Le 02 juin 2021, la constitution du Burkina Faso a 30 ans. 30 ans de régulation de la gestion publique. Les historiens de la chose politique nationale s’accordent pour le dire, l’idée de la constitution du pays des hommes intègres a germé bien avant la 16e conférence des chefs d’Etat de France et d’Afrique de juin 90 à la Baule en France. Cette conférence qui a engagé nos Etats africains sur la voie de la démocratisation.
L’homme orchestre de cette métamorphose, c’est le Dr Bognessan Arsène YE, ancien Président de l’Assemblée des députés du peuple ((ADP), ancienne Assemblée nationale), concomitamment président du parti supra-majoritaire d’alors, l’ODP/MT.
Dans son ouvrage intitulé « Burkina Faso : les fondements politiques de la Quatrième république », ouvrage préfacé par l’ancien ministre de la Justice, Yarga Larba, celui qui a dirigé le présidium de la Commission constitutionnelle raconte qu’en novembre 1989, soit deux ans après l’avènement du Front populaire, il était dans un véhicule avec le président du Front populaire, Blaise Compaoré, en partance pour un chef-lieu de province, quand après des échanges sur de nombreux sujets de développement du pays des hommes intègres, il y eut un silence dans le véhicule. L’ancien président de l’Assemblée des députés du peuple de préciser : « Quand le président du Front populaire sort de ses méditations, c’est pour parler de la nécessité qu’il y a pour notre pays d’avoir une constitution qui prenne en compte les réalités de notre pays ».
Dr YE ajoute que cet échange de novembre 1989 avait l’air plus sérieux que les nombreuses autres fois ou le sujet avait été abordé l’année d’avant, soit courant 1988. « Il nous faut une constitution. Une constitution qui règle les mécanismes d’accession au pouvoir, et l’exercice du pouvoir », aurait tranché le président du Front populaire.
Les deux hommes conviennent alors de la nécessité de discipliner la gestion de la République. Ce d’autant que de Maurice Yaméogo (1960-1965) à Blaise Compaoré, six chefs d’État se sont succédé à la présidence du pays et plusieurs types de régimes expérimentés, dont quatre Républiques.
Dès le début de l’année 1990, l’avant-projet de constitution soumis à la réflexion dévoilait déjà l’ossature de la loi fondamentale autour du mandat et du mode de désignation du chef de l’Etat, le mode de désignation des députés, le mode de scrutin, le gouvernement et les libertés individuelles entre autres.
Cette constitution a été approuvée par référendum le 2 juin 1991, et formellement adoptée le 11 juin 1991 , elle a connu plusieurs reformes dont la dernière remonte à novembre 2015.
30 ans après, la loi fondamentale actuelle bat le record de longévité au pays des hommes intègres. Reste à savoir si les exigences politiques du moment ne porteront pas un coup d’arrêt à ce record, puisqu’il est question de passer à une Ve République…
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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