Ils inventent et proposent des solutions aux problèmes de leur société. Les jeunes Burkinabè, entrepreneurs 2.0, ne se limitent plus à la critique, mais ont décidé de passer à l’action. Est de cette nouvelle génération, ce jeune étudiant-entrepreneur digital, armé de convictions et de visions, Harouna Sankara. Il voit le monde en rose. Son plus grand souhait, c’est que chaque étudiant burkinabè puisse allier études et travail. Promoteur d’une entreprise de marketing et de communication spécialisée dans l’information, la formation, le suivi et l’accompagnement, « Méga innovations services », l’homme est aussi formateur attitré dans plusieurs domaines. Portrait !

Si certaines personnes voient l’échec comme une fatalité, d’autres s’en saisissent comme une opportunité. Harouna Sankara fait partie de la deuxième catégorie. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est surnommé « l’homme aux multiples métiers et aux multiples surnoms ». La philosophie de celui que ses camarades appellent également « source d’inspiration et le Pr », c’est qu’il n’y pas d’échec, il n’y a que des épreuves dont on doit se servir comme tremplin. C’est cela aussi la particularité des hommes et ce qui les différencie les uns des autres. Pour l’homme aux multiples casquettes, il n’y a pas de fatalité. Il faut savoir transformer les mauvaises situations en opportunités et c’est gagné !

Zoom sur la création d’UOi24, cette plateforme devenue incontournable dans le monde estudiantin

Tout est parti d’un devoir raté par manque d’information et pour lequel l’intéressé aurait pu pleurnicher comme nombre d’apprenants. Mais Harouna Sankara a plutôt transformé la situation en une opportunité. Il va ainsi créer la plateforme UOi24 pour pallier au manque d’informations dans le monde universitaire. Aujourd’hui, la quasi-totalité des étudiants, le corps professoral et même les parents ont recours à cette plateforme destinée aux étudiants des universités publiques du Burkina. UOi24, créée en 2015 selon le promoteur, est donc née de la volonté de combler le manque d’informations en milieu estudiantin.

« Je voulais créer quelque chose qui va pouvoir informer en temps réel les étudiants même s’ils sont chez eux. Ici, la particularité, c’est que les étudiants ont la chance de recevoir les informations sur leurs cours, leurs devoirs, leurs bourses, le FONER et tout ce qui concerne les universités publiques par SMS partout où ils sont au Burkina », explique Harouna Sankara. Pour bénéficier de ces SMS, l’étudiant doit être abonné à UOi24. Selon ses explications, il y a deux types d’abonnement à faire notamment l’abonnement libre et gratuit dont l’étudiant bénéficie pendant un ou deux mois. L’autre possibilité que la plateforme offre, c’est également l’abonnement payant de 1500 francs CFA par an et avec lequel l’étudiant reçoit les informations pour toute l’année.

Harouna Sankara

Après plus de six ans d’expérience sur le terrain, le promoteur affirme que sa plateforme est le leader en matière d’informations par SMS dans le milieu universitaire. « Aujourd’hui, UOi24 est le numéro 1 en terme d’informations estudiantines par SMS et le 2e sur les réseaux sociaux. 80% des nouveaux étudiants qui s’inscrivent dans les universités publiques du Burkina font l’abonnement gratuit et 20% pour la phase payante », affirme-t-il, avec un large sourire aux lèvres comme une sorte d’autosatisfaction, même s’il dit viser plus loin. Son ambition en la matière, c’est d’être le principal centre d’informations dans le monde universitaire.

Homme de conviction et de vision, Harouna Sankara dit s’inspirer de cet adage africain qui dit que « seul, on va vite, mais ensemble, on va loin ». Et ayant pour ambition d’aller loin, l’homme aux multiples casquettes dit mobiliser chaque jour des jeunes et surtout des étudiants autour de son initiative. Derrière UOi24, c’est toute une équipe d’environ 200 personnes qui sont mobilisées et qui travaillent (collectent des informations) jour et nuit dans toutes les universités publiques du Burkina pour alimenter la plateforme.

En tant que leader du groupe, ses ambitions, c’est d’abord de voir tous les membres de l’équipe être des chefs d’entreprise. Tout est une question de vison. Le Pr, comme on l’appelle, dit même savoir ce qu’il deviendra dans 5 ans, 10 ans, voire plus, si la vie lui offre l’opportunité. Pour y arriver, le vingtenaire a mis en place un plan. Le plan en question, c’est de voir dans cinq ans, chaque membre de l’équipe avoir sa propre entreprise.

Avoir des étudiants qui ont une double casquette

En plus de son équipe restreinte, l’homme vise un idéal, celui d’inculquer aux étudiants le goût de l’entreprenariat. C’est pourquoi il dit avoir lancé sa devise : « un pied dans les études, un pied dans la vie active ». Une devise qu’il utilise pour motiver les étudiants à acquérir des compétences en dehors des études. Son souhait à terme, c’est de voir tous les étudiants être des personnes indépendantes, qui contribuent au développement du pays. « Nous conseillons toujours aux étudiants de ne pas abandonner les études, mais de faire les deux en même temps. A savoir acquérir des compétences dans plusieurs domaines afin de se donner plusieurs chances. Nous avons la chance d’être dans un pays où si vous êtes courageux, vous pourrez réussir », confie le jeune entrepreneur.

Le formateur posant avec les étudiants lors d’une formation

Harouna Sankara est nanti de plusieurs compétences. Selon ses confidences, en plus de sa formation en SVT (science de la vie et de la terre), l’homme dit s’être formé dans d’autres disciplines comme le leadership, l’art oratoire, les techniques de prise de parole en public et la redaction de discours. Et ce qu’il est aujourd’hui, il le doit aussi à ses années d’apprentissage et d’entreprenariat. Harouna Sankara fait savoir que c’est un travail de longue haleine et de détermination et c’est pourquoi, il dit : « ne devient pas entrepreneur qui veut, mais qui peut ». Pour dire que toute cette expérience, il ne l’a pas acquise en un seul jour. D’après ses explications, c’est en classe de 6e qu’il s’est mis à l’entrepreneuriat, avec la vente des unités de recharge téléphonique, activité qu’il va poursuivre jusqu’à l’université.

Toute cette expérience capitalisée dans l’entreprenariat et dans les autres domaines, il veut la mettre à la disposition des autres : il est formateur en entreprenariat, leadership, en art oratoire, en technique de prise de parole en public, en rédaction de discours… Un background qui fait de lui une personne très sollicitée. Son conseil aux jeunes, c’est qu’il faut d’abord miser sur les compétences et ne pas courir derrière l’argent. « Car, si vous avez les compétences, c’est l’argent qui va courir derrière vous et non le contraire », assure-t-il.

Grâce à sa bonne aura et à son contact facile, il dispose d’un épais carnet d’adresses. Il sait marquer les esprits, partout où il passe et tenir en haleine son interlocuteur pendant des heures. Pour lui, les relations humaines passent avant l’argent. « Le plus important pour moi, c’est le côté social et on me respecte beaucoup pour cela. Il n’y a pas meilleur bénéfice pour un être humain que le respect. Bien sûr, je gagne un peu en termes financiers, mais ce que je gagne beaucoup dans mon activité, c’est ce que je ne fais pas pour l’argent, la preuve en est que j’ai le soutien de beaucoup de personnes, des structures, des entreprises etc. », se convainc-t-il.

Harouna Sankara est convaincu que quand quelqu’un fait du bien à une autre personne, il le fait pour lui-même. Il pense que c’est la raison pour laquelle il n’a jusqu’à présent pas échoué, malgré les difficultés rencontrées.

L’autre engagement dans lequel, son équipe et lui se sont lancés, c’est l’organisation de séances d’études par groupe au profit des étudiants pour leur permettre de valider leur année. Outre cela, l’équipe d’UOi24 initie des collectes de fonds auprès de leurs structures partenaires pour soutenir certains étudiants qui veulent créer leurs entreprises, ou avoir de petits contrats.

Yvette Zongo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net