Le Président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou, a procédé, le mercredi 21 octobre 2020, à l’inauguration de la route Illéla-Bagaroua, dans la région de Tahoua. D’une longueur totale d’environ 150 km, cette infrastructure routière, exécutée sous le format PPP, est l’œuvre de l’Africaine des travaux publics (ATP) du Burkinabè Mahamadi Savadogo dit Khadafi. Elle comprend, outre la voie principale, deux bretelles, des voiries urbaines et plusieurs travaux connexes, avec un coût global de 73 milliards de F CFA.

Du Burkina Faso, c’est en territoire nigérien, plus précisément dans la région de Tahoua, que l’Africaine des travaux publics (ATP), de l’homme d’affaires burkinabè, Mahamadou Savadogo dit Khadafi, décrochera un marché routier sous-forme de Partenariat public-privé (PPP). A six mois du délai contractuel, c’est un ouvrage prêt à l’emploi que l’entreprise a livré au gouvernement nigérien.

Coupure du ruban par le président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou

Un axe principal long de 107 km reliant la commune de Illéla à celle de Baragaroua, toutes de la région de Tahoua ; l’aménagement de la bretelle PK10-Dandaji de 17 km de longueur et de celle de Dandaji à Dangona long de 10 km, la construction de voiries urbaines (rues pavées et espaces aménagés) de 15 km de longueur et 23 km de pistes rurales, des travaux d’éclairage public, etc. C’est entre autre les travaux exécutés par l’Africaine des travaux publics dans le cadre de ce marché ; et ce, en moins de 48 moins comme prévus par le contrat.

En plus de ces infrastructures (environ 150 km de route), l’entreprise a aussi réalisé la plantation de plus de 10 600 arbres, une dizaine de forages, 4 400 ml de mur de clôture pour écoles riveraines, des bâtiments administratifs, deux postes de sécurité, etc. La valeur financière de ce projet, qui est de 73 483 641 562 FCFA en hors taxe, hors douane, a été financée à environ 70% par Coris Bank international et le reste par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et la Bank of Africa (BOA Niger).

Mahamadi Savadogo est venu accompagné de plusieurs hommes d’affaires burkinabè, parmi lesquels, le PDG de Coris Bank international, Idrissa Nassa 2

Un ouvrage qui répond aux normes de l’UEMOA, selon la mission de contrôle

L’ingénieur routier de la mission de contrôle, Issa Moussa, a tenu à insister sur le respect des normes dans la réalisation de l’infrastructure. Selon lui, la chaussée a été exécutée sur les dimensions et les caractéristiques de la norme communautaire de l’UEMOA. La chaussée fait 7 mètres de largeur avec des accotements de 1,5 mètre chacun, ce qui fait une largeur totale de 10 mètres.

Issa Moussa s’est voulu on ne peut plus précis sur la qualité de l’infrastructure. « Le contrôle a été très bien suivi » déclare-t-il. En dehors des principaux acteurs, l’unité de gestion du projet, qui est une composante de l’administration, a également suivi les travaux de bout en bout. Issa Moussa explique qu’il y va également de l’intérêt de l’entreprise parce qu’il ne s’agit pas d’un marché classique, mais d’un PPP.

Ce qui donne à l’entreprise la charge de l’entretien de l’infrastructure, quatre années après sa réception. Toute chose qui constitue, pour lui, une garantie de la qualité des travaux. « La qualité est donc non seulement de la responsabilité de la mission de contrôle de l’administration, mais encore plus de celle de l’entreprise. Parce que l’entretien va encore coûter plus cher à l’entreprise si les travaux ne sont pas très bien exécutés » affirme-t-il.

Issouf Amadou, un riverain de la Bretelle PK10-Dandaji

Usagers et riverains ont également exprimés leurs satisfaction de voir se matérialiser cette voie. « Les agents qui ont travaillé sur cette bretelle de PK10 à Dandaji, moi je leur dit infiniment merci pour le travail abattu. Et je prie le bon Dieu qu’il les bénisse abondamment » déclare Issouf Amadou, un riverain de la Bretelle PK10-Dandaji. Il avoue avoir constaté la récupération de plusieurs hectares de terres dégradées, la plantation d’un nombre important d’arbres le long de la voie, la réalisation de forages et bien d’autres infrastructures connexes.

Pour ce dernier, il n’est pas donné de constater cela avec toutes les entreprises de travaux publics, et c’est tout à l’avantage des populations bénéficiaires. Assane lui est un habitué de l’axe principal. Il revenait du marché et en partance pour le domicile familial, la veille de l’inauguration de l’infrastructure. Pour une infrastructure routière dont l’ensemble des voies va au-delà de 150 km, il est tout admiratif pour l’entreprise et les autorités nigériennes au sujet de la célérité des travaux. Il s’est dit aussi confiant pour la qualité du travail qui est abattu, en espérant le constater au fur et à mesure que les années passeront.

Le projet a eu plusieurs externalités positives

Financé par la Coris BanK international à plus de 70% et le reste par l’Etat nigérien à travers la BOAD, les travaux de construction de la route Illela-Bagaroua, ont permis de créer plus de 1 200 emplois directs durant les trois années, selon le ministre nigérien de l’équipement, Kadi Abdoulaye. « Outre cet aspect, il y a eu également un transfert de compétences à travers le recrutement de plusieurs petites et moyennes entreprises locales et nationales qui ont pu intervenir sur le projet et bénéficier de l’expertise des techniciens de l’entreprise et de la mission de contrôle » ajoute-t-il dans son propos.

Mahamadi Savadogo dit Khadaffi

Selon Issa Moussa, l’ingénieur routier de la mission de contrôle, les travaux connexes ont boosté le volet social du projet à travers les murs et autres matériels de clôture pour infrastructures scolaires et sanitaires mitoyennes à la chaussée, les clôtures de cimetières, etc. Le volet environnemental a également été très touché par la plantation d’arbres de plus de 10 000 pieds et la récupération de plusieurs hectares de terre au profit des populations. L’exploit majeur pour Issa Moussa a été la livraison du bitume, qui faut-il le rappeler est un PPP, en bonne et due forme avant le délai contractuel. « C’était un défi parce que les PPP dans nos pays, c’est encore de l’expérience ; et l’entreprise et les autorités nigériennes ont réussi à relever le défi » annonce-t-il l’air satisfait.

Les officiels ont salué l’expertise de cette entreprise à vocation panafricaine

Le ministre nigérien de l’équipement a déclaré être satisfait de la qualité de l’ouvrage. Et pour paraphraser le représentant de la BOAD à l’inauguration, qui a insisté sur l’entretien de l’infrastructure, le ministre nigérien de l’équipement confie que l’accent est à mettre sur l’entretien de cette voie combien capitale pour l’économie de la région et partant du pays. « On ne peut pas investir des centaines de milliards sur une infrastructure et croiser les bras sur l’utilisation qu’on fait de cette infrastructure » martèle-t-il.

Le ministre nigérien de l’équipement, Kadi Abdoulaye

Pour lui, c’est pour impulser le développement économique et social du pays que cette route a été réalisée. Et elle symbolise, pour lui, la clairvoyance du gouvernement nigérien, car dit-il « c’est une infrastructure qui s’inscrit dans le cadre du Programme de développement économique et social de mon pays ». La collaboration avec l’Africaine des travaux publics, s’inscrit désormais dans la pérennité au regard de ce qui a été accompli, se veut-il rassurant.

Le Directeur général de Coris Bank, Djakarya Ouattara, affirme que sa banque a été très heureuse de participer à la réalisation de ce grand chantier au côté de la BOAD et de BOA Niger. « Ce qui nous a motivés dans le financement du projet, c’est l’expertise de la société » a-t-il déclaré étant entendu que ces deux collaborateurs sont des entreprises à vocation panafricaine.

Pour le patron de l’ATP, Mahamadou Savadogo dit Kadhafi par ailleurs président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, les perspectives pour ATP sont nombreuses tant au Niger qu’à l’extérieur. En dehors du Niger, où ATP est presqu’à sa troisième expérience en matière de travaux publics, l’entreprise est aussi présente au Mali et au Burkina Faso, où elle a sa base. Sur ce présent projet, le président du groupe n’entend pas considérer les difficultés, même s’il n’ignore pas qu’elles ont aussi leur nécessité dans toute entreprise humaine.

La finale d’une compétition de lutte s’est invitée à la cérémonie d’inauguration. Le ministre Eric Bougouma a remis le deuxième

« Tout projet est jalonné de difficultés mais l’essentiel est l’aboutissement de ce dernier. Et pour nous le plus important était de remettre les clés de cette infrastructure dans les bonne conditions, chose que nous venons de faire et c’est une grande satisfaction pour nous » s’en réjouit-il. Selon lui, dans un projet en PPP, le plus dure reste la recherche du financement. Mais grâce à Coris Bank international, cette difficulté a pu être surmontée, a-t-il avoué.

Le ministre des infrastructures du Burkina, Eric Bougouma, n’a pas manqué de témoigner sa satisfaction à l’occasion de la cérémonie d’inauguration à laquelle il a pris part au côté du président Mahamadou Issoufou et de son homologue le ministre de l’équipement du Niger. « Nous sommes fiers du choix, qui a porté sur une entreprise burkinabè. Nous sommes également fiers de ce que les financements ont été rendus possibles par un groupe bancaire burkinabè. Il était donc de notre devoir de venir ici à Illéla, sans compter la distance, pour manifester notre solidarité toute africaine entre nos deux pays et entre nos deux peuples. Le gouvernement Burkinabè et celui du Niger partage la même vision du développement, particulièrement pour ce qui concerne le désenclavement interne et externe de nos deux pays ». C’est ce qu’a confié Eric Bougouma pour qui, il est important de lancer les projets mais plus encore de les inaugurer.

Envoyé spécial de Lefaso.net à Tahoua/ Niger

Etienne Lankoandé

Source: LeFaso.net