Quelles sont les mesures immédiates prises et les interventions urgentes envisagées par le gouvernement pour sécuriser les régions mises à mal et redonner espoir aux populations des provinces meurtries, particulièrement à l’approche de la saison des pluies ? Quelles sont les mesures et actions urgentes prises ou envisagées pour sécuriser les infrastructures, les services de l’administration, les écoles et pour garantir le retour indispensable des autorités provinciales et des responsables des services administratifs dans leurs localités respectives ?

Telle est la question orale à double volet adressée au gouvernement par l’Assemblée législative de transition, ce mardi 17 mai 2022, à travers les deux ministres en charge de la défense et de la sécurité. Au-delà de la préoccupation précise, les députés de l’Assemblée législative de transition ont eu droit à un exposé général sur la vision sécuritaire, les actions posées, celles en cours et les perspectives, suivi des assurances du ministre en charge de la défense, le général de brigade Barthélémy Simporé : « Le gouvernement a la conviction que nous sommes sur le bon chemin et que les différentes approches stratégiques et opérationnelles en cours et en perspectives permettront bientôt d’atteindre le point de bascule et de voir poindre progressivement une embellie sécuritaire ».


Au prétoire pour ce devoir de redevabilité du gouvernement vis-à-vis des populations à travers cette action de contrôle de l’Assemblée législative de transition (ALT), le ministre d’Etat, ministre de la défense et des anciens combattants, le général de brigade Barthélémy Simporé. Il représentait également le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité. Aux côtés du général Simporé, tout le gotha des Forces de défense et de sécurité ; entre autres, le patron de la gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Évrard Somda et le chef d’état-major général des armées, le colonel-major David Kabré.

C’est dans ce décor que le député B. Bonaventure Traoré, porteur de la question pour le compte du groupe constitué Forces-vives des régions, a déroulé la préoccupation. Ainsi, après avoir décrit la situation particulièrement difficile dans certaines régions, le député B. Bonaventure Traoré a souhaité savoir les mesures immédiates prises et les interventions urgentes envisagées par le gouvernement pour sécuriser les régions mises à mal et redonner espoir aux populations des provinces meurtries, particulièrement à l’approche de la saison des pluies ? Aussi a-t-il requis les mesures et actions urgentes prises ou envisagées pour sécuriser les infrastructures, les services de l’administration, les écoles et pour garantir le retour indispensable des autorités provinciales et des responsables des services administratifs dans leurs localités respectives.

Dans sa réponse, le ministre d’Etat, ministre de la défense et des anciens combattants, le général de brigade, Barthélémy Simporé, a d’abord rappelé que la transition en cours a fait de la question sécuritaire, la « priorité absolue » de son agenda. Le général Simporé est aussi revenu sur le message à la nation du chef de l’Etat, qui déclinait sa vision de la lutte contre le terrorisme, articulée sur une double approche fondée à la fois sur l’action militaire de coercition des forces et une offre de dialogue avec les combattants nationaux enrôlés au sein des groupes armés.

« Dès les premiers jours de l’avènement du MPSR, le chef de l’Etat avait pris l’ordonnance…portant création d’un commandement des opérations du théâtre national », rappelle-t-il, précisant que cette réorganisation opérationnelle vise, entre autres, à unifier le commandement opérationnel afin d’assurer une meilleure coordination des actions des différentes forces sur le terrain.

Toujours dans le rappel des actions, le ministre de la défense et des anciens combattants, le général de brigade Barthélémy Simporé a fait un retour sur la mise en place d’une Task-Force, chargée d’opérationnaliser la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et dont la mission consiste à finaliser le processus d’approbation de la stratégie, en prenant en compte la mise en cohérence avec les autres stratégies nationales concourant à la lutte contre le terrorisme.

« Le rappel de ces actions permet de mettre en lumière l’ensemble des efforts que déploie le gouvernement dans la réponse aux défis sécuritaires posés par le terrorisme et dans le prolongement desquels, s’inscrivent les réponses aux deux volets de la question orale. Cependant, comme on l’a toujours dit, notre volonté de satisfaire l’obligation de redevabilité démocratique et d’informer sainement les citoyens burkinabè est malheureusement contrariée par la nécessité de préserver la confidentialité de certains volets des actions que nous menons. Je voudrais, par conséquent, solliciter votre indulgence pour cette précaution opérationnelle de confidentialité, qui constitue un impératif de succès des opérations », a-t-il circonscrit avant d’apporter des réponses à proprement dites aux préoccupations soulevés par la question orale.


« Sur plusieurs régions du pays, des actions sont en cours … »

Ainsi, sur le premier volet de la question, M. Simporé apprend que l’état-major général des armées, le commandement des opérations du théâtre national et les commandements des forces de sécurité intérieures sont actuellement et activement engagées dans un processus de réorganisation opérationnelle à la fois structurelle et territoriale. Cela vise à, précise-t-il, réaliser, à terme, une densification du théâtre par un maillage adapté qui combine les unités des forces armées nationales, de la gendarmerie nationale, de la police nationale, des eaux et forêts, des douanes, de la garde de sécurité pénitentiaire, des volontaires pour la défense de la patrie.

« Ce processus est très avancé, et aboutira à terme à la réalisation d’une capacité optimale de contrôle de notre espace de souveraineté nationale. La ré-articulation capacitaire des Forces de défense et de sécurité (FDS) est donc amorcée en termes de ressources humaines à mobiliser, de potentiel opérationnel à optimiser, d’équipements modernes et d’innovations technologiques à réaliser et de forces morales à développer. De même, un nouveau concept d’emploi des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) a été élaboré et sera mis en œuvre. Parallèlement à cette réorganisation capacitaire, plusieurs opérations sont planifiées pour faire face à la dynamique d’intensification des attaques observées ces derniers temps au niveau des groupes armés terroristes. Sur plusieurs régions du pays, des actions sont en cours dans un cadre national ou conjointement avec des forces de pays voisins. En dépit des attaques très meurtrières subies ces derniers temps, les Forces de défense et de sécurité et les VDP infligent également de lourdes pertes aux groupes armés terroristes. Les actions de sécurisation des différentes localités portent sur : la poursuite de contrôle de zones (un terme militaire, mais qui a un contenu bien précis) sur tout le territoire national à travers des patrouilles, des escortes de convois, la sécurisation d’écoles, de marchés et de lieux de culte ; le renforcement de la lutte contre les activités alimentant le terrorisme, à savoir l’orpaillage illégal, la fraude de carburant, la vente de bétail, la distribution de l’engrais chimique, le bradage des ressources forestières, etc. ; le renforcement de la coopération opérationnelle bilatérale (à ce propos, nous venons de terminerl’opération Tanli avec la République sœur du Niger et nous relançons la coopération opérationnelle avec les pays frères du Mali, du Bénin, du Togo et de la Cote d’Ivoire) ; la nomination de gouverneurs militaires dans les régions à fort défi sécuritaire pour contribuer à une meilleure coordination opérationnelle des actions ; le renforcement de l’appui aux actions humanitaires (les unités militaires ont appuyé des escortes de camions de vivres à Titao, Djibo, Tin-Akoff, Mansila, Pama, etc.) », a détaillé le ministre en charge de la défense nationale.


Pour ce qui est du second volet de la question, le général Barthélémy Simporé a rappelé que dès l’entame de l’action gouvernementale, le Premier ministre a demandé à l’ensemble des membres du gouvernement de recenser les préoccupations sécuritaires prioritaires à résoudre, afin que des solutions urgentes y soient apportées. « Sur cette base, plusieurs sessions de conseils de cabinet ont été tenues pour examiner ces préoccupations et à la suite desquelles, des réunions techniques ont eu lieu entre les techniciens des ministères et les opérationnels (ici représentés) du Commandement des opérations du théâtre national, en vue de formuler des approches de solutions », explique le membre du gouvernement.

« Une nation unie est une armée invincible, une nation divisée est une proie facile pour l’ennemi »

Selon ses explications, plusieurs « décisions fortes » ont déjà été prises, ou sont envisagées, dans le sens de tarir les sources de financements du terrorisme et de réduire leurs moyens d’action, protéger les infrastructures socio-économiques afin de renforcer la résilience des populations et des administrations dans les localités. Dans ce chapitre, on note, et entre autres, la consolidation des acquis opérationnels par le retour des forces de sécurité intérieures dans certaines localités, la poursuite du maillage sécuritaire et militaire, l’appui à la réhabilitation d’infrastructures (l’ONEA : Office national de l’eau et de l’assainissement, à Djbo et Gorom-Gorom ; les téléphonies-mobiles ; l’électricité, etc.).

En dépit des efforts consentis par le gouvernement et les Forces de défense et de sécurité, dit le général Barthélémy Simporé, la situation demeure préoccupante dans certaines régions. Cela souligne, indique-t-il, la nécessité d’une rapide montée en puissance des Forces de défense et de sécurité et leurs supplétifs à travers le processus de réorganisation qui est en cours.


« Les mesures de réponses décrites sont celles de l’urgence. (…). Cependant, il importe de partager avec vous, la conviction qui est celle du gouvernement : aucune réponse urgente n’est pertinente que si elle s’inscrit dans une approche structurelle globale et cohérente. C’est pourquoi, il nous importe d’opérationnaliser au plus vite, la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et l’ensemble des stratégies concourantes. La Task-Force, que vous avez eu l’occasion de recevoir dans votre institution pour une séance de consultation, est à pied d’œuvre pour y parvenir et très bientôt, des décisions fortes seront prises dans le sens de la mobilisation générale et de l’intensification de la lutte dans ses différentes dimensions holistiques. La stratégie nationale proposée pour lutter contre le terrorisme décline une vision stratégique claire : définir des axes stratégiques de réponses holistiques et propose un plan d’actions pour les réaliser. La Task-Force proposera également un catalogue d’actions prioritaires à mettre en œuvre pour apporter des solutions spécifiques urgentes. Tout cela permet au gouvernement de satisfaire aux impératifs de l’urgence, de certaines réponses tout en s’inscrivant dans une approche structurelle rationnelle plus globale à travers l’adoption d’un référentiel stratégique qu’est la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme », exalte le ministre d’Etat, ministre de la défense et des anciens combattants, le général de brigade Barthélémy Simporé.

Il a réitéré l’appel du gouvernement aux Burkinabè, qui ont pris les armes contre leur pays, à saisir l’offre de dialogue offerte, pour réintégrer la patrie-mère et bénéficier de conditions de réinsertion sociale en déposant les armes.

« Le gouvernement a la conviction que nous sommes sur le bon chemin et que les différentes approches stratégiques et opérationnelles en cours et en perspectives permettront bientôt d’atteindre le point de bascule et de voir poindre progressivement une embellie sécuritaire. Certes, certains coups que nous subissions semblent remettre en cause nos efforts et semer le doute dans l’esprit de nos concitoyens. Je voudrais saisir cette opportunité pour renouveler l’appel du gouvernement à la mobilisation générale, ; à l’unité d’action de notre nation. J’insiste là-dessus : contre la violence terroriste, l’union de tous les fils et filles de notre mère-patrie autour du gouvernement de transition des Forces de défense et de sécurité est une condition nécessaire à la victoire. Notre cher Faso se trouve à un moment très critique de son histoire post-indépendance. L’enjeu sur lequel s’est engagée la transition est tel qu’aucun sacrifice ne sera de trop pour sauver la nation. Unis, nous remporterons la victoire. Assurément ! Mais désunis, nous la perdrons fatalement. Une nation unie est une armée invincible, nous en sommes convaincus. Mais une nation divisée est une proie facile pour l’ennemi », a-t-il lancé.


Une explication dont s’est dit satisfait l’auteur de la question. « Je dois dire que les réponses ont été satisfaisantes. Elles ont permis de mieux comprendre ce qui se fait présentement, aussi bien au niveau de la conception qu’au niveau de l’organisation du théâtre national des opérations que ce qui se fait également de façon spécifique dans certaines provinces. Bien entendu, le gouvernement ne pouvait pas entrer dans les détails, dans les précisions de façon spécifique au niveau de chaque province et de chaque région et cela, nous le comprenons », a, au sortir de la plénière, confié député B. Bonaventure Traoré.

De l’avis du représentant des Forces-vives des régions, député B. Bonaventure Traoré, toutes les initiatives qui peuvent être développées par le gouvernement, les responsables communautaires, les religieux, les autorités traditionnelles, les chefs de villages… « sont de bonne augure et sont les bienvenues ».

Oumar L. Ouédraogo

Erwan Compaoré (stagiaire)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net