Il y a un mois, le 11 avril 2022, le nouveau ministre du commerce, du développement industriel et des petites et moyennes entreprises, devant la presse montrait comment le gouvernement se battait contre la flambée des prix et supportait l’effort, le fardeau du prix de l’essence. Dans l’euphorie et l’autosatisfaction, le ministre vantait le Burkina qu’il couvrait de lauriers de champion pour des résultats pas si triomphaux en matière du prix de l’essence.

La danse de célébration du ministre Tall n’aura duré que quelques jours, la réalité dure et choquante est venue gifler ceux qui se sont laissé subjuguer par les bons mots. A peine un militaire installé dans le siège de directeur de la Sonabhy, que le conseil des ministres a pris la décision le 11 mai 2022, d’augmenter le prix de l’essence. Le gouvernement a-t-il pensé aux conséquences sociales de cette augmentation ? Comment va-t-il gérer les répercussions sur les prix des autres produits de première nécessité dans un contexte de crise sécuritaire et alimentaire ?

Pourquoi faut-il que les ministres se sentent obligés de farder le pays d’atouts et de beautés pour dire qu’ils l’aiment ou qu’ils travaillent bien pour lui ? Le dernier à s’essayer à cet exercice cosmétique était le ministre du commerce. Il nous demandait de partager avec lui cette opinion « Dans l’UEMOA et l’espace CEDEAO, on est tous d’accord que le Burkina Faso possède le prix du carburant le moins cher. (…) Le gouvernement fait un grand effort ». C’était le 11 avril 2022 à Ouagadougou vous pouvez le consulter ici : https://lefaso.net/spip.php?article112577.

Cette assertion n’était pas exacte et l’est encore moins aujourd’hui avec l’augmentation de 100F CFA sur le prix du litre d’essence qui était de 615 FCFA. Si le Burkina Faso n’avait pas le litre d’essence le plus cher, ce n’était pas le pays où il coûtait le moins cher dans la sous-région. Nous n’étions pas les plus chers, ce qui ne fait pas de nous automatiquement les premiers.

Regardons un tableau pour mieux comprendre

Ces chiffres viennent des sites sikafinances.com et koaci.com

Les temps sont durs pour le Burkina

Maintenant que le mal est fait, le gouvernement, au lieu d’annoncer cette seule augmentation qui va déclencher d’autres hausses, aurait dû négocier avec les autres secteurs de l’économie, comme les boulangeries qui réclamaient depuis longtemps la négociation et on les houspillait et les transports pour que les augmentations restent dans les proportions de l’augmentation du prix de l’énergie.

Certaines augmentations déjà annoncées dans le transport sont bien au-delà des 16,26% du prix de l’essence. Dans les meilleurs des cas, elles sont à 20%. Le gouvernement a-t-il négocié ces hausses ? En se présentant comme un gouvernement qui lutte contre la hausse des prix et en lâchant la bride au contrôle brusquement, c’est le consommateur qui est lâché en plein vol, sans parachute, comme dirait quelqu’un.

Les négociations avec les différentes branches de l’économie auraient dû commencer avec le début de la guerre Russie-Ukraine, car ce qui est arrivé était prévisible et tous nos voisins les plus avisés ont ajusté les prix de l’essence au moins un mois avant nous.

C’est véritablement un moment d’impopularité pour le gouvernement qui va s’ouvrir avec les augmentations. Ce ne sont pas des périodes à prendre à la légère pour un pays coutumier des émeutes et des insurrections. Le seul moyen de calmer la colère grandissante que la montée des prix va déclencher, c’est d’offrir des résultats sur le plan sécuritaire. C’est créer du sens qui va fouetter le patriotisme et la cohésion sociale.

Mais quand rien ne va, et surtout au plan sécuritaire, il est difficile d’entendre raison. Les Burkinabè ont le sentiment aujourd’hui d’avoir une maison dans laquelle les bandits et les terroristes sont les véritables maîtres qui font ce qu’ils veulent et aucune poule ne quitte ses œufs qu’elle couve. Notre armée doit faire quelque chose pour que l’ignominie de Nouna ne se reproduise pas.

Les terroristes sont rentrés à Nouna et ont pris le contrôle de la ville pendant cinq heures sans que personne ne vienne au secours de la capitale de la Kossi, sauf comme toujours les braves VDP (Volontaires pour la défense de la patrie). Comment créer la confiance quand de tels actes se produisent et se répètent. Les temps sont durs pour le Burkina, et on aimerait que tout le monde surtout ceux qui sont en responsabilité en prennent conscience.

Sana Guy

Lefaso.net

Source: LeFaso.net