Le « bras » de fer entre les autorités de la transition malienne et la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) « continue d’alimenter l’actualité ». En effet, depuis l’annonce des sanctions de ces institutions sous-régionales (CEDEAO et UEMOA) contre le pouvoir du Colonel Assimi Goïta, le sujet est au cœur des débats.
Au-delà des thèses et antithèses, les sanctions commenceront à se faire ressentir dans le quotidien des Maliens dans les jours à venir, même si pour le moment, la population semble donner son quitus aux autorités de la transition. La mobilisation du vendredi 14 janvier 2022 suite à l’appel du gouvernement, est la preuve de ce soutien. Une marée humaine à travers diverses localités du pays, notamment à Bamako pour soutenir la transition.
Au cours de sa première réaction officielle après ces sanctions, le président Assimi Goïta a déclaré : « Nous avons fait le choix d’être sincères afin de prendre notre destin en main ». Une annonce qui a montré clairement la détermination de l’actuel locataire du palais de Koulouba à continuer dans sa logique : « la refondation du Mali ».
Dans une interview accordée à la télévision nationale ORTM, le Premier ministre, Choguel Maïga, a insisté sur la particularité de la transition malienne. « La transition au Mali est différente de toutes les autres transitions. Les conditions de survenue de cette transition, si nous ne les réglons pas, nous allons nous retrouver dans d’autres coups d’État. Ça fait près de trois à quatre coups d’État en moins de trente ans. (…). Nous, nous voulons faire en sorte, qu’à la fin de cette transition, on crée les conditions pour qu’il n’y ait plus d’intervention de l’armée dans la vie nationale ».
Le manque d’un agenda détaillé pour les élections au Mali qui pose problème entre la transition et la CEDEAO, jusqu’ici. Rien ne présageait une tenue d’élections en fin février 2022 comme l’avait exigé la CEDEAO. Mieux, la recommandation des cinq ans de transition des assises nationales de la refondation n’a fait qu’enflammer la crainte d’une prolongation de cette transition. Conséquence, Goïta et son gouvernement se retrouvent avec de lourdes sanctions auxquelles ils tentent de résister. Mais jusqu’à quand ? La question reste posée.
Tout porte à croire que la durée de la transition est sur le point d’un inévitable retour à la table de discussion entre les protagonistes. En tout cas, c’est ce que le président de la commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, a laissé croire. « La Cedeao reste disponible pour accompagner le Mali pour le retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections crédibles dans un délai raisonnable et réaliste », peut-on lire sur sa page facebook.
La veille, par le même canal, il a écrit ceci : « Les sanctions imposées par la Cedeao au Mali visent avant tout les autorités militaires de la Transition qui ne veulent pas organiser pendant plus de 5ans les élections qui auraient permis au Peuple Malien de choisir démocratiquement ses dirigeants. Dans l’intérêt des populations, les produits essentiels (produits alimentaires, médicaments, équipements de lutte contre Covid, électricité, produits pétroliers…) ne sont pas concernés par ces sanctions et continueront à être importés au Mali ».
Ainsi, il faut comprendre que les cinq ans ne sont pas raisonnables pour la communauté. Dans un marché au Burkina Faso, le commerçant dira : « C’est bon, mais ce n’est pas arrivé ». Assimi Goïta est interpellé à revoir cette recommandation de la durée de la transition afin de revenir à de meilleurs sentiments avec la CEDEAO, qui, de son côté également, doit analyser profondément la situation actuelle du Mali.
Ce pays souffre et son mal est connu de tous : l’insécurité. L’on gagnerait à apporter tout le soutien dont la terre de Soundiata Keïta a besoin pour vaincre le terrorisme qui le secoue depuis plusieurs années maintenant. La transition a des victoires à son actif (l’assassinat du numéro 2 du groupe terroriste « la Katiba »).
Entre la CEDEAO et le Mali, c’est du « je t’aime, moi non plus ! ». Pour rappel, le Mali est le co-fondateur de cette institution. « La CEDEAO est née au Mali en 1975. C’est à l’initiative du président du Mali et de son homologue du Nigéria que l’idée a germé et a été partagée ensuite à l’ensemble des chefs d’Etat. Ils se sont mis ensemble pour mettre en place une organisation économique qui a évolué pour prendre des dimensions politiques. Le Mali et la CEDEAO, c’est comme un père et son fils », a rappelé Choguel Maïga. Donc, il ne peut pas y avoir « un abandon en plein vol »…
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents