« S’il m’était donné d’être associé à quelque titre que ce soit — celui de citoyen burkinabè étant celui qui sied le mieux— au « projet » de réforme du Code du travail en cours en ce moment, la première proposition de réforme que j’aurais formulé, porterait d’abord et avant tout sur la dénomination dudit Code ». Hamid-Maghide Kaboré, auteur de la présente tribune.
Car, sa dénomination actuelle — fruit d’un « héritage » plus qu’autre chose — fait écho, qu’on le veuille ou non, au fait que nous nous inféodons continuellement aux réalités d’autres. Cette idée qui est, du reste, d’ordre factuel pour qui observe bien notre société, m’est insupportable. Et d’ailleurs, si nous étions en matière de dénomination commerciale — ce qui n’est pas le cas —, cette appellation, ainsi que bien d’autres que nous avons adoptés par facilité ou paresse intellectuelle (?), ne nous aurait été disponible que moyennant paiement d’une redevance d’usage.
Dans une optique de recouvrement et d’exercice de la souveraineté qui est nôtre — ici, il s’agit de celle juridico-rédactionnelle —, il me paraît fort utile, voire ardemment souhaitable, si tant est que nous pouvons nous montrer « jaloux » de cette souveraineté, d’« entamer » ce projet réforme, en nous intéressant d’abord à la dénomination dudit Code.
Cette vision-ambition de la réforme, qui se veut assez rigoureuse, s’explique beaucoup moins par le fait que la présente appellation serait nécessairement problématique, mais plus parce que le but, sinon l’utilité d’une « remise à jour » n’est sans doute pas de reconduire la même chose, surtout lorsqu’il y a une excellente occasion de faire autrement et, mieux.
N’étant pas à l’abri d’objections mal- ou bienveillantes, très souvent adressées à juste titre, aux « porteurs » de pensées différentes, je ne manquerai pas de me faire le plaisir d’émettre quelques propositions de dénomination.
Je lancerai entre autres : Code des relations de travail, Code de la salarisation, Code du salariat…
Ces appellations recèlent à mon sens — sans verser dans l’auto-congratulation inutile et injustifiée — au moins le mérite de la nouveauté et, pas que…
Aussi est-il regrettable que jusqu’ici (la réforme est quasiment à son terme, car les chances d’amendement (s) du texte par l’Assemblée nationale me semblent faible, pour les raisons que vous n’ignorez sans doute pas), des chercheurs du domaine n’aient pas été associés ou consultés, même si l’on peut se féliciter de l’approche quasi-inclusive adoptée.
Faire le choix d’une appellation autre que celle en vigueur en ce moment — pas nécessairement parmi celles précitées — peut être le symbole du point de départ d’une nouvelle ère, celle du recouvrement et de l’exercice de notre souveraineté juridico-rédactionnelle. S’y refuser au nom d’un universalisme — meurtrier de la créativité chez les peuples sous influence — serait faire montre encore une fois d’un suivisme, dont on aurait pu gaiement se passer, au grand dam des souverainistes attachés à la créativité.
Hamid-Maghide KABORÉ
Citoyen africain
Source: LeFaso.net
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