Les dirigeants du monde doivent respecter leurs engagements en matière de santé des femmes, des enfants et des adolescents africains, à un moment où le COVID-19 menace la fourniture des services.

Les délégués au 10e Petit Déjeuner Annuel du PMNCH sur la redevabilité, qui se tient cette semaine autour du thème « Améliorer l’équité sanitaire en Afrique », appelleront à une plus grande responsabilité des gouvernements et des dirigeants dans la réalisation de leurs engagements pour améliorer la santé des femmes, des enfants et des adolescents (WCAH) pendant la phase de riposte anti-Covid 19 et de relèvement post pandémie, avec un accent particulier sur l’Afrique subsaharienne.

Sans efforts continus, des décennies de progrès durement gagnés sont menacées car la pandémie perturbe et sape la fourniture de services de santé vitaux.

Plus de 1.000 délégués sont attendus au sommet qui réunit des représentants de gouvernements, du secteur privé, d’organisations non gouvernementales, d’institutions universitaires, d’associations de professionnels de la santé, d’organisations de jeunes et de groupes de campagne locaux pour examiner les réponses nationales à la Covid-19 à travers l’Afrique subsaharienne.

Ceci, dans le but de ressortir les mesures prises par les pays pour maintenir et améliorer les services relatifs à la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent, grâce à des investissements, des politiques et des services accrus et améliorés, conformément aux sept demandes de l’Appel à l’Action du PMNCH contre le Covid-19, et de son Appel à l’Action pour le Bien-Etre des Adolescents.

Le Petit Déjeuner soulignera également le rôle important des partenariats et du plaidoyer citoyen pour obliger les dirigeants mondiaux et nationaux à rendre compte de la lutte contre les inégalités en matière de santé ainsi que l’utilisation de la technologie numérique pour renforcer la redevabilité et l’action d’amélioration de la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent.

À la suite du lancement de l’Appel à l’Action contre le COVID-19 en 2020, 14 pays à revenu élevé, faible et intermédiaire et une fondation se sont engagés à renforcer les politiques et le financement pour le rétablissement des services de santé vitaux et des protections sociales pour les femmes, les enfants et les adolescents. Lors du Petit – Déjeuner Causerie de cette semaine, cinq autres pays dont trois d’Afrique subsaharienne, annonceront leurs engagements envers l’Appel à l’Action du PMNCH, portant le nombre total de pays engagés à 19, dont huit d’Afrique.

L’impératif d’une action rapide et décisive pour lutter contre les inégalités en matière de santé en Afrique devient de plus en plus critique, alors que la pandémie de COVID-19 menace de saper et de défaire des décennies de progrès.

Avant le COVID-19, les pays enregistraient des progrès significatifs en matière de WCAH conformément aux objectifs de développement de 2030, mais les progrès étaient inégaux selon les régions. Le continent africain représente 23 % de la charge mondiale de morbidité, alors qu’il ne compte que 17 % de la population mondiale, selon les données de l’AMREF.

Malgré une réduction de la mortalité maternelle de 39 % entre 2000 et 2017, l’Afrique subsaharienne représentait toujours plus des deux tiers (68 %) des décès maternels dans le monde chaque année et 53 % de la mortalité infantile des moins de cinq ans. En 2021, six nouvelles infections à VIH sur sept chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans concernent des filles en Afrique subsaharienne.

Ces inégalités sont maintenant encore exacerbées par COVID-19, plusieurs pays d’Afrique connaissant de graves perturbations des services de santé essentiels. Une enquête menée par le Partenariat pour une riposte à la COVID-19 basée sur des faits probants (PERC en anglais) dans 18 États membres de l’Union Africaine, a révélé que 16% des répondants ont déclaré qu’eux-mêmes, ou un membre de leur famille, ont manqué ou retardé les services de santé reproductive, maternel, néonatal ou infantile (RMNCH), avec des interruptions plus fréquentes dans les pays à taux de natalité élevé (comme l’Ouganda, le Nigéria et l’Éthiopie). Les données du Mécanisme de Financement Mondial ont révélé que la vaccination des enfants était le service de santé le plus interrompu dans les pays objet de l’enquête, avec des réductions du nombre d’enfants complètement vaccinés de 35 % au Libéria et de 13 % au Nigéria, par exemple.

« Les preuves sont flagrantes : le COVID-19 accroît les inégalités en matière de santé en Afrique subsaharienne. Ceci est profondément préoccupant et devrait encourager les décideurs politiques à engager des discussions difficiles sur la manière de prioriser le financement et sur où concentrer les efforts de prestation de services pour répondre au mieux aux besoins des femmes, des enfants et des adolescents, qui font partie des citoyens les plus vulnérables de la région », a déclaré Helen Clark, Présidente du PMNCH et ancienne Première Ministre de la Nouvelle-Zélande.

Dans toute l’Afrique subsaharienne, les jeunes se montrent tenaces à demander des comptes à leurs dirigeants sur leurs promesses.

« La pandémie de COVID-19 a exacerbé les défis auxquels sont confrontés les adolescents et les jeunes en Afrique subsaharienne », a déclaré Dr Natasha Kaoma, PDG de Copper Rose, Zambie. « Nous avons assisté à une augmentation des violences sexuelles, des grossesses chez les adolescentes et des fermetures d’écoles. Aujourd’hui plus que jamais, les jeunes activistes doivent faire entendre leur voix. Nous devons assumer nos responsabilités et exiger de nos dirigeants qu’ils rendent des comptes et investir davantage dans la santé des adolescents et des jeunes afin d’atteindre le « triple dividende » – pour les adolescents d’aujourd’hui, leur vie future et la prochaine génération. »

Malgré les perturbations évidentes des principaux services de santé pour les femmes, les enfants et les adolescents dus au COVID-19, un peu plus de trois pour cent de la population africaine, y compris les agents de santé, a été vacciné contre le COVID-19 à ce jour. Soixante-quinze pour cent des fournitures mondiales de vaccination contre le COVID-19 sont détenues dans seulement 10 pays, dont aucun en Afrique.

Une priorité immédiate qui sera abordée lors du sommet est la nécessité d’une action rapide et globale de la communauté internationale pour corriger les inégalités extrêmes dans l’approvisionnement et la distribution des vaccins COVID-19 en Afrique, par rapport à d’autres régions du monde.

Jusqu’à ce que cette situation soit corrigée, l’offre limitée actuelle de vaccins devrait être prioritaire pour certaines populations, y compris celles qui sont fortement exposées au virus (par exemple, les agents de santé, en particulier les sages-femmes et les infirmières) et celles à haut risque de maladie grave, par exemple, les femmes enceintes, les femmes atteintes de maladies non transmissibles et d’infections chroniques et les enfants immunodéprimés.

« Comme pour le VIH, le COVID a révélé la fragilité des systèmes de santé et menace les progrès récents en matière de santé publique et de prestation de services sociaux et de santé essentiels, en particulier pour les femmes, les enfants et les adolescents en Afrique », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA. « Nous devons mettre fin à ces inégalités pour les femmes et les filles en garantissant leur droit à la santé et à l’autonomisation par le biais de l’éducation, de la liberté et des droits. »

10e Petit Déjeuner annuel du PMNCH sur la redevabilité de cette semaine dont le thème est l’Amélioration de l’Equité en Matière de Santé en Afrique aura lieu en ligne le mercredi 22 septembre 2021 de 7h30 à 9h00 EDT, de 13h30 à 15h00 CE et de 11 h 30 à 13 h 00 GMT. Inscrivez-vous ici pour y participer.

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Léonce GAMAI,

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Source: LeFaso.net