A Cinkance, tous les secteurs de l’économie sont touchés par la fermeture des frontières. Hommes et femmes de cette partie du Burkina disent ne plus comprendre cette mesure. Certains la qualifient d’une décision politique, d’autres n’écartent pas la nécessité de la maladie. Mais malgré l’interdiction, certaines personnes parviennent à entrer avec tous les risques possibles. Nous avons passé deux jours avec cette population et elle nous raconte son calvaire.

Il est 13h, nous sommes à la frontière du Togo avec le Burkina Faso. Elle est complètement fermée. Nous constatons des cars stationnés aux abords : » Pour accéder il faut des documents de l’UEMOA qui te donnent l’autorisation « nous lance un transporteur. Selon ce dernier, la mesure est bien respectée. A côté de ceux qui respectent, d’autres trouvent d’autres chemins. Un jeune menuisier venu de Ouargaye pour l’achat du matériel pour sa menuiserie, nous relate son parcours :  » Je suis arrivé hier, et ce matin j’ai payé un triporteur qui m’a conduit frauduleusement sur une petite voix et nous sommes revenus.

J’ai pu avoir ce que je voulais et grâce à Dieu, on est revenu en bonne santé.

Le jeune reconnaît qu’il y a des risques : Lorsque des policiers de la frontière te prennent tu vas payer 1000F ou plus. Il y a des rackets de tout genre. Nombreux font des accidents sur cette petite route nous raconte le jeune homme.


Ceux qui forcent pour traverser prennent des risques

Il n’y a pas moins d’une semaine une femme a été frappée par la police, parce qu’elle a voulu traverser la frontière togolaise pour venir du côté du Burkina nous relate Oubda Mohazou.

Adama Diessongo, encore appelé le noir, un riche homme d’affaires de Cinkance Burkina martèle : » J’ai une entreprise de nettoyage à Cinkance Togo, j’ai des documents de l’UEMOA qui me permettent d’entrer mais nos compatriotes qui n’ont pas ces documents rencontrent d’énormes difficultés.

Il y a une augmentation des prix de tout et une diminution des recettes

Pour Niangané Issa transitaire à la douane, il y a une augmentation des prix dans plusieurs domaines liés au transport :

« Notre métier a pris un coup. Nous ne gagnons plus comme avant et cela est dû à la fermeture des frontières. »

Il continue : Le prix des taxis à Cinkance Burkina a fortement augmenté. Cela est dû au fait que les transporteurs n’ont plus de clients pour déposer au Togo.

Les artisans évoquent des difficultés d’acquisition du matériel :  » L’artisanat souffre car les prix des matériels ont augmenté et ceux-ci sont difficiles à avoir, affirme Paul Minoungou le président de l’association Wendsongda des artisans de Yargatenga. Oubda Mohazou jeune commerçant pense que les étrangers qui venaient acheter leurs marchandises ne viennent plus.

Les entrepreneurs quant à eux crient au secours  » il nous arrive d’avoir des marchés mais il est difficile de payer les instruments de travail, martèle Adama Diessongo.


L’hôtellerie et la restauration subissent une rude épreuve.

Un comptable d’un hôtel de la place pense que la fermeture des frontières a fragilisé la fréquentation de leurs hôtels :  » Avant on avait beaucoup de clients mais depuis l’instauration de la mesure nous peinons. Il ajoute : rien que la semaine dernière, on avait un marché de restauration avec les voisins mais c’était impossible.


Le souhait de la population c’est la réouverture des frontières

La fermeture des frontières est une mesure de trop, nous lance madame Ramatou Niangané formatrice des coiffeuses de Cinkance : le prix de nos matériels a augmenté, et nos clients s’impatientent. Nous demandons au gouvernement d’ouvrir les frontières. Même cri de cœur pour Madame Bonkoungou coordinatrice des femmes de Cinkance : Nous sollicitons la réouverture des frontières. La fermeture a tué l’économie et tout va mal.

Pour éviter le pire, les présidents des pays de la zone UEMOA sont interpellés.

Gérard BEOGO

Source: LeFaso.net