Le Centre national de presse Norbert Zongo renoue avec le « Club de la presse », premier numéro de l’année 2022 . Pour ce numéro, vendredi, 25 février 2022, c’est l’ancien Contrôleur général d’État, enseignant en droit, Dr Luc Marius Ibriga qui a été l’invité.
Connu pour son combat pour la bonne gouvernance, Dr Luc Marius Ibriga a entretenu le public (essentiellement constitué de journalistes et de défenseurs de la bonne gestion des biens publics) autour du thème : « Etat de la corruption, situation nationale et le débat sur la constitutionnalité du nouveau pouvoir ».
Dans une première partie, l’ancien Contrôleur général d’État a dressé une cartographie de la corruption, d’où il ressort que le phénomène est systémique au Burkina. Pire, il tendait vers la « corruption institutionnalisée » (c’est-à-dire un phénomène considéré comme normal). C’est pourquoi pense-t-il qu’une initiative comme l’ « opération mains propres » se doit d’être une réalité pour éviter d’arriver à la corruption institutionnalisée.
L’ancien patron de la lutte contre la corruption a affirmé que si la gangrène avait régressé de l’insurrection populaire (octobre 2024) à 2016, elle a repris du poile de la bête à partir de 2017, du fait de l’impunité. A titre d’exemples, il rappelle que des individus, qui sont dans le viseur de la justice, continuaient de travailler dans l’administration. Cas du directeur général adjoint de la douane, William Alassane Kaboré et du directeur de cabinet du président du Faso, Seydou Zagré.
Alors que la loi stipule que dans de telles conditions, le fonctionnaire est suspendu, brandit-il.
Outre le manque de ressources pour les structures de lutte contre la corruption (l’ASCE-LC, le REN-LAC, la justice par notamment l’inconséquence dans la spécialisation des juridictions et l’équipement…), la prise tardive de certains textes d’application…, la volonté politique n’a jamais été réelle dans la lutte contre le phénomène. Si fait qu’en quelques années du pouvoir Roch Kaboré, le Burkina a atteint le niveau de corruption sous Compaoré.
Cependant, interpelle Dr Luc Marius Ibriga, la lutte contre le phénomène de corruption doit se mener dans tous les maillons de la société, pas seulement au haut niveau et/ou pour un certain seuil pécuniaire. En clair, il faut combattre les actes de corruption portant sur des millions que sur 2 000 francs. « Il faut que se développe dans la société, la culture du refus de la corruption », exige-t-il.
Dans le second volet de sa communication, Dr Ibriga a d’abord rappelé que la responsabilité de l’Armée n’est pas de conquérir le pouvoir d’État, mais plutôt de défendre le territoire national. Donc, la situation actuelle (occupation de localités par des hommes armés, ndlr) incombe également à l’Armée, situe-t-il avant de revisiter les actes jusque-là posés par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).
Sur ce point, l’enseignant en droit relève des actes qui mettent à mal la déontologie institutionnelle…, à l’image de la modalité de démission de Roch Kaboré (la lettre de démission ne devait pas être remise au MPSR), l’acte fondamental du MPSR qu’on tendait à placer au-dessus de la Constitution, la prestation de serment du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, alors que cet acte est inclu dans l’investiture.
Pour Dr Luc Marius Ibriga, c’est, désormais, sur ces deux chantiers majeurs (instauration de la bonne gouvernance et la lutte contre l’insécurité) que les autorités du MPSR sont surtout attendues par les Burkinabè.
O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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