Le grand marché de Ouagadougou, Rood Wooko, et Nabi-Yaar ont perdu leur ambiance festive des fêtes de fin d’année. Si dans les années précédentes, ces deux marchés de la capitale burkinabè refusaient du monde pendant ces fêtes, cette année, l’ambiance n’est pas au beau fixe. L’ambiance dans ces deux marchés, ce jeudi 24 décembre 2020, est plutôt semblable à celle des jours ordinaires. Constat !

Il est 11 h passé à Rood Wooko, ce jeudi 24 décembre 2020, quelques visiteurs viennent pour faire leurs achats de fêtes de fin d’année, surtout pour les enfants. Mais nous sommes loin de l’ambiance habituelle des fêtes dans ce marché de la capitale burkinabè, réputé pour refuser du monde. Mohamed Nikiema, commerçant d’articles divers pour enfants, d’une quinzaine d’années, nous hèle. Arrivée à son niveau, il nous propose des chapeaux de père Noël, des gourmets et autres jeux d’enfants. Le commerçant semble bien s’amuser dans ce qu’il fait. Quelques minutes d’échanges avec lui, il nous fait savoir que même si le marché n’est semblable aux années précédentes, néanmoins, il rend grâce à Dieu pour les articles qu’il a déjà vendus.

Mohamed Nikiema, commerçant d’articles divers d’enfants, d’une quinzaine d’années

Même reconnaissance chez Arzoum Sebogo et Ibrahim Ouédraogo, tous deux, vendeurs de guirlandes et de jouets d’enfants qui s’arrachent quelques clients. Ils disent également bénir Dieu pour leurs marchés même s’ils auront voulu qu’ils soient meilleurs, mais l’essentiel, c’est le souffle de vie qu’ils ont. « Même si ce n’est pas la même chose comme les autres années, il faut rendre grâce, parce que les années ne peuvent être les mêmes, l’essentiel, c’est qu’on soit en vie », renchérissent deux clientes trouvées sur place, Juridice Sanou et Philomène Ouédraogo, venues pour acheter les cadeaux de leurs enfants.

Arzoum Sebogo, vendeur de Guirlandes au grand marché de Ouagadougou

Si les commerçants d’articles pour enfants se frottent les mains, ce n’est pas le même constat chez les autres vendeurs. Pour Aboubacar Nana, vendeur de chaussures féminines, il n’a jamais vu un tel marché de fête. « Oui, il y a des années où il n’y a pas de marché, mais cette année est pire. C’est vous qui disiez qu’il y a une maladie, c’est pourquoi nous n’avons pas de clients », lâche-t-il avec un air de frustration.

Aboubacar Nana, vendeur de chaussures féminines

Autre lieu, même constat. A Nabi-Yaar, c’est la même réalité. Les commerçants se plaignent de cette maladie (Covid-19) « inventée » qui a fait d’eux les malheureux de ces fêtes de fin d’années 2020. Yougbaré Salifou, vendeur de dentelle au marché de Nabi-Yaar ne se cache pas pour montrer sa frustration. Pour lui, les fêtes de cette année ont trahi les commerçants, parce qu’ils se sont endettés pour faire venir des marchandises qui sont là et qui ne s’achètent pas.

Une vue du marché de Rood Wooko

« Ils disent qu’il y a une maladie et tout est bloqué. Nous voici, toi, tu vois non, on n’invente rien, ça ne marche pas. Les gens viennent pour acheter un ou deux. Est-ce qu’avec un ou deux articles, on peut finir toute la marchandise que nous avons ici, à vous de voir », soupire-t-il. Même son de cloche chez Ousmane Nikiema, également vendeur de prêt-à-porter à Nabi-Yaar. Selon lui, l’ambiance festive de cette année, c’est du jamais vu. « Nous ne savons pas si c’est à cause du Covid-19 ou c’est quoi, les clients rentrent peu dans le marché et en plus de cela ceux qui rentrent, n’arrivent même pas à payer ».

Ousmane Nikiema, vendeur de prêt-à-porter à Nabi-Yaar

Coronavirus peut aller se faire voir ailleurs

A Rood Wooko comme à Nabi-Yaar, coronavirus peut aller se faire voir ailleurs. Car le simple fait de les interroger sur la question des mesures barrières, réveille leur courroux. Ce qui intéresse ces commerçants, c’est de pouvoir évacuer leurs marchandises.

Ils disent ne pas croire à cette maladie « inventée », parce que si ça existe comme les gens le prétendent, ils auront vu un malade de coronavirus mais jusqu’à présent, ils n’ont jamais vu… Abdoulaye Sawadogo, lui, est catégorique sur la question. « Je ne peux empêcher quelqu’un d’entrer dans ma boutique, parce qu’il n’a pas de cache-nez ou je ne sais quoi. Les clients, je n’en ai pas, donc je ne pourrai chasser les quelques-uns à cause d’une maladie qu’on appelle ‘’coronavirus ‘’. Je vais manger quoi avec ma famille », interroge-t-il.

Yvette Zongo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net