Pour abattre l’apartheid, l’Afrique du sud a enfanté de grands hommes qui se sont dressés contre le régime raciste. Sont de ceux-là, Nelson Mandela et Desmond Tutu. Si le premier était un homme politique, le second vient du monde spirituel et l’on peut s’étonner que l’on dise qu’il a mené une vie de combattant, lui le prêtre, et archevêque anglican. Mais la nécessité et la conscience font l’homme. Il serait celui qui a baptisé son pays de nation arc en ciel de Dieu.

Né le 7 octobre 1931 à Klerksdrop au sud-est de Johannesburg, Desmond Mpilo Tutu, renonce à des études de médecine, faute de moyens financiers, pour enseigner en 1954. Il est appelé au service de Dieu au sein de l’église anglicane d’Afrique du sud et sera ordonné prêtre en 1961. Il ira à Londres pour des études, rentre en Afrique du sud en 1972 et devient le premier autochtone à diriger la cathédrale Saint Mary de Johannesburg. Cette période correspond aux années de braise de la lutte anti apartheid avec aux avants postes la jeunesse qui manifeste et tombe sous les balles de la police.

Desmond Tutu qui prêche la théologie de l’Ubuntu qui dit entre autres que « On est un être humain à travers d’autres êtres humains. Nul ne vient au monde achevé. » Ou encore « Si vous êtes neutre dans les situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’agresseur. » Avec de telles idées, l’archevêque ne fera pas que des prières contemplatives face au drame et aux souffrances de son peuple. Des manifestations pacifiques seront organisées à partir de sa cathédrale et il fera le tour du monde pour demander le boycott des produits sud-africains. Il publiera plusieurs ouvrages pour la défense des droits des Noirs et pour des protestations non violentes comme L’Intention divine et Espoir et souffrance. En 1984, l’archevêque Tutu reçoit le prix Nobel de la paix. Cet homme demandait à ses compatriotes d’être gentils avec les Blancs car ils ont besoin d’eux pour redécouvrir leur humanité et cela, aux pires moments de l’apartheid.

Durant sa vie, il n’a cessé de professer l’espoir qui est, selon lui, la capacité à voir la lumière malgré l’obscurité. Ce partisan de l’œcuménisme qui disait que Dieu n’était pas chrétien, pensait que nos différences sont faites non pour nous séparer mais pour que nous comprenions que nous avons besoin les uns des autres.

L’Afrique du Sud est en deuil jusqu’aux obsèques du père de la réconciliation le 1er janvier 2022. Mais toute l’Afrique pleure ce petit (par la taille, mais grand par les idées) évêque aux yeux pétillants qui restera à jamais une source d’inspiration inépuisable.

Sana Guy

Lefaso.net

Source: LeFaso.net