Ce samedi 22 janvier 2022, des manifestants se sont confrontés aux forces de l’ordre à Bobo-Dioulasso. De nombreux magasins sont restés fermés durant cette chaude matinée.

Depuis quelques jours, des organisations de la société civile de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso annonçaient une marche pour ce 22 janvier 2021, avec pour objectif le départ du président Roch Marc Christian Kaboré en raison, disent-ils, de sa gestion chaotique du Burkina. A cette quête s’ajoute la dénonciation des sanctions jugées « injustes et illégales » prises par la CEDEAO à l’encontre du Mali.

Une voie au centre-ville barricadée par les manifestants

Cependant, dans la matinée du 22 janvier 2022 à Bobo-Dioulasso, cette marche n’a pas pu débuter à 9h comme prévu à la place Tiefo Amoro car les forces de l’ordre avaient quadrillé le périmètre. Conséquence, les manifestants peinaient à se rassembler.

Tandis que quelques-uns étaient regroupés non loin de la place Tiefo Amoro, sifflant face aux forces de l’ordre, d’autres manifestants s’étaient positionnés vers le grand marché et à d’autres endroits de la ville mais toujours de façon éparpillée.

Des magasins du grand marché fermés

Mais aux environs de 10h30, la tension monte et les manifestants réussissent à envahir la place Tiefo Amoro. Dès lors, ils sont dispersés par les forces de l’ordre qui tirent des grenades lacrymogènes pendant une dizaine de minutes avant de reprendre le contrôle de la place.

Selon le porte-parole de la Coalition des patriotes du Burkina Faso (COPA-BF), section Bobo-Dioulasso, Salif Nikièma, la marche a été organisée pour protester contre les sanctions infligées au peuple malien et aussi demander au président Roch Kaboré de rendre le tablier.

Salif Nikiema, porte-parole de la COPA-BF section Bobo-Dioulasso

Il s’est exprimé en ces termes : « Nous allons réparer nos erreurs de 2014. Nous avons fait le mauvais choix de mettre Roch [Kaboré] au pouvoir. Nous avions pensé qu’il était la solution mais on voit qu’il est plutôt le problème. Il a aujourd’hui montré ses limites et son incapacité à gérer le pouvoir comme il se doit. Aujourd’hui, il reporte les élections sur son propre territoire pour raison d’insécurité tandis qu’en accord avec la CEDEAO, il impose au peuple malien d’aller aux élections comme si les élections étaient la seule alternative pour le Mali. Et pourtant la sécurité prime avant tout. Aujourd’hui, le peuple se rend compte que même l’élection de Roch [Kaboré] a été faite de manière chaotique et nous trouvons qu’il n’est plus légitime pour diriger le Burkina Faso ».

Il poursuit : « Nous crions notre ras-le-bol au président du Faso Roch Kaboré, qui se montre incapable de diriger le pays, de lutter contre la corruption. Nous voulons qu’il rende purement et simplement le tablier et qu’il permette à d’autres Burkinabè de redonner au Burkina sa dignité. Il est une marionnette de la France, il refuse de répondre aux aspirations du peuple pour satisfaire celles de Macron. Nous sommes également là pour soutenir le peuple malien qui a compris en temps opportun que le destin de l’Afrique, c’est le peuple qui décide comment être dirigé, qui les dirige et le temps qu’il faut pour être dirigé. Donc, nous trouvons que la période de cinq ans demandée par la transition malienne est légale et légitime. Nous estimons que les sanctions de la CEDEAO sont disproportionnées. Nous sommes contre cette CEDEAO, contre le syndicat des présidents et nous voulons qu’ils parlent au nom de la population africaine. Donc, soutien au peuple malien et démission pure et simple du président Roch Kaboré ».

Des manifestants envahissant la place Tiefo Amoro

Avant de quitter les lieux aux environs de 11h30, les échauffourées se poursuivaient entre les forces de l’ordre et les manifestants. D’autres sources nous informaient de la mobilisation d’autres manifestants au secteur 25 à la place de la femme à l’autre bout de la ville de Bobo-Dioulasso.

Par ailleurs, beaucoup de magasins du centre-ville sont restés fermés durant cette chaude matinée, de même que ceux du grand marché.

Haoua Touré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net