait de générer près de 1 000 milliards de dollars de plus que les coupes budgétaires annuelles que les gouvernements envisagent à partir de 2023.

Le rapport a également émis d’autres recommandations. Oxfam exhorte les gouvernements à en finir avec l’austérité et à trouver des solutions alternatives comme la budgétisation féministe et la fiscalité progressive visant à financer les services publics et la protection sociale universelle. Cela permettrait de mettre les besoins spécifiques des femmes et des filles au cœur de leurs politiques.

L’organisation les appelle également à offrir un travail décent grâce à la pleine application des normes du travail de l’Organisation internationale du travail, y compris pour les femmes travaillant dans l’économie informelle et dans l’économie des soins.

Quant au FMI, Oxfam l’invite à arrêter d’imposer des mesures d’austérité « économiques douloureuses et vouées à l’échec et à suspendre les conditions fondées sur l’austérité dans tous les programmes de prêts en cours ».

Lefaso.net

Source: LeFaso.net