C’est l’archevêque de Ouagadougou, Philippe Ouédraogo, qui a présidé la célébration eucharistique de la nativité du 24 décembre 2020. En présence des fidèles chrétiens venus prendre part à cette célébration, il a invité le peuple de Dieu à veiller au respect des mesures barrières en riposte contre le covid19. Puis, il a dénoncé toutes les formes et pratiques abortives qui portent atteinte à la vie humaine. Enfin, il a exhorté le gouvernement burkinabé à travailler de sorte à protéger la famille et à se démarquer de la dictature de la pensée unique.
A Noël, la lumière luit dans les ténèbres, a laissé entendre le prédicateur Philippe Ouédraogo, au début de son prêche. S’appuyant sur les propos du Saint père François lors de sa présentation des vœux de Noël à la curie romaine, il a dit : »Ce Noël est le Noël de la pandémie, de la crise sanitaire, sociale, économique et même ecclésiale qui a frappé aveuglément le monde entier.
Ce fléau est une mise en épreuve qui n’est pas indifférente et en même temps, une grande occasion de nous convertir et de nous trouver une authenticité. L’environnement sécuritaire et sanitaire ainsi que la crise socio- économique constituent une ombre que notre humanité doit méditer et tirer des leçons. Dans cette lancée, il a demandé à tous et à chacun de veiller au respect des mesures barrières ( port de cache-nez, mesure de distanciation sociale….)
« Halte à la domination des peuples », martèle Philippe Ouédraogo.
Le cardinal, toujours au cours de son homélie, a dénoncé les nouvelles formes de colonisation. A cet effet, il a indiqué que dans la dernière encyclique » fratelli Tutti »( tous frères), le souverain pontife a attiré l’attention du peuple de Dieu sur les nouvelles formes de colonisation culturelle. Pour lui, les peuples qui aliènent leurs traditions en raison des pressions ou par négligence tolèrent qu’on leur arrache leurs âmes, leurs identités spirituelles, leur assistance morale, leur dépendance idéologique. C’est pourquoi il a dit « Ça suffit. Halte donc à la domination, à la dictature de la pensée unique des grands par rapport aux plus petits, des riches par rapport aux pauvres. »
Aussi, a-t-il dénoncé les crises politiques, les injustices et l’absence d’une distribution équitable des ressources naturelles car dit-il, « ces crises laissent mourir des milliers d’êtres humains de faim. »
Puis, d’ajouter : » la culture de la mort, selon l’expression de Saint Jean Paul II, frappe la vie humaine ». Selon le cardinal, la vie qui nécessite accueil, amour est considérée comme un « poids insupportable ». Par conséquent, elle est refusée de diverses façons. « L’enfant à naître est désormais considéré comme un ennemi qu’il faut éliminer », regrette le premier responsable de la cathédrale. « L’avortement, l’infanticide, l’euthanasie, constituent des menaces et dérives graves contre la vie humaine » a-t-il déploré
Face à cette spirale de la mort, l’archevêque métropolitain de Ouagadougou a préconisé que l’église mène une pastorale d’accompagnement auprès des familles ainsi que l’éducation de la jeunesse en vue de promouvoir des comportements sexuels responsables. A l’entendre, une bonne partie de l’humanité a déjà dit « non » à la vie en notant et en votant des lois abortives. Il a expliqué que de vastes zones en Europe subsiste » l’hiver démographique « qui est une baisse drastique de la natalité provoquant le vieillissement progressif de la population et l’abandon des personnes âgées.
Le cardinal a rappelé que le Burkina Faso, à l’instar de nombreux pays africains, a adopté le principe de la gratuité de la planification familiale à tout le pays avec ses avantages et inconvénients. Cette loi est entrée en vigueur depuis le 1er juillet 2020. C’est pourquoi, il a demandé aux autorités compétentes de se défendre contre la » dictature de la pensée unique pour le bien de notre humanité.
Enfin Noël est un « oui » à la vie humaine, à la famille. En fait, pour le président de la célébration, cette fête rappelle la sainte famille dans l’histoire de l’humanité. Le Fils de Dieu a pris chair (Verbum Caro est) dans le sein de la Vierge Marie et s’est fait homme. Le maître de la vie a confié cette vie humaine à Joseph. De ce fait, il a insisté sur l’importance de la famille. A l’en croire, le mariage, fondé entre l’union d’un homme et une femme constitue un patrimoine de l’humanité, une institution sociale fondamentale. La famille est la cellule vitale, le pilier de la société. L’avenir du monde passe par la famille ».
Par ailleurs, il a invité les différents acteurs : autorités étatiques et législatives aussi bien que les différentes religions, à mettre tout en oeuvre pour sauver la famille et protéger la vie humaine qui est sacrée, dont l’homme ne peut pas en faire ce qu’il veut
Noël 2020, un Noël pas comme les autres. La question de se retrouver passe au second plan. Entre impératif sécuritaire et volonté de se retrouver. lefaso.net a recueilli quelques avis sur l’état d’esprit de la fête sous covid-19.
Pour Théophile Compaoré, militaire à la retraite, « la maladie existe, certes, mais elle ne doit pas nous empêcher de venir accueillir la naissance du Sauveur ( prince de la paix) et de saluer les voisins. Rendre visite à quelqu’un en Afrique est un acte fort, une valeur de solidarité. Nous sommes nés trouver cela. Je n’ai pas peur de venir prier à l’église. C’est Dieu qui protège son peuple.Tout compte fait, je demande à la population de respecter les mesures barrières »
Dans l’anonymat, une fidèle a pointé du doigt les politiques burkinabé. En effet, explique elle, la recrudescence de la maladie se pose à deux niveaux : soit pendant les campagnes électorales, ils ont caché les vrais chiffres pour chercher allègrement les électeurs, qu’ils remplissaient d’ailleurs comme des bétails dans les cars pour remplir les stades et autres.
Soit, ils ont fini de dépenser leur argent dans la campagne et veulent le rattraper sur le dos de la maladie. Ils sont les premiers et véritables acteurs de la propagation du virus. Maintenant, ils veulent réduire les libertés, Dieu nous voit tous. Je ne suis pas pessimiste de l’existence de la pandémie, mais je dis que nos politiques ne disent pas la vérité. Dans tous les cas, que chacun se protège et que Dieu veille sur le Burkina. »
Rappelons que Noël vient du latin Natalis « de naissance. » Il est l’élision de la locution natalis dies « jour de naissance ». Cette formule a d’abord été employée en latin ecclésiastique pour désigner la » nativité du Christ », indique le Trésor de la langue française. C’est pourquoi, parle-t-on au XII siècle de « al Naël Deu » pour caractériser la fête de la nativité de Jésus Christ.
Dofinitta Augustin Khan(Stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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