Le problème des litiges fonciers au Burkina Faso fait des victimes qui ne se comptent plus. Face à la persistance du phénomène, la Coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL) a, dans l’optique de faire bouger les lignes, tenu un point de presse ce mardi 24 mai 2022 à Ouagadougou.
Face à la recrudescence des litiges fonciers, la CADDL, par la voix de son secrétaire général Pama Nébié, est montée au créneau pour crier son mécontentement. Selon elle, ce problème qui fait rage depuis belle lurette a atteint un point culminant avec le régime de Roch Marc Christian Kaboré (RMCK), qui a profité de la situation pour se faire élire à coups de promesses, envenimant du même coup la situation qui était déjà catastrophique depuis l’ère Compaoré.
« Après son accession au pouvoir, le président RMCK à travers ses commis, n’a réalisé aucune promesse, aucune réforme concrète ! Pire, il s’est inscrit dans la même veine que le pouvoir Compaoré en arrachant la terre des mains des pauvres, pour la confier aux riches. Le pillage du foncier, notamment par les sociétés immobilières, était devenu la règle de sa gouvernance, avec plus 200 sociétés créées sous son régime, en moins de 5 ans ».
Avec l’avènement du coup d’Etat et la prise du pouvoir du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) avec à sa tête le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, la CADDL qui avait espoir que le problème relèverait de l’histoire ancienne, est tout de suite redescendue de son nuage car dit-elle, « plus de cent jours après sa prise de pouvoir, le lieutenant-colonel Damiba n’a toujours pas une feuille de route claire par rapport à la gestion du foncier ».
- « Si on ne se penche pas très vite sur la question du foncier, la situation va s’aggraver », s’indigne le secrétaire général de la CADDL, Pama Nébié
Les militants de la CADDL assistant à la conférence de presse
La coalition souligne qu’en dehors des quelques arrestations pour des malversations foncières faites dès les premières heures du coup d’Etat, la situation n’a pas bougé d’un cran. « Les pilleurs de nos parcelles, même ceux nommément cités dans les rapports publics, continuent de narguer les victimes et les honnêtes citoyens », poursuit-elle avant de conclure que « cela traduit peut-être le fait que la bonne gestion du foncier et du logement est loin d’être une priorité du MPSR ».
Ainsi, face au « silence assourdissant des autorités », la CADDL a décidé de se mettre au pas afin de stopper l’hémorragie. Elle « appelle ses militants et la population de Ouagadougou et des communes rurales à exiger de la transition des réponses satisfaisantes. Par ailleurs, elle exige des autorités, des audits sérieux de la gestion du foncier par les maires sous les pouvoirs Kaboré et Compaoré, ainsi que soit donné suite aux conclusions du rapport d’enquête parlementaire sur le foncier de 2016. Enfin, elle exige des reformes notamment sur l’apurement du passif, demande l’abrogation de la loi 057-2008 portant promotion immobilière, et réclame que soit effectuée la relecture concertée et consensuelle de la réorganisation agraire et foncière. »
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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