Les patrons de presse privée écrite veulent rendre « insoluble » le journalisme à l’ère du numérique. Réunis au sein de la Société des éditeurs de presse privée (SEP), ils organisent à cet effet, les 21 et 22 décembre 2020 à Bobo-Dioulasso, un atelier de réflexion sur les entreprises de presse écrite et les opportunités de la digitalisation. Cet atelier sera suivi par une Assemblée générale (AG) annuelle 2020 de ladite structure, afin d’échanger autour des difficultés rencontrées.

La presse privée écrite est en crise au Burkina Faso et ce n’est pas nouveau. Le modèle économique des entreprises de presse est à bout de souffle et l’ère numérique contribue énormément à accélérer ce déclin. Pour s’en convaincre, il suffit de constater qu’en quelques années, plusieurs dizaines de titres ont disparu au Burkina Faso. Pour le président de la SEP, Boureima Ouédraogo, par ailleurs directeur de publication du bimensuel Le Reporter, « cette situation est inconfortable », faisant ainsi un double constat sur le terrain.

Les éditeurs de presse privée écrite réfléchissent sur les opportunités de la digitalisation

« Aujourd’hui les journaux sont scannés et distribués dans les groupes WhatsApp et Facebook gratuitement, alors que ce sont des productions payantes. Cela joue en défaveur des entreprises de presse écrite. Aussi, la crise sanitaire, le Covid-19, a impacté les entreprises, donc les journaux n’ont pas assez d’insertions ou de publicités. Ce qui réduit également les ressources financières de nos entreprises », a-t-il déploré.

Au cours de cette rencontre, il s’agira pour ces directeurs de publication, de mener des réflexions pour voir comment ils peuvent surmonter ces difficultés, tout en saisissant les opportunités qu’offrent les technologies de l’information, notamment la digitalisation. « Nous allons réfléchir pour voir comment nous pouvons explorer ces pistes afin d’essayer de rattraper les déficits créés par ces situations difficiles évoquées », a dit le président de la SEP. Cette première journée sera marquée par deux communications à savoir « Comment se faire de l’argent à travers le digital » et « Les défis et les opportunités de la digitalisation ».

Le président de la SEP, Boureima Ouédraogo

Le secteur connaît des difficultés économiques

En effet, la digitalisation massive des contenus informatifs a eu l’effet d’un tremblement de terre dans un monde où les médias avaient basé leurs stratégies sur la diffusion de supports papier. Le vivier financier des petites annonces, autrefois d’une importance financière capitale pour les titres de presse, s’est tari, entraînant dans sa chute les volumes des recettes publicitaires. Ainsi, s’adapter ou disparaître, l’ère numérique contraint les médias traditionnels à se repenser et à se réinventer pour survivre. Mais cette survie ne sera possible qu’au prix d’une réforme sans précédent.

Le vice-président du Conseil supérieur de la communication, Azize Bamogo

C’est pourquoi, la SEP a pris le taureau par les cornes et a invité les directeurs de publication à réfléchir pour trouver les solutions à cette question.

Pour le vice-président du Conseil supérieur de la communication, Azize Bamogo, le sujet de l’atelier est très pertinent. « Cette rencontre donne l’opportunité aux patrons de presse privée écrite de mener des réflexions pour voir comment les entreprises de presse peuvent tirer un meilleur profit de la digitalisation », a-t-il signifié.

La photo de famille

Selon lui, le développement du digital est intéressant mais entraine des effets négatifs sur la viabilité des entreprises de presse au Burkina Faso. Toutefois, il a reconnu que malgré ces menaces, la digitalisation présente des opportunités. « Si ces entreprises s’appuient sur ces opportunités, elles peuvent tirer un meilleur profit pour résister dans le temps et faire de meilleurs bénéfices », a-t-il laissé entendre. Avant d’afficher l’ambition du CSC à accompagner ces entreprises de presse afin qu’elles ne disparaissent pas. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Romuald Dofini

Lefaso.net

Source: LeFaso.net