Décédé au lendemain de l’annonce de sa victoire pour le 6e mandat, le président Idriss Déby Itno laisse un paysage politico-militaire avec des interrogations. Son fils Mahamat Idriss Déby qui préside le « Conseil militaire de transition » n’est pas une solution pour certains Tchadiens. Masbé Ndengar, un membre du « Collectif de Tchadiens indignés au Burkina », donne sa lecture sur la situation de son pays qu’il suit de près depuis le Burkina Faso.
Lefaso.net : Quel commentaire avez-vous suite à l’annonce du décès du président Déby ?
Masbé Ndengar : Il n’y a pas de commentaire particulier à faire. C’est le sort de tout être humain, fut-il président. Néanmoins, il avait toutes les chances de rester en vie mais il en a lui-même décidé autrement.
La société civile a appelé au dialogue inclusif. L’opposition démocratique l’a également fait et ce, jusqu’à la dernière minute. Même Mahamat Mahadi Ali, chef du Front pour l’alternance et la cohésion au Tchad (FACT) a dit être ouvert au dialogue. L’ONU ainsi que l’UA ont appelé aussi à ce fameux dialogue y compris la diaspora tchadienne à travers le monde mais M. Déby a tout rejeté. Personne n’a voulu de sa mort.
Déby est un Tchadien et un Tchadien de moins, c’est déjà de trop. Lors de son meeting à Gos-Behida en vue du scrutin du 11 avril 2021, il a rappelé à ses militants qu’il n’est pas arrivé au pouvoir par un billet d’avion ni un ticket de bus mais par les armes. Par conséquent, il partira que par les armes. Il a donc choisi de son vivant de quelle manière il voulait mourir.
C’est triste mais la page d’Idriss Déby est tournée. Le peuple doit se préparer à affronter son système, vieux de 31 ans.
Vous qui aviez dénoncé sa participation à la présidentielle du 11 avril, comment analysez-vous la politique tchadienne après ce décès ?
La politique tchadienne après Déby s’annonce déjà mal. Un conseil militaire dirigé par son fils montre qu’on n’est toujours pas sorti du bourbier.
Nous ne voulons pas une transition militaire. Qu’on revienne à la Constitution.
En effet, la Constitution prévoit une transition de 90 jours gérée par le président de l’Assemblée nationale. Ce qui s’est passé est un putsch. Et le peuple tchadien n’a pas besoin d’une bande de putschistes à la tête de la Nation.
Qu’on respecte les textes auquel cas le pays risque d’être plongé dans le chaos. On est déjà riche en tragédie donc évitons ce cycle de violence.
Son fils de 37 ans va assurer la « transition militaire », quel commentaire cela vous inspire ?
C’est une incohérence totale dans la mesure où le régime Déby a voulu empêcher certains Tchadiens de se présenter aux élections présidentielles à 37 ans. Il a tout fait pour torpiller les textes en repoussant l’âge minimum à la présidentielle à 45 ans avant de ramener à 40 ans.
Son fils n’a donc pas 40 ans par conséquent il est exclu.
Ce sont eux-mêmes qui ont édicté les textes donc une fois de plus, il faut respecter les textes et éviter d’être ridicule. C’est une question de logique et de bon sens.
En tout état de cause nous ne pouvons pas accepter ce comité de 15 personnalités composé uniquement que des généraux.
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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