La première édition du camp vacances TICs sur la citoyenneté a ouvert ses portes le samedi 28 août 2021 dans la matinée à Ouagadougou, sur le thème « Citoyenneté numérique : Comment outiller les parents, éducateurs et acteurs de la société civile pour protéger les enfants ? ». Il est organisé par l’Association nationale d’éducation aux outils numériques (ANEON) en collaboration avec le Réseau d’action pour la promotion de l’entrepreneuriat (AfriBusiness club).
Aujourd’hui, Internet est un outil ordinaire de la vie quotidienne et sociale. Au Burkina Faso, toutes les couches sociales sont sur les réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Instagram… Cet outil impose une grande ouverture au monde et met en relation plusieurs utilisateurs dont certains ont des intentions malveillantes.
Il est donc important de l’utiliser de façon éthique en respectant les droits des autres et ceux de toute personne en ligne. C’est pour cela que l’Association nationale d’éducation aux outils numériques (ANEON) a initié cette activité dénommée Camp vacances TICs au cours duquel des connaissances ont été inculquées à des parents et à des enfants pour leur protection sur Internet.
Selon la président de l’ANEON, l’objectif du Camp vacances TICs est « d’interpeller les parents, les acteurs de la société sur l’importance d’enseigner la citoyenneté numérique aux enfants et aux adolescents ». Il s’est agi d’aborder au cours de quatre communications, les comportements essentiels à ne pas avoir sur les réseaux sociaux ; les dangers du numérique pour les parents et les enfants ; les effets des nouvelles technologies sur la psychologie de l’enfant et la défense de ses droits et comment assumer ses responsabilités tout en respectant ceux des autres sur Internet.
La première communicatrice, Fatoumata Coulibaly, a énuméré et expliqué 12 comportements à ne pas avoir sur les réseaux sociaux. Pour se protéger sur Internet, elle déconseille fortement d’accepter l’amitié d’inconnus, de donner sa position, d’envoyer ses photos (même si on connait la personne), d’aller à des rendez-vous pris virtuellement, de publier des photos provocatrices, de se disputer sur les réseaux sociaux, de cliquer sur les liens…
La présidente de AfriBusiness déconseille également les inscriptions dans n’importe quel groupe sur les réseaux sociaux, de donner son contact ou son adresse et d’envier des gens sur Internet. Enfin, Fatouma Coulibaly recommande de ne jamais avoir confiance sur Internet. « Il faut toujours mener sa petite enquête », a-t-elle déclaré.
Quant à la deuxième communicatrice, Dr Alimata Sawadogo, psychologue, elle est intervenue sur le thème « les dangers du numérique pour les parents et les enfants ». Elle a noté que les TICs facilitent la vie en général. Elles constituent un puissant outil d’apprentissage, augmentant la motivation et l’intérêt de l’enfant. Elle a ajouté que les TICs permettent d’avoir des contacts, de communiquer avec des personnes proches et lointaines et de gagner en temps. Cependant, elles peuvent avoir de nombreuses conséquences néfastes sur les parents et les enfants.
Il s’agit, entre autres, de la dépendance ou addiction, de l’exposition des enfants aux dangers comme la pédophilie, de l’insomnie et l’anxiété dues à une hyperactivité, de l’isolement, de la destruction du lien social, des troubles de l’attention et de la mémoire, de la myopathie, de la nomophobie (peur d’être séparé de son téléphone portable), de la fomo (de l’anglais : fear of missing out. Peur de rater quelque chose ou anxiété de ratage) …
- « L’attitude de la famille à la maison à l’égard des TIC est un facteur important dans la relation de l’enfant avec celle-ci », constate le Dr Alimata Sawadogo
Face à tous ces inconvénients, faut-il bannir les TICs ? La réponse est négative. La spécialiste en science de l’éducation conseille plutôt la modération. « Vous devez accompagner les enfants et leur apprendre à en faire des usages responsables », a-t-elle recommandé.
Elle a terminé sa communication en apportant des idées pour une utilisation responsable des TICs. Dr Alimata Sawadogo a également suggéré une planification de l’utilisation des TICs et une surveillance de l’accès à Internet des enfants. Elle a aussi conseillé de se servir du numérique à des fins éducatives et une sélection de contenus appropriés pour divertir les enfants. À l’instar d’autre spécialistes, la psychologue a déconseillé l’écran aux enfants de moins de 6 ans, avant de prescrire les « 4 pas » de la psychologue clinicienne Sabine Duflo : « pas d’écrans le matin, pas d’écrans durant le repas, pas d’écrans durant la nuit avant de s’endormir, pas d’écrans dans la chambre de l’enfant ».
Les écrans : outils d’aide à l’éducation
Pour N. Julien Legma, lieutenant de police, troisième communicateur sur les dangers du numérique pour les enfants, le chantage à la vidéo, les faux e-mails des amis qui ont besoin de vous et le faux commerce en ligne sont quelques types de cyber-escroqueries les plus fréquentes sur Internet. À l’aide de vidéos, il a illustré des cas de mauvais comportements de parents et d’enfants sur Internet.
- Selon le Lieutenant de police N. Julien Legma, les vacances ne sont pas synonyme d’occupation aux écrans. L’ecran seul ne peut pas éduquer les enfants.
Le chargé de la collaboration policière de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité a conseillé à l’assistance de ne jamais partager leurs données personnelles par mail, de ne pas partager des contenus intimes sur les réseaux sociaux et de n’accepter que l’invitation d’amis que l’on connait personnellement. En outre, pour la sécurité des comptes, il suggère l’utilisation de mots de passe différents pour les comptes et de changer régulièrement ses mots de passe. Au terme de sa communication, Julien Legma a déclaré que « les écrans ne sont que des outils d’aide à l’éducation et non des éducateurs ».
« Comment défendre ses droits et assumer ses responsabilités tout en respectant ceux des autres sur Internet ? », c’est la thématique de la dernière communication faite par Ousséni Dialla, juriste à la Commission de l’informatique et des libertés (CIL). Pour répondre à cette problématique, il a donc fait un tour d’horizon des instruments juridiques qui encadrent la protection des données à caractère personnel.
En effet la règlementation en vigueur actuellement est la loi n°001-2021/AN du 30 mars 2021 portant protection des personnes à l’égard du traitement des données à caractère personnel. Selon Ousséni Dialla, cette loi reconnait le droit d’opposition, le droit d’accès, le droit de rectification et de suppression et le droit à l’information collectée des personnes concernées.
La deuxième partie de son intervention a consisté à expliquer la mission principale de la CIL qui est de veiller au respect de la loi portant protection des personnes à l’égard du traitement des données à caractère personnel, en informant les personnes de leurs droits et de leurs devoirs. Pour y arriver, la CIL organise des séminaires et des séances de formation et de sensibilisation sur la protection des données personnelles.
Au terme des interventions, les quatre communicateurs s’accordent sur l’importance des TICs dans notre vie et sur le fait que c’est un couteau à double tranchant.
Yidalawala Isaac Ki-Zerbo (Stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents