Sibila Samiratou Ouédraogo, candidate aux élections législatives 2020 au compte du mouvement SENS, dénonce dans cette tribune l’attitude de ses camarades étudiants dans le cadre du programme « un étudiant, un ordinateur ». Mis en place par l’Etat pour aider les étudiants à acquérir des ordinateurs portables à des coûts abordables, l’étudiante dit avoir constaté que certains de ses camarades qui ne sont pas dans le besoin s’en procurent et les revendent ensuite dans l’optique de se faire de l’argent. Pourrait-on espérer construire un « Burkina Faso SENS » en cultivant un tel degré d’égoïsme et d’insouciance vis-à-vis des moins nantis ? s’interroge-t-elle.
Bonjour, je vous espère en bonne santé. Moi je vais bien par la grâce de Dieu.
Aujourd’hui, j’aimerais que l’on discute de l’opération « un étudiant un ordinateur ». C’est une politique qui vise à permettre aux étudiants de se doter d’un ordinateur portable à travers une subvention accordée par l’État.
En effet, l’étudiant désireux de souscrire à ce programme, devra après inscription, verser la moitié de la somme de l’ordinateur qu’il aimerait acquérir, et l’autre moitié est prise en charge par l’État. Félicitations au gouvernement pour cette initiative.
Quand c’est bon, il faut le reconnaître.
Malheureusement, dans le cadre de ce programme justement, j’étais une fois en discussion avec des camarades étudiants qui me demandaient si j’avais souscrit à cette offre. J’ai répondu « non », en précisant que j’ai un ordinateur, hors d’utilisation actuellement car abîmé, mais qui pouvait être arrangé et qu’alors, je vais l’arranger. Ils ont éclaté de rire pour me faire comprendre après que je n’avais vraiment pas « un esprit d’Homme d’affaires ».
Quand j’ai cherché à comprendre, ils m’ont dit qu’ils ont eux aussi des ordinateurs, en bon état en plus, mais qu’ils comptaient s’inscrire, en bénéficier, pour ensuite les revendre dans l’optique de se faire de l’argent. Quand j’essaie de les raisonner, ils me disent d’économiser mon énergie car cela ne servirait vraiment à rien. Que la majorité de leurs camarades en faisaient autant d’ailleurs.
Nous reprochons à nos devanciers d’avoir perverti notre système politique et nos mœurs, mais que faisons-nous, quels comportements adoptons-nous pour leur montrer que nous ne sommes pas fiers de cet héritage ? Nous voulons le changement, la droiture, l’intégrité, le burkindlim, MAIS, SOMMES-NOUS PRÊTS A PAYER LE PRIX POUR ÉPOUSER NOUS-MÊMES CES VALEURS ? Nous étudiants, censés être des patriarches pour nos jeunes frères qui nous regardent, leur donnons-nous le bon exemple avec de tels agissements ?
Et enfin, la question que je juge la plus essentielle et pour laquelle je me suis engagée à dénoncer ce fait, pourrait-on espérer construire un Burkina Faso SENS en cultivant un tel degré d’égoïsme et d’insouciance vis-à-vis des moins nantis ? Car pendant que cette mesure se présente, surtout à nos frères de l’université publique, comme une occasion pour alléger les soucis logistiques auxquels ils sont confrontés dans leurs études, nous voyons cela plutôt comme une opportunité de business pour se faire de l’argent.
Cher businessman, attention, pour ne pas être une honte pour notre génération ! Commences à réfléchir en termes de « qu’est-ce le Burkina Faso y gagne » au lieu de « quel intérêt personnel je peux en tirer ». Nous appartenons à une génération qui n’écoutera point les corrompus !
À tous ceux qui liront ce post et qui en conclurons « cette fille est immature et inexpérimentée. Elle ne sait pas que les choses fonctionnent ainsi au Burkina Faso », je réponds : « je suis fière de ne pas avoir d’expériences en ce qui concerne la politique de la magouille et je prie, espère et prends l’engagement ferme de ne jamais aspirer à ce type d’expériences ».
Passez un bon week-end !
Sibila Samiratou Ouédraogo
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Source: LeFaso.net
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