Le « babenda », un met burkinabè à base de feuilles, a fait l’objet de la thèse de Bakary Tarnagda, doctorant en Sciences alimentaires et nutritionnelles. Ce lundi 21 décembre 2020, il a défendu les fruits de ses recherches sur le babenda.

En 1970, une famine est survenue au Burkina Faso. Face à cette période de soudure, le « babenda », un met à base des légumes-feuilles, du riz et du mil a été inventé. Plusieurs années plus tard, cette nourriture a réussi à faire des plats que l’on retrouve même au cours des grandes cérémonies. Le babenda fait également partie des produits issus du maraîchage pratiqué dans les zones urbaines et périurbaines. Pourtant, cette culture fait appel à une forte utilisation des pesticides et engrais chimiques.

Bakary Tarnagda, un doctorant en Sciences alimentaires et nutritionnelles, s’est penché sur les risques que cet aliment peut occasionner. « Analyses des risques toxicologiques liés à la consommation des légumes feuilles par les pesticides et métaux lourds : cas du babenda produit et consommé au Burkina Faso », tels est l’intitulé de son thème.

Un aperçu d’un plat de babenda

A l’en croire, l’objectif de cette étude est d’analyser les résidus de pesticides et des métaux lourds dans les produits maraîchers, dans le babenda et leurs impacts potentiels sur la santé des consommateurs. Pour ce faire, il a réalisé une enquête sur les pratiques agricoles d’utilisation des pesticides et des engrais chimiques auprès de 200 maraîchers sur deux sites de la ville de Ouagadougou. Une deuxième enquête a été réalisée sur la technologie de préparation du babenda auprès de 35 productrices de babenda dans cinq villes du Burkina Faso.

Il ressort des résultats encourageants. « Le babenda a une bonne valeur nutritionnelle et sa consommation peut aider à lutter contre les problèmes liés à la sécurité alimentaire et la malnutrition », conclut l’impétrant. Il ajoute par ailleurs que le babenda mérite d’être consommé et valorisé, car il est riche en vitamine C, lipides, protéines, etc. Bakary Tarnagda souhaite que le babenda soit inscrit sur la liste des patrimoines de l’UNESCO.

Bakary Tarnagda est désormais Docteur en Sciences alimentaires et nutritionnelles

Mention très honorable

Toutefois, une attention particulière doit être portée sur ce produit du terroir burkinabè. « Cependant, le suivi continu et une réglementation stricte de ces polluants dans les légumes sont nécessaires », recommande l’impétrant.

Tout en saluant la pertinence du thème, le directeur de thèse, Pr Aly Savadogo, rappelle qu’il était question de voir tous les aspects liés à la préparation de cet aliment que beaucoup de Burkinabè consomment. « On sait qu’on collecte les feuilles de babenda partout. On aimerait que les gens aient un regard sur la collecte de ces feuilles. D’une manière générale, les aliments sont pour plus de 90% la cause de nos maladies », prévient-il.

Une vue de ses collègues et parents à la soutenance

Les recherches de Bakary Tarnagda lui ont permis de publier six articles scientifiques, deux communications orales et trois communications affichées tirées de sa thèse. Une démarche que le jury a saluée durant les débats. Bakary Tarnagda a été jugé apte pour le titre de docteur en Sciences alimentaires et nutritionnelles avec la mention très honorable.

Cryspin Masneang Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net