Le 15e forum de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) a refermé ses portes ce vendredi 28 mai 2021 à Ouagadougou. Durant 48h, les participants ont axés leurs réflexions sur la problématique des semences maraîchères dans les systèmes alimentaires durables territorialisés en Afrique de l’Ouest. A l’issue de leur conclave, ils ont livré aux hommes et femmes de médias, une déclaration dans laquelle ils réaffirment leur engagement à œuvrer pour le rayonnement des systèmes alimentaires durables territorialisés et à l’agroécologie, qui demeure pour eux le meilleur moyen de production pour avoir des aliments sains et préserver l’environnement.
La nature de la semence utilisée façonne le système alimentaire. Convaincue de cela, la COPAGEN soutient que les semences paysannes jouent un rôle non négligeable dans les systèmes alimentaires durables et dans l’agroécologie. En effet, affirme Pauline Zei, point focal régional de la COPAGEN, les semences paysannes ont l’avantage d’être plus productives dans les conditions changeantes de nos territoires, plus nutritives et correspondent mieux aux choix alimentaires des populations. Cependant, la plupart des semences utilisées dans le maraîchage sont d’origine exotique et les producteurs de l’Afrique de l’Ouest sont encore largement tributaires de l’exportation de ces intrants.
Pourtant, l’utilisation des semences industrielles dans le maraîchage engendre des problèmes assez graves, dûs au recours aux produits de la chimie de synthèse. « Il en résulte en effet une pollution environnementale et une érosion génétique qui s’accentue au fil des ans. A cela s’ajoutent des atteintes grave au droit à l’alimentation et à la santé pour lesquelles il ne paraît pas toujours évident d’établir le lien de causalité et la chaîne de responsabilité », peut-on lire dans la déclaration.
- Une vue de semences paysannes
Face à cette situation de dépendance des paysans africains vis-à-vis des semences maraîchères importées, la coalition regrette la passivité et le laxisme des États qui subissent souvent la pression des multinationales, dans la mise en œuvre des mécanismes de protection des semences paysannes. C’est pourquoi elle a réaffirmé son soutien aux collectifs paysans et plus particulièrement aux femmes rurales de l’Afrique de l’Ouest, gardiennes des semences traditionnelles dont la contribution au droit à l’alimentation est évidente.
Pour des systèmes alimentaires durables territorialisés, la COPAGEN recommande aux Etats de créer les conditions favorables à la participation effective des paysans aux processus décisionnels devant aboutir à l’adoption de systèmes de protection efficace des semences paysannes notamment dans la production maraîchère. Autre recommandation, prévoir des périmètres irrigués dans les centres urbains et périurbains, pour éviter des épisodes de pénuries alimentaires qui auraient des conséquences dramatiques sur la vie des populations.
- Les membres de la COPAGEN ayant pris part au forum
Les Etats sont également invités à définir une politique de financement de la recherche sur les semences paysannes à travers le budget de l’État. Quant aux organisations de la société civile, elles sont interpellées sur la nécessité de répertorier et valoriser l’expertise continentale en matière de production et de multiplication de semences maraîchères par les paysans et à favoriser les échanges de connaissances pour réduire la dépendance vis-à-vis des semences exotiques.
Défenseure de l’agroécologie, la COPAGEN est favorable à une recherche scientifique indépendante qui valorise les ressources biologiques locales et les connaissances endogènes dans l’intérêt des petits agriculteurs et des consommateurs africains. Elle s’oppose aux OGM dans l’agriculture et l’alimentation, eu égard à tous les risques avérés et potentiels qui y sont attachés.
Armelle Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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