C’est dans une atmosphère tendue que s’est tenue, jeudi 23 septembre 2021 au siège national du parti, une conférence de presse des jeunes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) sur la situation nationale.

Alors que la conférence venait de démarrer, la déclaration liminaire est interrompue par de jeunes militants qui, visiblement, ne partagent pas le contenu de cette déclaration qui était en train d’être livrée aux journalistes.

Selon les explications du responsable des jeunes de l’arrondissement N°4 de Ouagadougou, Boukary Compaoré, les conférenciers se sont retrouvés avec deux déclarations. Une déclaration rédigée par les jeunes du parti CDP et une autre reçue de la part du président du parti. C’est ainsi qu’un des groupes, qui aurait plutôt souhaité qu’on livre la déclaration du président du parti, s’est opposé à la lecture de la déclaration qu’il ne partageait pas. S’en est suivie une bagarre entre les deux groupes à maintes reprises (au moins trois fois de suite).

Boukary Compaoré, responsable des jeunes (CDP) de l’arrondissement N°4 de Ouagadougou

Dans un premier temps, il y a eu une atmosphère électrique, les deux groupes s’invectivant et se traitant de tous les noms d’oiseaux. Ensuite, les membres d’un des groupes bandent les muscles, tentant de vider l’autre groupe des lieux. Il a fallu l’intervention des éléments de la police, qui étaient positionnés à l’entrée et dans la cour du siège national, pour limiter les dégâts.

Par la suite, l’un des groupes a pu reprendre la conférence de presse. Elle a principalement porté sur la situation nationale, notamment l’actualité sécuritaire, la réconciliation nationale, etc. Selon le porte-parole de ces jeunes, Adama Tiendrébéogo, par ailleurs secrétaire national chargé des jeunes du CDP, le Burkina Faso aujourd’hui est à l’image de l’Afghanistan.

Pour lui, le pays est pris en tenaille d’est en ouest, du nord au sud, par des hommes armés non identifiés (HANI). « Cette incapacité du MPP (parti au pouvoir, NDLR) à faire face au terrorisme, endeuille de nombreuses familles chaque jour », a-t-il dénoncé.

Sur le plan de l’employabilité des jeunes, il est ressorti que le taux de chômage est alarmant ; d’où l’urgence de se demander « où sont passés les milliers d’emplois promis pendant la campagne électorale ? »

« Il n’y a pas d’accompagnement conséquent à l’égard de la jeunesse entreprenante, pas de suivi, ni de formation, et pendant ce temps, chaque année, le constat est fait sur la réduction des postes à pourvoir dans la fonction publique, alors que le nombre des diplômés augmente. Le Burkinabè se sent volé, pillé, arnaqué avec des mauvaises qualités d’exécutions des marchés publics », dénonce Adama Tiendrébéogo.

Adama Tiendrébéogo, porte-parole des jeunes (CDP)

La jeunesse du CDP exprime aussi son désaccord face à la fermeture du lycée Philippe Zinda Kaboré. Car estime-t-elle, c’en est de trop. C’est pourquoi, elle réaffirme son soutien aux élèves, aux éducateurs, aux parents d’élèves ainsi qu’aux syndicats pour la réouverture immédiate dudit lycée pour l’année académique 2021-2022.

Le président du parti CDP est-il à la solde du président Kaboré ? Avez-vous cette impression surtout qu’en tant que CFOP (Chef de file de l’opposition politique), Eddie Komboïgo ne semble pas batailler pour les exilés ? En réponse à ces questions, Abdoul Karim Bagagnan dit « Lota », quatrième secrétaire national chargé des jeunes du CDP, s’est dit frustré quand il entend partout des hommes et femmes dire qu’il n’y a plus d’opposition au Burkina Faso.

A l’en croire, Blaise Compaoré est le seul et unique président du parti CDP. « Il y a des militants qui sont CDP dans la journée et MPP la nuit. Aucun responsable du CDP ne lutte pour son retour. Aujourd’hui, Bénéwendé Stanislas Sankara lutte pour le retour de Yacouba Isaac Zida et non pas pour celui de Blaise Compaoré. Mais, nous, jeunes, nous allons nous battre pour le retour du père du CDP », a-t-il déclaré.

« Nous avons reçu l’ordre de mettre fin à la conférence et d’évacuer les lieux », a finalement interrompu un des policiers, au moment où le groupe resté pour poursuivre sa déclaration répondait aux questions des journalistes.

Pour le groupe animateur de la conférence, cet ordre émane du président Eddie Komboïgo et montre qu’il veut liquider le CDP au profit du pouvoir. Ce à quoi ces jeunes disent s’opposer. « Celui qui veut partir au MPP peut y aller, le CDP n’est pas à vendre. Jamais ! », ont conclu les mécontents.

Dofinitta Augustin Khan

Lefaso.net

Source: LeFaso.net