Face à certains clichés et préjugés sur la pratique de leur profession, les acteurs du développement rural de l’élevage ont décidé d’apporter des éclaircissements sur certaines interrogations en lien avec leur dénomination, leur activité et leur structuration. Qui sont-ils, pourquoi les appelle-t-on « Rugga » ? Sont-ils simplement des bergers ? Ce sont autant de préoccupations abordées le samedi 27 mars 2021 à Ouagadougou avec les hommes de média, lors d’une conférence de presse.

Portée sur les fonts baptismaux de la défunte Association Rougga solidarité et élevage (ARSE) en 2004, l’Union nationale des Rugga du Burkina (UNRB) est la faîtière nationale des leaders éleveurs pasteurs au Burkina Faso. Elle a été créée en juillet 2016 à Fada N’Gourma dans la région de l’Est.

Défini comme le berger à l’« état de nature », qui arpente les profondeurs de la broussaille pour guider les troupeaux en quête de pâturage, le Rugga, selon Hamidou Bandé, président de l’UNRB, c’est le leader d’éleveurs pasteurs, porteur des valeurs de l’élevage pastoral, mais surtout c’est un leader engagé, capable de faciliter et animer les dynamiques d’intégration socio-économique et socio-culturelle entre les éleveurs pasteurs et les autres communautés. Il contribue à un pastoralisme apaisé, sécurisé et promeut la visibilité des valeurs positives du pastoralisme.

Les membres de l’association présents à la conférence de presse

Pour le vice-président de l’Union, Fulgence Idani, le concept est né au Nigéria il y a des décennies pour progressivement s’étendre au Niger puis au Burkina Faso. Pour Fulgence Idani, si le Rugga est un chef berger de manière spécifique, il est le manager-gestionnaire de transhumance et son leadership répond principalement au souci de sécuriser la transhumance et lutter contre le vol du bétail. Pour cela, la structuration des Rugga se compose de :

- les Garso : (disciples des Rugga) qui sont leur relai sur le terrain et dont le rôle majeur est de servir d’éclaireur aux éleveurs transhumants à travers l’identification des parcours et des sites d’accueil sécurisés avant la transhumance.

- le Dogari : qui assure le rôle de protocole du Rugga

- l es Laamè : qui sont les femmes leaders, en charge de l’organisation des femmes pour une meilleure contribution pendant la période de transhumance.

La relation entre Rugga et les autres communautés

Si l’Union nationale des Rugga du Burkina a été mise en sur pied pour organiser le secteur des éleveurs pasteurs, elle œuvre en plus au renforcement des capacités de ceux-ci, anime les grands marchés, informe les éleveurs sur les démarches administratives à suivre sur la transhumance, mais travaille en étroite collaboration avec les forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le banditisme. Une collaboration entre structures saluée à sa juste valeur par Moumouni Kouraogo, responsable VDP ( volontaire pour la défense de la patrie) à Fada N’Gourma. Pour lui, la mutualisation des forces a permis de développer un réseau dense de communication, de contribuer à la résolution des conflits où les éleveurs sont parties prenantes, de lutter contre les vols de troupeaux, mais également contre la radicalisation et l’extrémisme violent dans certaines régions.

Le vice-président de l’UNRB, Fulgence Idani, pendant son intervention

Sur ce fait, le président Hamidou Bandé précise que les Rugga ne sont pas à assimiler aux groupes d’auto-défense, car l’activité ne nécessite pas le port d’un bâton, ni une arme blanche, à fortiori une arme à feu. Le Rugga, dira-t-il, peut aider grâce à sa connaissance du terrain, accompagner toutes les dynamiques de lutte contre l’insécurité. Aussi pour valoriser cette expertise, le vice-président, Fulgence Idani de l’UNRB, déclare que leur faîtière, dans le cadre de la mise en œuvre des bonnes pratiques, a été retenue pour un partenariat avec le G5 Sahel pour présenter son expérience dans le domaine à travers les pays de couverture de l’institution.

Les Rugga du Burkina déterminés à lever tous les stéréotypes les concernant

Outre l’exportation de leur savoir-faire dans la sous-région, les responsables de l’Union envisagent la mise en place de l’association des Rugga de la CEDEAO qui va couvrir les différents pays membres après l’installation de celle du Togo en février 2020 et présentement de la faîtière du Bénin, en attendant la mise sur pied des associations des pays de l’Afrique centrale avec le Cameroun, le Tchad et la Centrafrique.

J.E.Z

Lefaso.net

Source: LeFaso.net