Jadis réputée pour ses immenses potentialités agro-sylvo pastorale, cynégétique, halieutique et ayant l’un des plus grands barrages hydro-électriques du pays, la province de la Kompienga, située à 105 km de Fada N’Gourma, capitale de la région de l’Est, est aujourd’hui un sanctuaire des terroristes avec son lot de tueries et de milliers de déplacés internes. C’est l’annonce faite par la coalition des ressortissants de cette localité aux médias, le dimanche 13 mars 2022 à Ouagadougou.
« Aujourd’hui, la province de la Kompienga, s’amenuise, s’étiole et risque de disparaître de la carte du Burkina Faso si rien n’est fait dans les jours qui suivent. L’administration publique a foutu le camp des trois communes qui composent la province, laissant le libre champ aux terroristes qui imposent leur diktat. L’éducation est morte depuis longtemps dans la province, les élèves sont livrés malgré eux au vagabondage risquant du coup de gonfler le rang des terroristes. Même la direction en charge de l’action sociale a fermé ses portes », a dépeint le porte-parole de la coalition, Bassirou Badjo.
Il a expliqué que depuis quelques semaines, l’étau se resserre autour de la ville de Pama du fait du blocus des hommes armés « Après avoir sauvagement procédé à l’interruption totale de tous les réseaux de téléphonie mobile, les terroristes sont montés d’un cran en sabotant des poteaux électriques, plongeant de ce fait les populations dans une obscurité totale et dans une anxiété jamais vécue. »
Les Forces de défense et de sécurité impuissantes ?
Selon les dires du conférencier, les terroristes se sont arrogé le droit de vie et de mort sur ces populations qui vivent sous leur férule « Oui, les groupes armés décident de comment et de qui doit vivre dans la province de la Kompienga », martèle-t-il. De ce fait, il a rappelé que la scène la plus obscène et récente, est le viol de deux femmes PDI sur l’axe Nadiagou-Pama alors que ces dernières se rendaient à Pama à la recherche de vivres. « Nous sommes complètement abandonnés par nos autorités. Nos forces de défense et de sécurité sont impuissantes devant l’ennemi. Elles ne résistent pas aux attaques terroristes », affirme Bassirou Badjo.
- Des journalistes présents à la conférence de presse
Face à ce sombre tableau qui fait planer le spectre de l’apocalypse sur ces populations qui ne cherchent qu’à survivre, les natifs de la province trouvent qu’il est inconcevable, voire inadmissible, de garder le silence. C’est pourquoi, dit M. Badjo, « nous demandons à nos plus hautes autorités, avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà tard, de sauver le reste des populations dont les âmes sont encore en vie en donnant des réponses urgentes à la catastrophe humanitaire qui y sévit.
Elle n’est pas une supputation, mais un fait majeur, une réalité. Il y a rupture de l’approvisionnement en eau. L’ONEA, n’est plus fonctionnel, seuls les puits et les pompes à usage manuels fonctionnent. Des aliments de première nécessité manquent dans les boutiques. Les services publics sont aux arrêts, excepté quelques ONG qui essaient encore tant bien que mal de récupérer certaines vies en voie de succomber ».
Les membres de la coalition estiment qu’une seconde opération militaire peut redonner espoir à des populations durement éprouvées. « Nous demandons une seconde opération ‘’OTAPOUANU » ponctuelle et durable afin de nettoyer et purifier la zone pour qu’elle retrouve sa quiétude d’antan. Qu’à la suite de cette opération, des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) en nombre important soient recrutés, formés et armés conséquemment pour assurer une autodéfense pérenne et travaillant en synergie avec l’ensemble des forces de défense et de sécurité. Que les autorités rendent fonctionnel le CMA afin de pouvoir soigner convenablement ceux qui sont dans le besoin. Que les autorités acheminent une aide alimentaire d’urgence au profit de ces déplacés ».
Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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