Le Consortium « Burkina 2050 » a animé une conférence de presse ce mardi 22 février 2022 pour dénoncer les manquements de l’accord-cadre de négociation pour la réhabilitation, la construction et l’exploitation du chemin de fer Abidjan-Kaya-Tambao signé entre le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Groupe Bolloré.

« C’est dans une opacité totale que Bolloré travaille ». Cette déclaration de la coordonnatrice du Consortium « Burkina 2050 », Dr Nestorine Sangaré, résume le message porté au cours de cette rencontre avec les hommes de médias.

C’est un document d’environ 500 pages que Dr Nestorine Sangaré a brandi pour planter le décor. Il s’agit de la Concession signée en 2016 et promulguée le 31 décembre 2018. Aucun engagement ni décision de cette convention n’a été pris en compte par le Groupe Bolloré qui est chargé de la réhabilitation, la construction et l’exploitation du chemin de fer Abidjan-Kaya-Tambao (Burkina Faso-Côte d’Ivoire).

« La Concession révisée est entrée en vigueur le 31 décembre 2018, après l’autorisation de ratification du parlement et la signature du chef de l’État. Bolloré a promis le lancement des travaux à Ouagadougou le 16 avril 2019 et la délégation ivoirienne est venue pour y prendre part. Finalement, ce lancement a été annulé parce que Bolloré a eu vent du démarrage des travaux du chemin de fer Tema-Ouaga », a indiqué Dr Nestorine Sangaré. Le Consortium « Burkina 2050 » affirme que Bolloré a estimé que ce nouveau projet ferroviaire va remettre en cause la rentabilité de son investissement.


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Lors du 9e Sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire tenu en juillet 2021, un délai a été donné à SITARAIL jusqu’au mois de septembre pour qu’elle démarre les travaux de réhabilitation. Un délai qui n’est toujours pas respecté.

« Au lieu que les États mettent en œuvre les clauses de déchéances prévues dans la Convention, c’est plutôt le journal Le Monde qui publie le 15 octobre 2021 que le groupe Bolloré étudie la vente de ses activités logistiques en Afrique, qui fut la « vache à lait » de l’homme d’affaires, l’aidant à financer ses raids et autres conquêtes (NDLR) ».

Une marche de protestation

Au regard de tous ces épisodes, le Consortium « Burkina 2050 » demande de « mettre fin à cette gestion ». Dr Nestorine Sangaré et ses camarades de lutte estiment que « Bolloré monopolise le transport pour ses propres intérêts d’abord ».

Cette structure qui s’intéresse à la situation des grands investissements de l’Etat dénonce « des manquements graves » qui coûtent cher au Burkina Faso. Elle a annoncé une marche de protestation le jeudi 3 mars 2022 à Ouagadougou. Au cours de cette marche, une lettre sera remise à SITARAIL et à la Banque mondiale, qui a soutenu la privatisation de ce secteur.

Séance tenante, une pétition est mise à la disposition des participants pour « soutenir la lutte ». Cette pétition a été lancée par le passé mais à en croire le Consortium, le parlement a besoin d’une version physique et non celle numérique que des citoyens avaient signée par le passé.

Dettes impayées

En présence des anciens cheminots, le Consortium « Burkina 2050 » a fait la genèse du transport ferroviaire depuis la colonisation jusqu’à nos jours. Dr Nestorine Sangaré a rappelé les différents épisodes qui ont abouti à la signature d’accords-cadres qui devraient permettre au Groupe Bolloré de mettre à exécution le marché. En même temps que cette multinationale traîne les pas pour s’exécuter sur le terrain, ses engagements pris par rapport à ses dettes antérieures ne sont pas respectés.


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Selon les conférenciers, la SITARAIL (Société internationale de transport africain par rail), filiale de Bolloré n’a toujours pas tenu sa promesse de rembourser 5,7 milliards de FCFA pour le Burkina Faso sur 15 ans avec un différé de 5 ans.

Pour rappel, c’est suite à la privatisation qu’une première convention a été signée avec le groupe français en 1994. Dans celle-ci, Bolloré s’engageait à garder 45% des effectifs du personnel burkinabè qui représentait 812 personnes. La société n’en a finalement gardé que 512, et certains travailleurs deflattés sont morts sans avoir perçu leurs droits, malgré une décision favorable de la justice burkinabè. Bolloré a par la suite procédé à la fermeture des gares secondaires situées dans certaines villes, portant ainsi un coup dur à l’économie qui se développait tout autour. Aucun investissement promis par le groupe n’a été réalisé.

Cryspin Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net