L’ambassade de France au Burkina a, ce vendredi 11 mars 2022 à Ouagadougou, commémoré la journée nationale et européenne d’hommage aux victimes du terrorisme. Devoir de mémoire collective à toutes les souffrances endurées par les victimes du terrorisme et des attentats commis aussi bien au Burkina qu’à l’étranger, la commémoration a été marquée par une conférence de presse co-animée par l’ambassadeur de France, Luc Hallade, et le général Laurent Michon, commandant de la force Barkhane sur la réarticulation du dispositif français dans le Sahel.
Cette date fait référence au 11 mars 2004 (la commémoration a commencé en 2005) ; et à l’attentat terroriste de la gare d’Atocha (Madrid) qui a fait 192 morts et plus de 1 500 blessés. Elle a été la plus meurtrière en Europe. Depuis cette date, justifie l’ambassadeur de la France au Burkina, Luc Hallade, l’Europe, tout comme le Sahel, le Burkina en particulier, ont été endeuillés par des actes terroristes d’une violence extrême dans chacun des pays, quasiment. Cette commémoration est donc ce que l’Europe souhaite faire en hommage et en mémoire de toutes les souffrances qui ont été endurées par toutes les victimes du terrorisme au Burkina comme ailleurs.
La date du 11 mars est commémorée en France comme journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme pour la première fois en 2020 (après avoir été décrété le 7 novembre 2019). Elle représente donc la journée nationale et européenne de commémoration des victimes du terrorisme.
- Dépôt des gerbes
A la résidence de France, le cérémonial a été essentiellement marqué par l’exécution des hymnes nationaux du Burkina et de la France, un dépôt de gerbes, suivis d’une conférence de presse co-animée par l’ambassadeur de France, Luc Hallade, et le général Laurent Michon, commandant de la force Barkhane sur la réarticulation du dispositif français dans le Sahel. La commémoration a enregistré la présence du gouvernement burkinabè, à travers le ministre de la communication, de la culture, des arts et du tourisme, Valérie Kaboré, et celui de la défense et des anciens combattants, représenté au cérémonial.
Au cours de cet échange avec la presse, le général Laurent Michon est revenu sur les contours du retrait de la force Barkhane du Mali.
Selon le commandant de la force anti-terroriste, le processus de retrait au Mali a commencé dès son annonce et en coordination avec l’état-major malien, tout en évitant de laisser un vide sécuritaire et surtout être « sûr que les forces armées du Mali viendront prendre les postes de Gao, Menaka et Gossi où nous sommes déployés aujourd’hui ».
Le départ, qui concerne, outre les soldats français, les contingents italien et suédois, est prévu se faire dans un délai de quatre à six mois.
- Des ambassadeurs de l’Union européenne au cérémonial.
Selon le commandant de la force Barkhane, il ne s’agit pas d’un « repositionnement », mais simplement d’un retrait du Mali. « Il ne s’agit pas de se repositionner au Niger. Il s’agit de se retirer du Mali. Les contingents italien, suédois, français qui partent du Mali vont rentrer en Europe. Un dispositif pourra par la suite être adapté au Niger à la demande des autorités militaires nigériennes…, une fois que l’approbation politique du soutien occidental sera obtenue. (…). Il n’y a absolument pas de redéploiement ou de repositionnement de Barkhane au Niger », a recadré Laurent Michon.
A l’en croire, les seules opérations en cours actuellement au Mali sont relatives au retrait de la force Barkhane et à la traque des chefs terroristes. La France maintiendra au Niger, poursuit-il, « la base aérienne dans son dispositif actuel, ni plus, ni moins ».
- Le général Laurent Michon (au micro.) et l’ambassadeur s’étonnent qu’une certaine opinion puisse penser que la France arme des terroristes pour tuer des soldats africains et français.
« L’avenir de Barkhane se construira avec les capitales africaines qui le souhaitent, dans une zone qui sera étendue au Golfe de Guinée. On va continuer la lutte avec les pays qui souhaitent notre appui. Nous souhaitons continuer à rassurer les forces armées, la Minusma (mission des Nations-unies au Mali), la force du G5 Sahel, en apportant un appui par les airs ou tout autre moyen », a présenté le commandant de Barkhane.
Il a précisé que l’action de Barkhane se fera désormais dans le Sahel et dans le Golfe de Guinée, conformément à la demande de chaque pays africain et le format de chaque capitale européenne.
Réagissant à des préoccupations des journalistes à cet effet, le général Laurent Michon a affirmé que la force Barkhane est en mesure d’appuyer l’armée burkinabè si elle le demande. « Au Burkina, il n’y a aucune intention, aucune demande de redéploiement de Barkhane du Mali au Burkina. Nous sommes en mesure d’appuyer l’armée burkinabè quand et si elle le demande », a-t-il indiqué.
En novembre 2021, un convoi de militaires français, de transit au Burkina, a été bloqué pendant des jours dans la région du Centre-nord. Les manifestants soupçonnaient les Français de fournir de la logistique aux terroristes. La France ne craint-elle pas un blocage, si la logistique issue du retrait du Mali devait transiter à nouveau par le territoire burkinabè pour rejoindre l’Europe ? A cette question, l’ambassadeur de France, Luc Hallade, s’est voulu dans un raisonnement logique.
- Le ministre en charge de la communication, Valérie Kaboré (3ème à partir de la gauche) pendant la cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme.
« Je pars de l’idée que si on est complètement logique, on peut s’opposer à ce que Barkhane se ravitaille logistiquement. On devrait, au contraire, aider Barkhane à se désengager ; puisque c’est, semble-t-il, le souhait d’un certain nombre de gens qui ont manifesté à l’époque. Je reste confiant que cette logique prévaudra et qu’effectivement, les gens ne s’opposeront pas éventuellement à ce que Barkhane puisse se désengager du Mali, comme c’est souhaité. (…). S’il devait y avoir un jour, sous réserve de l’accord des autorités, de nouveaux convois qui passent (au Burkina), ça serait plutôt pour désengager les moyens militaires qui sont au Mali, notamment pour les renvoyer en Europe », a soutenu l’ambassadeur de France au Burkina.
O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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