Issa Nouredine Ayouba et Alain Michel Dolangni sont des étudiants vivant dans la ville de Bobo-Dioulasso. Leur spécialité est de redonner une nouvelle vie aux pneus usagés qui trainent dans les rues et qui menacent l’environnement. Une manière, selon eux, de contribuer à la lutte contre l’insalubrité et la pollution, ainsi qu’à la création d’emplois.

C’est devenu une passion pour ces jeunes, le recyclage des pneus usés en meubles de maison. Ils sont spécialisés dans la récupération de ces pneus usés qui seront transformé par la suite en mobiliers de maison, tels que des fauteuils, des poufs, des tables, des pots de fleurs, etc. Leur rêve aujourd’hui, « c’est de conquérir le marché burkinabè et sous régional ».

La photo d’une table faite avec du pneu recyclé

Le déclic survient lorsque Alain Michel Dolangni voulait s’acheter un fauteuil. « Je me suis rendu chez le menuisier qui m’a proposé les différents fauteuils et leurs prix. J’ai constaté que les prix étaient trop élevés. C’est ainsi que je me suis dit, pourquoi ne pas créer moi-même ces mobiliers à la maison. Je me suis donc mis à faire des recherches et je suis tombé sur des images de poufs et de pots de fleurs à base de pneus. Cela m’a inspiré et j’ai directement contacté mon associé qui a validé aussi l’idée car il voyait que c’était une bonne initiative », a expliqué Alain Michel Dolangni.

Des poufs faits avec des pneus usés

C’est ainsi que les deux étudiants vont développer leur fibre entrepreneuriale, car ils estiment « qu’il n’est pas nécessaire d’être un grand pour innover et commercialiser une invention ». Pour développer leurs compétences dans ce milieu, ils optent pour la formation. Toute chose qui a permis à ces jeunes d’apprendre davantage sur le recyclage des pneus usés. « Au début ça n’a pas été facile puisqu’il fallait la méthode et le matériel. Grâce à nos économies et à l’accompagnement d’un oncle, nous avons pu acheter quelques matériels et nous former. A l’issue de cette formation, nous avons pu réaliser nos premières œuvres », ont-ils rappelé.

Un modèle de pouf à hauteur

Ils ont par ailleurs expliqué que l’idée de ce projet est née d’une envie de réduire la pollution de l’environnement par les pneus. En effet, les pneus usagés jonchent les rues et servent de nid aux moustiques, porteurs du paludisme. A travers ce métier, ces jeunes artisans ont décidé de leur donner une seconde vie.

Un exemple de rond-point fait avec des pneus pour embellir la ville

« Il faut prioriser les études », conseillent-ils

Même s’il est souvent difficile de concilier le métier de recyclage de pneus avec les études, Alain Michel et son associé Nouredine arrivent à tirer leur épingle du jeu. Leur priorité c’est d’abord les études et ensuite vient le recyclage des pneus usés. « Les étudiants entrepreneurs doivent se baser sur leurs études d’abord. Ce n’est pas parce qu’on est en train de gagner de l’argent qu’il faut abandonner ses études. Nous travaillons lorsque nous n’avons pas cours, c’est-à-dire pendant nos temps libres. Au début c’était difficile de concilier les deux activités, aujourd’hui nous rendons grâce à Dieu ça va », nous a confié Nouredine Ayouba.

Un pot de fleur fabriqué avec des pneus usés

Même si la clientèle se montre très intéressée par leurs produits, il faut reconnaître que dans ce milieu les difficultés ne manquent pas. « Ce métier n’est pas facile car beaucoup de choses rentrent en compte. D’abord il faut de la matière et les matériels sont chers. Il y a aussi des difficultés au niveau des prix de vente de nos articles. Les gens trouvent que c’est cher. Ils ne voient que les pneus usagés. Ils ne voient pas tout le travail qui se fait derrière pour le rendre beau. Pour eux, dès qu’ils entendent pneu usé, c’est un déchet donc le prix doit être dérisoire. Alors que ce sont des moyens que nous mettons dedans », a déploré Nouredine Ayouba.

La photo de famille à l’issue d’une formation de jeunes au métier de recyclage de pneu

Qu’à cela ne tienne, les gens se montrent plus intéressés par leurs objets d’art et même qu’ils n’arrivent pas souvent à honorer les commandes de la clientèle. En plus d’offrir de l’emploi à certains jeunes, les deux artisans se sont lancés également dans la formation d’autres jeunes qui désirent apprendre ce métier de recyclage de pneus, à travers des sessions de formation qu’ils organisent régulièrement.

Très ambitieux, ils cherchent par tous les moyens à positionner leur entreprise comme leader dans le recyclage des pneus usagés à Bobo-Dioulasso. « Notre souhait aujourd’hui, c’est de développer notre entreprise à Bobo-Dioulasso, améliorer notre productivité et d’offrir la chance à plusieurs jeunes d’apprendre un métier. Pour cela il nous faut des moyens, et nous sommes en train de travailler et je sais que ça ira », est convaincu Nouredine Ayouba.

Toutefois, ils lancent un appel à l’endroit des autorités pour plus d’accompagnement car « ce métier représente une des activités économiques créatrices de revenus et d’emplois », ont-ils dit. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Romuald Dofini

Lefaso.net

Contact : Nouredine Ayouba 77414803 Alain Michel 66138214

Source: LeFaso.net